Le Royal Mile, cette avenue centrale d'Edimbourg, n'a jamais si bien porté son nom. Pour voir passer le cercueil d'Elizabeth II et leur nouveau roi Charles III, les Ecossais ont revêtu leurs plus belles tenues. Et ils sont parfois venus de loin, à l'instar de ce couple rencontré par le 19h30 de la RTS.
"J'ai un noeud à la gorge. Cela me remplit d'émotion de voir le roi. Je crois fermement à l'unité du Royaume-Uni et ça me fait plaisir de voir que la première responsabilité de Charles III est de faire la tournée de tout le pays", se réjouit l'épouse. "J'espère que cette visite va aider à rassembler le pays. Car il est très divisé. Et c'est plus à cause de la politique que de la monarchie", note un autre spectateur un peu plus loin.
Velléités indépendantistes
Mais au-delà des fastes royaux, les velléités d'indépendance de l'Ecosse n'ont pas disparu. En 2014, un référendum pour quitter le Royaume-uni avait été rejeté à 55% et aujourd'hui, le pays reste tout aussi divisé.
Le décès d'Elizabeth II est un événement historique, qu'il ne faut pas surpondérer
"Je suis pour l'indépendance. Je pense que l'Ecosse doit être indépendante. Les décisions prises à notre niveau sont souvent invalidées par le Royaume-Uni en notre défaveur, comme le Brexit par exemple", relève Craig Hannigan, co-gérant d'une brasserie artisanale, rencontré dans la banlieue d'Edimbourg. "Je pense que le roi va avoir de la peine à maintenir l'union", ajoute-t-il.
Velléités indépendantistes en Ecosse, tensions en Irlande du Nord, inflation galopante qui plombe le pouvoir d'achat, le nouveau roi de 73 ans, plus âgé que tous les souverains britanniques à leur accession au trône, s'installe dans ses fonctions dans un moment critique.
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Un message politique
En ce début de deuil, "on voit beaucoup l'Ecosse par la force des choses, mais aussi pour faire passer un message", note Aurélien Antoine, spécialiste des institutions britanniques, dans l'émission Tout un monde de la RTS. "L'unité du royaume est en péril et c'est aussi dû à un mépris de la classe politique anglaise, conservatrice en particulier vis-à-vis de l'Ecosse et des autres pays", estime-t-il.
Figure populaire, roc de stabilité dans la tempête tantôt politique, sociale ou sanitaire pendant le Covid-19, la reine était une image rassurante pour des millions de Britanniques durant toutes ces décennies sur le trône. Aujourd'hui, ses héritiers doivent reprendre le flambeau et la mission s'annonce ardue. Les indépendantistes écossais veulent tenir un nouveau référendum l'année prochaine.
Reportage TV: Laurent Burkhalter, à Edimbourg
Adaptation web: jgal