Selon le projet de texte, ces huit Etats souhaitent une discussion lors de la session de mars prochain, après le rapport récent du Haut-Commissariat aux droits de l'homme. Celui-ci avait conclu à de possibles crimes contre l'humanité.
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Dans un Conseil des droits de l'homme plus polarisé que jamais, les incertitudes subsistaient sur le lancement d'un projet de résolution ou de décision sur le Xinjiang. Certains doutaient de la possibilité d'obtenir une majorité face à la pression importante menée par la Chine. L'initiative de lundi laisse penser qu'une majorité pourrait se dégager pour aborder cette situation, mais dans quelques mois seulement.
Une délégation chinoise à Genève
Outre les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et plusieurs pays nordiques portent ce projet de décision qui sera discuté dans une dizaine de jours. Depuis le début de la réunion au Conseil il y a deux semaines, la Chine a multiplié les mises en garde contre une telle action à son encontre à l'ONU, alors que la Suisse s'était dite favorable à un suivi du rapport du Haut-Commissariat.
Pékin avait dès le début activé une vingtaine d'alliés pour montrer son opposition. Jeudi dernier, le gouvernement avait fait venir une délégation d'une Xinjiang pour "rétablir la vérité" sur la situation en termes de droits humains, lors d'une conférence de presse de plus de deux heures, dont presque la totalité était des discours. L'un de ces responsables a à nouveau affirmé lundi devant l'instance onusienne l'"égalité" entre toutes les communautés dans la région.
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Des divergences au sein du Conseil
Le même jour, les fronts se sont à nouveau affrontés. Dans une déclaration conjointe lue par le Pakistan, près de 70 pays ont dénoncé une "politisation" du Conseil, notamment sur la question du Xinjiang. De nombreux pays occidentaux ont condamné au contraire les violations des droits humains dans le territoire chinois. Les Etats-Unis ont répété leur accusation de "génocide".
Parmi ses reproches, la Chine dénonce le rapport comme une initiative du Haut-Commissariat sans mandat du Conseil. Et selon elle, celui-ci multiplie les "erreurs" et les "mensonges" et montre une "instrumentalisation par les pays occidentaux".
Le rapport parle de possibles crimes contre l'humanité perpétrés contre les Ouïghours et d'autres minorités musulmanes, dont plus d'un million au moins seraient retenus dans des camps d'internement. Selon l'ONU, les accusations de torture, de soins contraints, de violences sexuelles dans les centres de détention ou encore de contrôle forcé des naissances "semblent crédibles". Le Haut-Commissariat estime que ces violations sont largement répandues. La Chine affirme, elle, lutter contre le terrorisme.
ats/iar