La France fait face à une indisponibilité exceptionnelle de son parc de 56 réacteurs: la tenue "effective" de ce calendrier de retour au réseau jouera un rôle essentiel dans la gestion électrique cet hiver, a prévenu mercredi le Réseau de Transport d'Électricité (RTE), gestionnaire du réseau.
A l'origine de cette situation, le retard des maintenances décennales, dû au Covid, et la découverte l'hiver dernier de problèmes de corrosion, contraignant EDF à entreprendre un contrôle quasi général. Le PDG d'EDF Jean-Bernard Lévy a indiqué ce mercredi que "les chantiers liés à la corrosion avançaient à un bon rythme: Tricastin 3, le premier, est terminé".
>> A lire aussi : Quatre réacteurs nucléaires restent à l'arrêt en France pour problèmes de corrosion
Redémarrage progressif
Concernant le redémarrage des 26 réacteurs aujourd'hui à l'arrêt, cinq doivent repartir en septembre, cinq en octobre, suivis de sept supplémentaires en novembre, trois en décembre, trois en janvier puis deux en février, a expliqué Cédric Lewandowski, directeur exécutif d'EDF. Un 26e aujourd'hui en arrêt "fortuit" devrait redémarrer incessamment.
"A ce jour, 27 réacteurs sont connectés au réseau et trois sont en économie de combustible afin de pouvoir produire l'hiver prochain," selon Jean-Bernard Lévy. Ce dernier a toutefois souligné "l'absence de marge de manoeuvre de la filière pour absorber (plus rapidement) cette hausse de charge inattendue", notamment dans les opérations les plus pointues.
"Nos équipes et celles de nos partenaires industriels sont pleinement mobilisées pour remettre sur le réseau le maximum de réacteurs possible pour le prochain hiver", a-t-il dit, ajoutant que le groupe avait désormais "un moyen de contrôle non destructif" pour poursuivre les diagnostics de corrosion.
>> En Suisse : Le prix de l'électricité augmentera en 2023 avec de fortes disparités selon les fournisseurs
Nouveaux réacteurs prévus
Après avoir prévu de réduire la voilure du nucléaire, décision actée dans une loi de 2015, la France a choisi de relancer l'atome, par la voix du président Emmanuel Macron qui a souhaité, en février à Belfort (est), la construction de six nouveaux réacteurs de type EPR.
Sous l'effet de la guerre en Ukraine, les flux de gaz russe se sont taris vers l'Europe, ce qui fait craindre des pénuries dans l'hiver et provoque une envolée des prix sur les marchés. La construction de centrales nucléaires est une solution pour pallier les problèmes économiques lié au coût énergétique. Aussi, la Première ministre Elisabeth Borne a annoncé que le bouclier tarifaire, qui limite la hausse des prix à 15%, serait maintenant pour 2023.
afp/rad
Retour au charbon
L'une des dernières centrales à charbon a réouvert à Saint-Avold, en Moselle. L'Etat français a demandé à l'entreprise productrice d'électricité GazelEnergie de se charger de sa réhabilitation.
Elle avait été fermée au printemps en raison de la loi Energie-climat, qui limitait sa production annuelle à 700 heures de fonctionnement. La centrale était - est - responsable de fortes émissions de CO2.
Environ 200 salariés d'entreprises sous-traitantes ont été embauchés. Les salaires ont été spécialement revus à la hausse pour toutes les personnes qui travailleraient entre l'hiver 2022 et celui de 2023.