Les deux frères étaient en uniforme - Harry ne le portait plus depuis son retrait fracassant de la monarchie- contrairement à leurs six cousins Peter, Zara, Beatrice, Eugenie, Louise, réputée être la petite-fille préférée de la reine, et James, rarement apparu en public.
Dos au cercueil, tête baissée, visiblement émus, ils se sont recueillis pendant une dizaine de minutes à Westminster Hall, sous les regards des visiteurs. Ceux-ci continuaient de défiler sans interruption, à l'issue de longues heures de queue, pour dire adieu à la populaire souveraine.
Les heures sont désormais comptées pour se recueillir devant la dépouille - dans son cercueil clos surmonté de la somptueuse couronne impériale - de la souveraine, très populaire jusqu'à sa mort, à l'âge de 96 ans et après plus de 70 ans de règne.
A deux jours des "funérailles du siècle", pour lesquelles les dignitaires étrangers ont commencé à affluer, le temps d'attente dans la file le long de la Tamise jusqu'à Westminster Hall à Londres, avant de voir le cercueil, était estimé autour de 14 heures samedi à la mi-journée.
Accompagné du prince William, Charles III est venu pendant une vingtaine de minutes à la rencontre de la foule qui défile sans discontinuer depuis mercredi soir. Il a échangé quelques mots et serré des mains, comme il l'a fait à plusieurs reprises lors de la tournée l'ayant emmené toute la semaine à travers les quatre nations constitutives du Royaume-Uni, de Belfast à Cardiff.
Resté plus longtemps, le très populaire héritier du trône a remercié le public, s'inquiétant pour l'état de leurs pieds, sous les cris de "I love you William!".
Une première depuis Churchill
"La veillée des princes" vendredi par les quatre enfants d'Elizabeth II, Charles, Anne, Andrew et Edward, en uniforme dos au cercueil a ému le pays et faisait samedi la Une de nombreux journaux. Pour l'occasion, Andrew, privé de la plupart de ses titres à la suite d'accusations d'agression sexuelle, avait été autorisé à porter l'uniforme.
>> Lire aussi : Charles III au Pays de Galles et longue file d'attente pour voir le cercueil de la reine
Londres se prépare fébrilement à ses premières obsèques d'Etat depuis celles de Winston Churchill en 1965. Elles constituent le plus grand événement jamais encadré par la police londonienne, a-t-elle indiqué. Plus imposant encore que les jeux Olympiques qui avaient eu lieu à Londres en 2012.
Rare incident dans les hommages continus: un homme a été arrêté vendredi soir après avoir quitté la queue et s'être approché du cercueil, ont rapporté les autorités. Le public a jusqu'à lundi matin 06h30 pour rendre un dernier hommage à la souveraine, ultimes adieux dans le recueillement, parfois les larmes, pour une souveraine devenue un symbole d'unité et de stabilité lors de son règne, d'une longueur sans précédent dans l'Histoire du Royaume-Uni.
Funérailles à Westminster
Une procession accompagnera ensuite le cercueil jusqu'à l'Abbaye de Westminster où se tiendront les funérailles. Quelque 2000 invités, dont plusieurs centaines de dirigeants du monde entier, de têtes couronnées, mais aussi d'anonymes décorés pour leur engagement associatif, assisteront à la cérémonie.
Le président américain Joe Biden, la présidente de la commission européenne Ursula von der Leyen, l'empereur du Japon, ou encore le président français Emmanuel Macron sont attendus.
Après une dernière procession, Elizabeth II sera inhumée dans l'intimité lundi dans la chapelle Saint-Georges au château de Windsor, à l'ouest de Londres, auprès de son père le roi George VI et de son époux le prince Philip.
Ballet diplomatique pour Charles III
Avant les obsèques grandioses à l'Abbaye de Westminster, Charles III entame samedi une intense séquence diplomatique au palais de Buckingham. Le monarque devait notamment accueillir dans l'après-midi les Premiers ministres des 14 royaumes du Commonwealth, dont Justin Trudeau (Canada), Jacinda Ardern (Nouvelle-Zélande) et Anthony Albanese (Australie).
Les dirigeants de l'organisation, à laquelle Elizabeth II était très attachée, mais qui est secouée par les tentations républicaines de certains membres, dans les Caraïbes notamment, devraient avoir l'occasion d'aller se recueillir devant le cercueil d'Elizabeth II, drapé de l'étendard royal et orné de la couronne impériale. Jacinda Ardern s'y est déjà rendue vendredi.
Dimanche après-midi, Charles III, devenu roi à 73 ans, accueillera les chefs d'Etat pour une réception.
La Première ministre britannique, la conservatrice Liz Truss, au pouvoir depuis une dizaine de jours, doit elle rencontrer plusieurs dirigeants en amont des funérailles, parmi lesquels Joe Biden, le chef du gouvernement irlandais Micheal Martin, et Justin Trudeau.
agences/furr/iar/kkub
Le vice-président chinois Wang Qishan assistera aux obsèques
Selon Pékin, le vice-président chinois Wang Qishan assistera aux funérailles de la reine lundi 19 septembre.
La présence de Wang Qishan a été annoncée après que le président de la Chambre des Communes Lindsay Hoyle a interdit à une délégation officielle envoyée par Pékin de pénétrer dans l'enceinte du Parlement où repose le cercueil de la Reine.
Cet affront fait suite aux sanctions prises par la Chine à l'encontre de parlementaires britanniques qui avaient critiqué son bilan en matière de droits de l'Homme.
Les moutons noirs des funérailles royales
L'abbaye de Westminster ne pouvant accueillir qu'environ 2000 personnes, seuls les chefs d'Etat et un ou deux invités par pays auraient selon la presse été conviés aux premières obsèques nationales du Royaume-Uni depuis 1965. Il demeure cependant quelques pays dont la présence n'est pas désirée par la famille royale.
La Russie et la Biélorussie font partie de ce petit groupe de nations qui seront exclues des funérailles de la reine. Le président russe Vladimir Poutine avait déjà déclaré qu'il ne serait pas présent mais la Russie a quand même jugé "blasphématoire" et "immorale" de ne pas être formellement conviée.
La Birmanie, ancienne colonie britannique dirigée par des militaires, mais aussi la Syrie, l'Afghanistan et la Corée du Nord ont également été écartés.