Depuis la révolution iranienne de 1979, la police des mœurs iranienne veille à la stricte application de la loi dans les rues. Les femmes doivent ainsi se couvrir les cheveux en public à partir de l'âge de sept ans et n'ont pas le droit de porter des manteaux courts au-dessus du genou, des pantalons serrés ou des jeans troués.
Porter des couleurs vives est également prohibé pour les femmes. Et ce, quelle que soit leur confession ou leur nationalité. Celles qui ne le font pas sont traitées comme des criminelles.
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Surveillance constante dans la rue
Mais l'imposition de ces règles s'est fait de manière progressive. Au départ, c'est le tchador, voile intégral qui laisse apparaître l'ovale du visage, qui est obligatoire. Dans les années 1980, le "bon hijab" est généralisé, mais sa définition reste floue. En réalité, aucune loi écrite ne fixe la tenue officielle appropriée, et certains policiers des mœurs en profitent pour arrêter des femmes de manière arbitraire.
La police des moeurs fonctionne comme une brigade. Elle patrouille quotidiennement en camionnette dans les lieux publics pour vérifier l'application de la loi. "Les agents parcourent la ville en voiture pour examiner la tenue des femmes: ils évaluent scrupuleusement le nombre de mèches de cheveux qu'elles laissent apparaître, la longueur de leur pantalon et de leur manteau, et la quantité de maquillage qu'elles ont appliquée", soulignait en 2019 l'ONG Amnesty International.
Vague de contestations en 2018
Selon le droit iranien, les femmes et les filles qui sont vues en public sans foulard risquent jusqu'à deux mois de prison ou une amende. Mais dans les faits, cela peut également se traduire par des sanctions bien plus violentes telles que la flagellation, écrit un rapport d'Amnesty.
Depuis quelques années, un nombre croissant d'Iraniennes, à Téhéran et dans d'autres grandes villes du pays, ont commencé à laisser apparaître de plus en plus nettement leur chevelure. Ainsi, en 2018, sous l'ex-gouvernement du modéré Hassan Rohani, une trentaine de femmes ont été arrêtées par la police iranienne pour avoir ôté leur voile en public, en signe de protestation contre le port obligatoire du voile, instauré depuis la révolution islamique de 1979.
Ces actions de contestation avaient suivi l'exemple d'une Iranienne arrêtée fin 2018 après être montée tête nue sur une armoire électrique dans une artère animée de Téhéran en arborant son voile au bout d'une perche.
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Un conservateur au pouvoir
L'arrivée au pouvoir en 2021 de l'ultra conservateur Ebrahim Raïssi a par ailleurs renforcé l'oppression des Iraniennes, écrit le journal Le Monde. L'actuel président, réputé pour son austérité et qualifié de traditionnaliste, a donné carte blanche à la police des mœurs, sous l'autorité du Guide suprême, Ali Khamenei.
Les interventions de cette unité se sont ainsi multipliées dans le pays. En juillet dernier, dans la ville sainte de Machhad, au nord-est du pays, les autorités ont interdit à des femmes d'avoir accès au métro car elles ne portaient pas le voile. Trois cafés ayant accueilli des clientes non voilées dans la ville de Qom, au nord, ont également été fermés. A peine deux mois plus tard, c'était au tour de Mahsa Amini de tomber entre les mains de l'unité spéciale.
La jeune femme, qui est tombée dans le coma trois jours après son arrestation, est décédée le 16 septembre à l'hôpital, selon la télévision d'Etat et sa famille. Des indications laissent penser qu'elle a été frappée à la tête avec un bâton, puis lancée contre un véhicule par les policiers. Depuis l'annonce de son décès, les manifestations se multiplient dans le pays.
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Hélène Krähenbühl
Washington sanctionne la police des moeurs d'Iran
Washington a annoncé jeudi des sanctions économiques visant la police des moeurs iranienne et plusieurs responsables de la sécurité pour les "violences contre les manifestants", ainsi que pour le sort de Mahsa Amini, une jeune femme morte après son arrestation.
Ces sanctions ciblent "la police des moeurs d'Iran et les hauts responsables de la sécurité iraniens responsables de cette oppression", et "démontrent l'engagement clair de l'administration Biden-Harris à défendre les droits humains et les droits des femmes, en Iran et dans le monde", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, dans un communiqué.