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L'ex-diplomate russe Boris Bondarev: "Il en allait de mon devoir moral de m'exprimer"

Entretien avec Boris Bondarev, ancien conseiller à la mission russe de l’ONU et dont la démission a connu un retentissement mondial.
Entretien avec Boris Bondarev, ancien conseiller à la mission russe de l’ONU et dont la démission a connu un retentissement mondial. / 19h30 / 4 min. / le 6 septembre 2022
En mai dernier, Boris Bondarev démissionnait de son poste de conseiller à la mission russe auprès de l'ONU à Genève, devenant le plus haut diplomate à claquer la porte du Kremlin depuis le début de la guerre. Dans une interview accordée au 19h30, il revient sur les raisons qui ont mené à sa défection et livre son analyse sur l'issue de la guerre.

L'ancien représentant russe ne croit plus à une issue diplomatique au conflit. "La Russie semble vouloir dicter ses conditions à l'Ukraine (...) L'unique intérêt de (Vladimir) Poutine est de rester au pouvoir le plus longtemps possible", témoigne-t-il mardi dans le 19h30.

Vers une escalade militaire?

Pour Boris Bondarev, qui est également spécialiste en désarmement, la Russie a déjà perdu cette guerre d'un point de vue stratégique. Par ailleurs, d'un point de vue militaire, il estime que l'armée ukrainienne a tout à fait les moyens de battre la Russie.

D'un point de vue stratégique, la Russie a déjà perdu cette guerre

Boris Bondarev, ancien conseiller à la mission russe auprès de l'ONU à Genève

Selon lui, le risque d'une déflagration nucléaire mondiale existe, même s'il n'est pas très grand. "J'ai l'espoir que nous pourrons éviter toute escalade militaire, à condition que l'Occident stipule - sans équivoque - que toute utilisation d'arme nucléaire aura des conséquences rapides et proportionnées", analyse-t-il.

Lettre ouverte en mai dernier

Boris Bondarev a démissionné de son poste le 23 mai dernier. Dans une lettre ouverte, le fonctionnaire diplomatique, en poste à Genève depuis 2019, a réglé ses comptes après vingt ans carrière, dénonçant un système russe dysfonctionnel et s'opposant à la guerre en Ukraine.

"Ceux qui ont conçu cette guerre ne veulent qu'une chose: rester au pouvoir pour toujours", dit-il notamment dans sa lettre. "Je ne peux tout simplement plus partager cette ignominie sanglante, sans esprit et absolument inutile", poursuit-il.

>> Son portrait dans le 19h30 :

Boris Bondarev, diplomate de la mission russe à Genève, avait démissionné pour protester contre l'invasion de l'Ukraine.
Boris Bondarev, diplomate de la mission russe à Genève, avait démissionné pour protester contre l'invasion de l'Ukraine. / 19h30 / 1 min. / le 6 septembre 2022

"Un devoir moral"

La dénonciation, couchée par écrit, aboutit à sa démission. L'histoire fait alors le tour des médias suisses et internationaux. Et pour cause: Boris Bondarev est jusqu'à présent le plus haut diplomate russe à avoir quitté son poste depuis le début de la guerre.

Si cet acte est perçu par certains comme un geste courageux, Boris Bondarev le voit autrement. "Il en allait de mon devoir moral de m'exprimer", confie-t-il à la RTS.

Comme son comportement est considéré comme un crime en Russie, Boris Bondarev bénéficie désormais d’une protection rapprochée 24h sur 24, quelque part en Suisse.

>> Lire à ce sujet : Un diplomate russe opposé à la guerre en Ukraine démissionne à Genève

>> Voir l'interview intégrale de Boris Bondarev:

Propos recueillis par Philippe Revaz

Adaptation web: Hélène Krähenbühl

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