Au moins 100 morts dans des affrontements à la frontière entre l'Arménie et l'Azerbaïdjan
"Mardi à 00h05, l'Azerbaïdjan a lancé un bombardement intensif, avec de l'artillerie et des armes à feu de gros calibre, contre des positions militaires arméniennes en direction des villes de Goris, Sotk et Jermuk", a déclaré le ministère arménien de la Défense. Il a précisé que l'Azerbaïdjan avait également utilisé des drones.
De son côté, le ministère azerbaïdjanais de la Défense a accusé l'Arménie d'"actes subversifs à grande échelle" près des districts de Dashkesan, Kelbajar et Lachin à la frontière, ajoutant que les positions de son armée "ont essuyé des tirs, notamment de mortiers de tranchée". "Cinquante militaires azerbaïdjanais ont été tués à la suite d'une provocation arménienne d'une grande ampleur" à la frontière entre les deux pays, a-t-il annoncé dans un communiqué.
Pour sa part, le Premier ministre arménien Nikol Pachinian a fait état dans la matinée de 49 militaires arméniens tués, lors d'une intervention devant le Parlement à Erevan, tout en précisant que "ce n'est malheureusement pas le nombre définitif".
Appels au calme
Les deux pays s'accusent mutuellement d'avoir lancé les hostilités. L'Union européenne a réclamé l'arrêt des hostilités et annoncé que le président du Conseil européen Charles Michel, qui dirige une médiation entre Erevan et Bakou, allait discuter avec les deux belligérants.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a appelé les dirigeants d'Azerbaïdjan et d'Arménie pour les exhorter à parvenir à la paix. Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a, lui, appelé les deux pays à "prendre des mesures immédiates pour désamorcer les tensions".
La Russie est "extrêmement préoccupée" et appelle à "la retenue", a déclaré à la presse un conseiller du Kremlin.
Des tensions depuis des décennies
L'Arménie et l'Azerbaïdjan, deux ex-républiques soviétiques rivales du Caucase, se sont affrontés lors de deux guerres, dans les années 1990 et en 2020, pour le contrôle de la région du Haut-Karabakh, enclave azerbaïdjanaise peuplée d'Arméniens.
Ces nouveaux combats illustrent combien la situation reste explosive et menacent de faire dérailler un processus de paix sous médiation européenne dans la région.
La semaine dernière, l'Arménie avait accusé l'Azerbaïdjan d'avoir tué l'un de ses soldats lors d'une fusillade à la frontière. En août, Bakou a déclaré avoir perdu un soldat et l'armée du Karabakh a fait savoir que deux de ses soldats avaient été tués et plus d'une douzaine blessés.
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Guerre en 2020
En 2020, six semaines de combats avaient fait plus de 6500 morts et s'étaient soldées par un cessez-le-feu négocié par la Russie.
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Dans le cadre de cet accord, l'Arménie a cédé des pans de territoire qu'elle contrôlait depuis des décennies et Moscou a déployé quelque 2000 casques bleus russes pour superviser la trêve fragile. Lors de pourparlers sous médiation européenne à Bruxelles en mai et avril, le président azerbaïdjanais Ilham Aliev et le Premier ministre arménien Nikol Pachinian sont convenus de "faire avancer les discussions" sur un futur traité de paix.
Les séparatistes de l'ethnie arménienne du Haut-Karabakh se sont séparés de l'Azerbaïdjan lors de l'effondrement de l'Union soviétique en 1991. Le conflit qui s'en est suivi a fait environ 30'000 morts.
afp/boi