"Si cette décision se confirme, le personnel de santé risquera jusqu'à cinq ans de prison s'il remplit son devoir de soin; des personnes ayant survécu au viol et à l'inceste seraient forcées de porter les enfants de leurs agresseurs; et des femmes (enceintes) ayant des problèmes de santé seraient confrontées à des risques terribles", a assuré la porte-parole du président Joe Biden, Karine Jean-Pierre.
Une juge du comté de Pima en Arizona, un Etat très disputé politiquement et jouant un rôle majeur dans la campagne pour les élections législatives de novembre, a rendu vendredi une décision qui fait beaucoup de bruit.
Elle a estimé que la très conservatrice Cour suprême, en dynamitant fin juin le droit à l'avortement que sa jurisprudence garantissait depuis 1973 sur tout le territoire américain, avait fait table rase de tous les textes ayant trait à l'IVG depuis cette date en Arizona.
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Des textes antérieurs à la création de l'Etat
Cela renvoie l'Etat, selon plusieurs médias américains, à des textes extrêmement restrictifs datant de 1864 et 1901 - soit avant que les Américaines n'aient obtenu le droit de vote et avant même que ce territoire de l'Ouest n'ait officiellement rejoint les Etats-Unis.
Le gouverneur républicain de l'Etat Doug Ducey considère que suite au revirement de jurisprudence de la Cour suprême, une loi adoptée récemment pour interdire les IVG après 15 semaines de grossesse s'impose.
Mais cette interprétation est jugée trop modérée par certains adeptes d'une ligne plus dure, qui ont donc demandé à la justice de l'Etat de trancher.
Parmi eux, le procureur général républicain de l'Etat, Mark Brnovich. La décision rendue vendredi par la juge "clarifie et harmonise (le droit) sur ce sujet très important", a-t-il commenté sur Twitter.
Un Etat clé
Plusieurs Etats américains conservateurs ont mis en place, après la décision de la Cour suprême, des interdictions totales ou partielles de l'avortement.
Le sujet embarrasse le camp républicain, conscient que des positions dures sur l'IVG lui coûtent des points dans les sondages et pourraient compromettre les chances de certains candidats.
Le parti démocrate, emmené par le président Joe Biden, espère mobiliser les électeurs pour défendre l'accès à l'IVG dans les urnes, lors du scrutin de mi-mandat qui renouvelle en partie le Sénat et totalement la Chambre des représentants.
L'Arizona, cet Etat disputé qui a deux sénateurs démocrates mais un gouverneur républicain, qui a voté pour Donald Trump à la présidentielle de 2016 mais - avec une faible marge - pour Joe Biden en 2020, est emblématique de cette bataille électorale.
Le candidat républicain au Sénat Blake Masters, qui s'oppose au sortant démocrate Mark Kelly, comparait jusqu'à peu l'avortement à un "génocide". Mais ce poulain de l'ancien président Donald Trump, distancé dans les sondages, n'évoque aujourd'hui plus que des interdictions pour "les avortements très tardifs".
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afp/jfe