Les responsables des quatre régions d'Ukraine contrôlées par Moscou et les forces séparatistes pro-russes ont annoncé une victoire écrasante du "oui" aux référendums sur le rattachement à la Russie, atteignant des scores quasi soviétiques.
Les autorités de Louhansk ont en effet annoncé que 98,4% des votants ont dit vouloir le rattachement à la Russie. A Zaporijjia, le "oui" au rattachement l'emporte à 93,1%. Le chef de la commission électorale de la région de Kherson a annoncé que le "oui" avait remporté 87% des suffrages.
Le Kremlin, qui assure que l’objectif est de sauver "les populations locales du nazisme et de Kiev qui orchestrerait un génocide des russophones en Ukraine", vient de mettre la main sur près de 20% du territoire ukrainien.
Pluie de réactions internationales
Ces résultats ont engendré une pluie de réactions internationales. "Nous ne reconnaîtrons pas, nous ne reconnaîtrons jamais l’annexion de territoires ukrainiens par la Russie", ont notamment fait savoir les Etats-Unis. La France parle quant à elle de "mascarade". "Ces référendums entraîneront des sanctions de la part de la France, de l’Europe et d’autres Etats de la communauté internationale", a prévenu sur place la ministre française des Affaires étrangères.
Pour le secrétaire général de l'OTAN, ces référendums sont "une violation flagrante du droit international." Il a assuré le président ukrainien du soutien des alliés au droit à l’autodéfense. Et le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a qualifié ces scrutins d'"illégaux" présentant des résultats "manipulés".
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Des retours la boule au ventre
Alors qu'ils avaient fui à l'ouest, des citoyens ukrainiens prennent malgré tout la décision de retourner dans les terres occupées, notamment pour des raisons familiales, au risque d'être enrôlés par les Russes pour combattre leurs propres frères.
Vassily, 23 ans, n'est pas pro-russe. C'est même le contraire. Mais rattrapé par des problème familiaux, il s'apprête à rentrer chez lui. Il doit aller voir son père qui s'était senti obligé de rester en territoire occupé. "Il a fait un arrêt cardiaque. C’est une voisine qui nous a prévenus", témoigne-t-il au micro de notre correspondante sur place.
Accompagné de sa femme du même âge, ils vont devoir traverser des zones de combats pour rejoindre la maison familiale désormais en ruines. Bien plus que les bombardements, Tatiana a peur pour son mari qui risque désormais d'être enrôlé de force par l'armée russe. "Je ne peux pas le laisser partir seul. Mon âme éclaterait si quelque chose se passait", déplore-t-elle dans La Matinale.
Pour Igor également, les peurs s’entremêlent. Son objectif est d'atteindre sa ville, Donetsk, qu’il avait fui en avril en laissant derrière lui ses parents qu'il veut maintenant aller chercher. "Là-bas, il n’y a plus accès au gaz, à l'électricité et à l'eau depuis trois mois. Je vais sur place pour tenter de les convaincre de me suivre et de fuir." Mais avant de passer côté russe, il faut obtenir l'aval des autorités ukrainiennes et de leurs services de renseignement.
Maurine Mercier/fgn