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La répression des manifestations s'alourdit en Iran, où l'on redoute 50 morts

Répression brutale d'un mouvement de contestation en Iran. Les autorités ont bloqués les réseaux sociaux
Répression brutale d'un mouvement de contestation en Iran. Les autorités ont bloqués les réseaux sociaux / 19h30 / 2 min. / le 23 septembre 2022
Plus de 50 personnes auraient déjà été tuées dans la répression des manifestations qui ont éclaté il y a une semaine en Iran après la mort d'une jeune femme arrêtée par la police des moeurs, a indiqué une ONG basée à New York.

Jeudi, un média d'Etat avait annoncé la mort de 17 personnes dans ces manifestations. Mais le bilan risque d'être bien plus lourd: l'ONG d'opposition Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a fait état vendredi d'au moins 50 décès. Six personnes ont été tuées par arme à feu par les forces de l'ordre dans la ville de Rezvanshahr, dans la province septentrionale de Gilan jeudi soir, et d'autres morts ont été enregistrés à Babol et Amol (nord). Des manifestations ont eu lieu dans environ 80 villes depuis une semaine, a-t-elle ajouté.

"Le gouvernement a riposté avec des balles réelles, des pistolets à plomb et des gaz lacrymogène, selon les vidéos partagées sur les réseaux sociaux", a témoigné de son côté le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI).

Les connexions internet étaient toujours très perturbées vendredi dans le pays, avec le blocage de WhatsApp et d'Instagram. Washington, de son côté, a annoncé des mesures "pour soutenir l'accès des Iraniens à la libre circulation de l'information" (lire encadré).

Nombreuses villes touchées

Mahsa Amini, âgée 22 ans, a été arrêtée le 13 septembre à Téhéran pour "port de vêtements inappropriés" par la police des moeurs chargée de faire respecter le code vestimentaire de la République islamique. Elle est décédée trois jours plus tard à l'hôpital. Selon des militants, elle a reçu un coup mortel à la tête, mais les responsables iraniens ont démenti et annoncé une enquête.

>> Lire : La police iranienne des mœurs, cible des manifestations après la mort de Mahsa Amini

Des manifestations ont éclaté après la mort d'une jeune femme arrêtée par la police. [Keystone - AP Photo]
Des manifestations ont éclaté après la mort d'une jeune femme arrêtée par la police. [Keystone - AP Photo]

Après sa mort, des manifestations ont débuté dans les principales villes d'Iran, parmi lesquelles la capitale Téhéran, Ispahan (centre) ou Mashhad (nord-est). Des manifestants ont affronté les forces de sécurité, incendié des véhicules de police et scandé des slogans hostiles au pouvoir, selon des médias et des militants.

La police a arrêté un nombre indéterminé de personnes, ont rapporté des médias iraniens. Parmi elles figurent le militant Majid Tavakoli et la journaliste Nilufar Hamedi, selon leur entourage.

Foulards incendiés

Les images les plus virales sur les réseaux sociaux sont celles où l'on voit des Iraniennes mettre le feu à leur foulard. En Iran, les femmes doivent se couvrir les cheveux et n'ont pas le droit de porter des manteaux courts ou serrés ou des jeans troués.

>> Lire aussi : "En Iran, la question du port obligatoire du voile touche les jeunes comme les seniors"

En marge de l'Assemblée générale de l'ONU à New York jeudi, le président iranien Ebrahim Raïssi a promis une enquête sur le décès de la jeune femme, tout en précisant que le médecin légiste n'avait pas fait état d'abus de la part de la police, ce que contestent les manifestants.

agences/lan/vic

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Contre-manifestation en faveur du port du voile

Face aux manifestations qui ont suivi la mort de Mahsa Amini, les autorités avaient décidé de riposter en organisant vendredi leur propres manifestations après la prière.

Des milliers de personnes ont défilé vendredi en Iran à l'appel des autorités pour défendre le port du voile, parmi lesquelles des femmes en tchador avec des drapeaux de la République islamique. L'agence de presse iranienne Mehr a parlé d'une "grande manifestation du peuple iranien pour condamner les comploteurs".

Une contre-manifestation organisée par les autorités iraniennes à Téhéran. [AFP - -]
Une contre-manifestation organisée par les autorités iraniennes à Téhéran. [AFP - -]

L'imam de la prière du vendredi Seyed Ahmad Khatami a donné le ton dans son prêche à l'université de Téhéran. "Je demande fermement au pouvoir judiciaire d'agir vite contre les émeutiers qui brutalisent les gens, mettent le feu aux biens publics et brûlent le Coran", a-t-il dit, selon des images de la télévision d'Etat. "Punissez ces criminels avec l'arme de la loi", a-t-il lancé.

 "Prôner la fin du voile, c'est faire la politique des Américains"

Les fidèles ont brandi pour leur part des pancartes remerciant les forces d'ordre, "colonne vertébrale du pays", et s'en sont pris aux femmes qui brûlent leur voile. "Prôner la fin du voile, c'est faire la politique des Américains", ont-ils scandé.

D'autres manifestations de soutien à la police ont également eu lieu dans plusieurs villes du pays comme Ispahan (centre), Tabriz (nord-ouest), Qom (nord) et Ahvaz (ouest). Elles étaient organisées par le Conseil islamique de coordination du développement, chargé d'organiser des manifestations officielles.

Sanctions allégées pour garantir les connexions internet

Les Etats-Unis ont annoncé vendredi la levée de certaines interdictions de commerce avec l'Iran pour permettre aux entreprises technologiques de fournir des plateformes et services permettant aux Iraniens d'accéder à internet. Cette annonce intervient quelques jours après que le propriétaire de SpaceX, Elon Musk, a déclaré qu'il comptait demander une exemption aux sanctions contre l'Iran auprès de l'administration américaine afin d'y proposer les services de connexion à internet via sa constellation de satellites.

NetBlocks, un site basé à Londres qui observe les blocages d'internet à travers le monde, a indiqué que "l'accès aux plateformes en ligne demeure restreint et que la connectivité est intermittente pour de nombreux utilisateurs". Le site ajoute que l'internet mobile était "interrompu pour un troisième jour (ce) vendredi".