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Le cercueil de la reine Elizabeth II est arrivé à Londres

Le cercueil de la reine Elizabeth II a atterri à Londres [AFP - Andrew Matthews]
Le cercueil de la reine Elizabeth II a atterri à Londres - [AFP - Andrew Matthews]
Alors que le cercueil de la reine Elizabeth II a atterri à Londres mardi soir, le roi Charles III s'est rendu en Irlande du Nord pour y rencontrer la foule et des responsables politiques, une première pour un monarque britannique depuis près de 80 ans.

Cinq jours après son décès en Ecosse, la dépouille de la reine Elizabeth II a atterri à Londres mardi soir, accompagnée à bord d'un avion de la Royal Air Force par sa fille, la princesse Anne.

Chargé à bord d'un corbillard dans le silence, le cercueil a ensuite quitté l'aéroport et a rejoint le palais de Buckingham. Sous les hourras et les applaudissements de ses fidèles sujets, la dépouille de la reine Elizabeth II a franchi le portail de son palais pour y passer une dernière nuit, avant cinq jours d'hommage du public à Westminster.

Le roi Charles III, tout juste revenu d'Irlande du Nord, et des membres de la famille royale ont accueilli le cercueil. Il sera à Westminster Hall, au sein du palais de Westminster, à compter de mercredi jusqu'au matin des obsèques de la reine Elizabeth II le 19 septembre.

Le roi Charles III en visite en Irlande

Plus tôt, le nouveau roi s'est rendu à Belfast pour une visite historique, quelques jours après son accession au trône. Dès son arrivée au château de Hillsborough, résidence royale officielle située à une vingtaine de kilomètres au sud de Belfast, Charles III et la reine consort Camilla sont allés au contact des milliers de personnes massées derrière les barrières, serrant des mains, saluant les enfants et échangeant quelques mots.

>> Les images du roi Charles III qui salue la foule à son arrivée en Irlande du Nord :

Le roi Charles III salue la foule à son arrivée en Irlande du Nord
Le roi Charles III salue la foule à son arrivée en Irlande du Nord / L'actu en vidéo / 54 sec. / le 13 septembre 2022

Le nouveau roi britannique a ensuite participé à une cérémonie à la cathédrale Saint-Anne, au coeur de la capitale. Le souverain a également rencontré des responsables politiques des différentes communautés, dans le cadre d'une tournée dans les quatre nations constitutives du Royaume-Uni (Angleterre, Pays de Galles, Ecosse et Irlande du Nord), pour recevoir leurs condoléances après la mort d'Elizabeth II.

"Je prends mes nouvelles responsabilités déterminé à rechercher le bien-être de tous les habitants d'Irlande du Nord", a déclaré le souverain. Lors d'une réception organisée à Hillsborough avec tous les dirigeants des partis nord-irlandais, Charles III a exprimé un vif intérêt pour la question du protocole d'Irlande du Nord lié au Brexit, a indiqué l'agence de presse britannique PA.

Le protocole nord-irlandais, négocié au moment du Brexit, crée une frontière douanière de facto entre l'île de Grande-Bretagne et la province britannique d'Irlande du Nord, compliquant les approvisionnements et provoquant la colère des unionistes attachés à l'appartenance au Royaume-Uni.

>> Lire aussi : En Ecosse, l'adieu à la reine n'efface pas les velléités d'indépendance

Des attentes

En Irlande du Nord, pays déchiré par la guerre civile durant toute la seconde partie du 20e siècle et dont les tensions communautaires ont été ravivées par le Brexit, l'avènement d'un nouveau roi suscite certaines attentes chez les unionistes à majorité protestante, même si son influence politique est limitée.

"C'est partout aux infos, on voit qu'il a une influence et qu'il rencontre les ministres tous les jours", soulève une passante dans un quartier loyaliste. "Il faudrait que le roi affiche publiquement son ambition pour ce pays et qu'il relance notre Assemblée, parce qu'on n'a pas de gouvernement depuis un moment."

