"Malheureusement, deux personnes ont été tuées lors des émeutes d'hier", a déclaré mercredi le procureur de Kermanshah, dans l'ouest du pays, Shahram Karami, cité par l'agence de presse Fars. Par ailleurs, le commandant de la police du Kurdistan, Ali Azadi, a annoncé mercredi la mort d'une autre personne dans la province, selon l'agence Tasnim.
Mardi, Ismail Zarei Koosha, le gouverneur du Kurdistan – la province d'origine d'Amini où les manifestations ont commencé – avait également déclaré que trois personnes avaient été tuées lors de manifestations dans la province, sans préciser quand.
Enfin, deux groupes kurdes de défense des droits humains – Hengaw et le Kurdistan Human Rights Network – ont aussi rapporté qu'un homme âgé de 43 ans avait été tué par des tirs des forces de sécurité mardi à Ourmia, dans la province d'Azerbaïdjan (ouest).
Au moins 8 personnes auraient trouvé la mort en plusieurs jours de troubles, selon le bilan officiel.
Nous sommes sûrs que cela a été fait par des agents contre-révolutionnaires [...].
Menaces anti-révolutionnaires
La colère gronde depuis que les autorités ont annoncé vendredi la mort de Mahsa Amini, 22 ans, après son arrestation par la police des moeurs chargée de faire respecter un code vestimentaire strict pour les femmes.
"Nous sommes sûrs que cela a été fait par des agents contre-révolutionnaires parce que ces personnes ont été ciblées avec des armes non utilisées par les forces de l'ordre iraniennes", a ajouté Karami. Il a également déclaré que 25 personnes, dont certains membres des forces de police, avaient été blessées lors des manifestations.
Selon l'agence de presse Irna, un "auxiliaire de police" a succombé mardi à ses blessures dans la ville de Shiraz, dans le sud de l'Iran, lors de heurts entre police et manifestants.
>> A lire aussi : Colère en Iran après la mort d'une jeune femme arrêtée par la police religieuse
La vague de manifestations s'amplifie
Des manifestations ont eu lieu dans la nuit de mardi à mercredi dans 15 villes d'Iran, parmi lesquelles la capitale Téhéran et d'autres grandes villes, selon IRNA.
Lors de la cinquième nuit de rassemblements de rue, la police a utilisé des gaz lacrymogènes et procédé à des arrestations pour disperser des foules pouvant atteindre 1000 personnes, a indiqué l'agence.
Les manifestants ont bloqué les rues, lancé des pierres sur les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et des poubelles et scandé des slogans antigouvernementaux, a-t-elle ajouté.
afp/rtr/rad
Un autre chemin possible
"Les dirigeants iraniens devraient remarquer que la population est mécontente avec la direction qu'ils ont prise. Ils peuvent prendre un autre chemin", a estimé mercredi le ministre britannique des Affaires étrangères, James Celverly, dans un entretien avec l'AFP.
"Ils pourraient abandonner leur aspiration à obtenir des armes nucléaires. Ils pourraient arrêter de réprimer les voix au sein de leur propre pays. Ils pourraient arrêter leurs activités déstabilisatrices", a-t-il ajouté.
Concernant le dossier nucléaire iranien, le ministre britannique a regretté que les négociations pour redonner vie à l'accord de 2015 censé empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique "ne progressent pas aussi vite que nous l'avions espéré".
En guise de réponse, le président iranien Ebrahim Raïssi a assuré que "la République islamique d'Iran ne cherche pas à construire ou à obtenir des armes nucléaires et de telles armes n'ont pas leur place dans notre doctrine".