L'ancien représentant russe ne croit plus à une issue diplomatique au conflit. "La Russie semble vouloir dicter ses conditions à l'Ukraine (...) L'unique intérêt de (Vladimir) Poutine est de rester au pouvoir le plus longtemps possible", témoigne-t-il mardi dans le 19h30.
Vers une escalade militaire?
Pour Boris Bondarev, qui est également spécialiste en désarmement, la Russie a déjà perdu cette guerre d'un point de vue stratégique. Par ailleurs, d'un point de vue militaire, il estime que l'armée ukrainienne a tout à fait les moyens de battre la Russie.
D'un point de vue stratégique, la Russie a déjà perdu cette guerre
Selon lui, le risque d'une déflagration nucléaire mondiale existe, même s'il n'est pas très grand. "J'ai l'espoir que nous pourrons éviter toute escalade militaire, à condition que l'Occident stipule - sans équivoque - que toute utilisation d'arme nucléaire aura des conséquences rapides et proportionnées", analyse-t-il.
Lettre ouverte en mai dernier
Boris Bondarev a démissionné de son poste le 23 mai dernier. Dans une lettre ouverte, le fonctionnaire diplomatique, en poste à Genève depuis 2019, a réglé ses comptes après vingt ans carrière, dénonçant un système russe dysfonctionnel et s'opposant à la guerre en Ukraine.
"Ceux qui ont conçu cette guerre ne veulent qu'une chose: rester au pouvoir pour toujours", dit-il notamment dans sa lettre. "Je ne peux tout simplement plus partager cette ignominie sanglante, sans esprit et absolument inutile", poursuit-il.
"Un devoir moral"
La dénonciation, couchée par écrit, aboutit à sa démission. L'histoire fait alors le tour des médias suisses et internationaux. Et pour cause: Boris Bondarev est jusqu'à présent le plus haut diplomate russe à avoir quitté son poste depuis le début de la guerre.
Si cet acte est perçu par certains comme un geste courageux, Boris Bondarev le voit autrement. "Il en allait de mon devoir moral de m'exprimer", confie-t-il à la RTS.
Comme son comportement est considéré comme un crime en Russie, Boris Bondarev bénéficie désormais d’une protection rapprochée 24h sur 24, quelque part en Suisse.
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>> Voir l'interview intégrale de Boris Bondarev:
Propos recueillis par Philippe Revaz
Adaptation web: Hélène Krähenbühl