"Je ne crois pas qu'il ait beaucoup d’influence sur l’avenir ici. Mais on aimerait qu'il règle le protocole nord-irlandais", tempère une autre. Le Brexit a particulièrement bouleversé le champ politique nord-irlandais et mené à une progression historique des nationalistes républicains, majoritairement catholiques et pro-réunification avec la République d'Irlande.

Un pays encore profondément divisé

À l'inverse, les Nord-Irlandais républicains n'attendent rien du nouveau roi. Certains n'étaient même pas au courant de la visite de Charles III.

"Une inconnue est morte, ça n’a aucun impact sur ma vie, si ce n’est que la monnaie va changer", ironise une femme devant la cathédrale Saint-Anne, s'agaçant au passage que le Royaume-Uni "dépense des millions sur un enterrement" alors que le pays souffre d'une grave crise socio-économique.

Le discours politique officiel reste toutefois plus policé. "Je reconnais qu'elle fut une dirigeante courageuse et bienveillante", déclarait lundi Michelle O'Neill, vice-présidente du parti républicain irlandais Sinn Fein, qui a également salué la "contribution significative" d'Elizabeth au processus de paix sur l'île. Mais le camp nationaliste voit surtout le changement de monarque comme une opportunité pour se rapprocher d'une réunification avec l'Irlande.

Ainsi, si les fidèles seront bien présents en nombre mardi lors de cette cérémonie, la mort d'Elizabeth II démontre une fois de plus à quel point l'Irlande du Nord reste divisée.

>> Dans une rue fièrement unioniste de Belfast, on vient rendre hommage à la reine :

Des admirateurs de la reine viennent lui rendre hommage à Belfast, capitale d'Irlande du Nord
Des admirateurs de la reine viennent lui rendre hommage à Belfast, capitale d'Irlande du Nord / L'actu en vidéo / 40 sec. / le 13 septembre 2022

Sujet radio: Laura Taouchanov

Adaptation web: jop avec les agences

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Un contexte toujours houleux

Les données du prochain recensement devraient montrer que, pour la première fois de ses 101 ans d'histoire, la population d'une région créée comme un fief protestant devient en majorité catholique. Les élections de mai ont été remportées par le Sinn Fein, autrefois aile politique des paramilitaires de l'IRA qui ont assassiné en 1979 Louis Mountbatten, cousin de la reine et mentor du futur roi Charles III.

Le gouvernement local est paralysé depuis des mois, le parti unioniste DUP étant fermement opposé aux dispositions douanières post-Brexit négociées entre Londres et Bruxelles, qui menacent selon lui la place de l'Irlande du Nord au sein du Royaume-Uni. Le Sinn Fein, de son côté, refuse de reconnaître l'autorité de la monarchie en Irlande du Nord et n'occupe pas ses sièges au Parlement de Westminster.

Sa vice-présidente Michelle O'Neill a boycotté la proclamation officielle de Charles III dimanche à Hillsborough, mais le parti assure qu'il rencontrera le roi avec les autres responsables politiques et assistera au service religieux pour honorer la reine et en signe de respect envers la communauté unioniste.

Elizabeth, une figure de réconciliation en République d'Irlande

"Les unionistes se sentent très inquiets en termes d'identité, inquiets à propos de leur place au sein du Royaume-Uni après le Brexit", explique Deirdre Heenan, professeure de politique sociale à l'université d'Ulster. "La mort de la reine est un nouveau coup porté à leur confiance et à leur identité."

Elizabeth II a visité l'Irlande 22 fois en tant que reine et joué un rôle dans le processus de paix, après l'accord de 1998 mettant fin à trente ans de bain de sang qui ont fait plus de 3500 morts, dont près de 2000 civils.

En 2012, elle avait serré la main de l'ancien ministre du Sinn Fein et ancien commandant de l'IRA Martin McGuinness, un an après être devenue la première reine britannique à visiter l'Irlande indépendante.