Vivres, bouteilles d'eau et surtout une très grande dose de patience sont nécessaires pour se recueillir brièvement devant le cercueil fermé de la souveraine de 96 ans, décédée le 8 septembre et unanimement saluée pour son dévouement total à la Couronne, en lui adressant baisers ou révérence, les yeux souvent rougis par les larmes.
La longue queue, qui s'étendait sur plus de trois kilomètres jeudi matin, de Westminster Hall jusqu'à l'autre côté de la Tamise, est loin de les décourager.
Ardi a sorti le costume de son mariage, "un signe de respect pour un jour aussi important que celui de l'union avec ma femme", confie-t-il à la RTS. Après avoir attendu neuf heures, un Genevois, Antonio, explique avoir prolongé son séjour à Londres pour "vivre cette expérience".
Pour ne pas perdre sa place dans la queue, seule une courte pause pipi est possible dans l'un des 500 WC temporaires spécialement érigés pour l'occasion. Des centaines de volontaires ont été prévus pour encadrer la foule, ainsi que des rafraîchissements dans les commerces ou institutions longeant la file, comme le National Theatre.
Sécurité "draconienne"
Certains membres du public avaient pris les devants, n'hésitant pas à patienter dès la nuit précédente face au Parlement. Les autorités ont prévenu de "restrictions draconiennes", dignes des aéroports, et demandé au public de se "vêtir de manière appropriée pour rendre hommage" à la souveraine.
A l'intérieur de Westminster Hall, le public ne peut apporter qu'un petit sac et aucune nourriture ou boisson n'est autorisée. Avant ces longs adieux sur plusieurs jours, le cercueil d'Elizabeth II avait déjà été exposé pendant 24 heures à Edimbourg, de lundi soir à mardi, salué par quelque 33'000 personnes.
Procession dans les rues de Londres
Dernière étape avant les funérailles d'un poignant deuil national d'une dizaine de jours, la dépouille est accessible au public depuis mercredi en fin d'après-midi. Elle a alors été transférée lors d'une procession solennelle chargée d'émotion depuis le palais de Buckingham, résidence officielle d'Elizabeth II durant ses 70 ans de règne record.
Posé sur un affût de canon, recouvert de l'étendard royal et surmonté de la couronne impériale portée par Elizabeth II lors de son couronnement en 1953, le cercueil de chêne avait été suivi à pied par le roi Charles III, fils aîné de la monarque, et d'autres membres de premier plan de la famille royale.
Arrivée d'Ecosse où la souveraine s'est éteinte, la dépouille est présentée sur un imposant catafalque à Westminster Hall, la plus vieille salle du Parlement britannique ouverte 24 heures sur 24 jusqu'à lundi 06h30, jour des ultimes adieux avec des funérailles nationales à l'abbaye de Westminster, en présence de centaines de dignitaires étrangers et de têtes couronnées.
Lundi, l'affluence s'annonce encore plus massive pour les funérailles du siècle, un énorme défi sécuritaire auquel Londres se prépare fébrilement. Pour cet événement historique, un jour férié a été décrété et de nombreuses entreprises, dont quasiment tous les supermarchés, garderont le rideau baissé. La reine sera ensuite inhumée à 20h30 lors d'une cérémonie privée à la chapelle Saint-Georges du château de Windsor, en périphérie ouest de Londres.
doe/hkr/vajo avec agences
Charles III s'est retiré dans sa résidence de campagne
Charles III, le nouveau souverain âgé de 73 ans, s'est retiré jeudi dans sa résidence de campagne de Highgrove pour sa première journée sans engagement officiel depuis son accession au trône. Avec la reine consort Camilla il se rendra vendredi au Pays de Galles, dernière étape de leur tournée des quatre nations constitutives du Royaume-Uni après l'Angleterre, l'Ecosse et l'Irlande du Nord.
Plus âgé que tous les souverains britanniques au moment de leur accession au trône, il s'installe dans ses fonctions à une période difficile pour le Royaume-Uni tout juste doté d'une nouvelle Première ministre, Liz Truss, et plongé dans une crise sociale et économique. Longtemps faible, la cote de popularité du nouveau roi a monté en flèche depuis son accession au trône.