Les citoyens russes ont été 30% plus nombreux la semaine dernière à entrer sur le territoire de l'Union européenne (UE), en comparaison avec la semaine précédente, a annoncé mardi l'Agence européenne des frontières, Frontex, basée à Varsovie. La plupart des quelque 66'000 arrivants sont entrés dans l'UE par les points de passage frontaliers finlandais et estoniens.
En Finlande, le nombre d'entrées de citoyens russes a doublé (6470 jeudi passé contre 3100 en début de semaine) mais reste à un niveau limité, selon les gardes-frontières.
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Restrictions à venir
Le pays nordique avait annoncé vendredi qu'il allait "significativement restreindre" dans "les prochains jours" l'accès des Russes à son territoire, déjà devenu un lieu de transit cet été vers le reste de l'Europe.
La majorité des entrants russes sont titulaires d'un permis de séjour ou d'un visa valable dans les pays membres de l'UE ou de l'espace Schengen, d'autres ont la double nationalité.
Agitation en Géorgie
Les ex-républiques soviétiques sont un autre point de chute des hommes russes fuyant leur convocation militaire. Ainsi, les autorités kazakhes et géorgiennes ont fait état mardi d'un fort afflux sur leur territoire.
En Géorgie, les arrivées ont presque doublé, à près de 10'000 par jour, après l'annonce du 21 septembre, selon le ministère de l'Intérieur de ce pays. Le Moscovite Sergueï explique dans le 12h30 de la RTS avoir emprunté plusieurs moyens de transport pour quitter le pays: avion, taxi, train. Il a terminé le trajet à pied. Au poste-frontière russe, devant lequel un bouchon de 20 kilomètres s'était formé, il a dû verser un bakchich, avant de pouvoir rejoindre la Géorgie.
A la frontière, les autorités de la région russe d'Ossétie du Nord ont admis une "situation tendue" au poste de contrôle de Verkhni Lars. Le ministère local de l'Intérieur a annoncé l'installation prochaine d'un "commissariat militaire de mobilisation" dans la zone frontalière afin de recruter les réservistes qui tentent de partir.
Accueil au Kazakhstan
De son côté, le ministère de l'Intérieur du Kazakhstan a indiqué que 98'000 citoyens russes étaient arrivés dans le pays depuis le 21 septembre. Il n'a toutefois pas fourni d'éléments de comparaison avec la semaine précédente.
Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a lui assuré mardi que son pays, un allié traditionnel de Moscou mais qui a pris ses distances depuis l'offensive en Ukraine, protégerait les Russes qui fuient vers le Kazakhstan pour échapper à la mobilisation. "Nous devons nous occuper d'eux, assurer leur sécurité", a-t-il ajouté.
Parmi eux, un Moscovite de 25 ans a trouvé refuge à Astana, la capitale, depuis lundi soir. La "peur" l'a poussé à faire ses bagages précipitamment et partir dans l'urgence: "Il y a une semaine, je ne pouvais pas imaginer que je serais au Kazakhstan. Mais imaginez, je pourrais aller travailler ou faire les courses et ne jamais revenir à la maison...", affirme-t-il à l'Agence France Presse. "Je ne voulais pas mourir".
La Turquie, qui est à quatre heures de vol de la capitale russe, est également une destination possible, mais pas pour tout le monde, en raison des prix des billets d'avion, multipliés par dix dans certains cas.
afp/ami
Refus violent de servir
D'autres personnes sont déterminées à rester en Russie et contestent leur mobilisation par des actes de violence. Des centres de recrutement sont incendiés à travers le pays. Un homme a même ouvert le feu lundi dans l'un d'eux, en Sibérie, blessant grièvement un militaire.
La Russie ne demandera pas l'extradition des fuyards...
Le ministère russe de la Défense a indiqué mardi qu'il ne solliciterait pas des gouvernements étrangers pour obtenir l'extradition des milliers de Russes ayant fui le pays afin d'échapper à la mobilisation pour combattre en Ukraine.
Si un citoyen russe reçoit une convocation et ne se présente pas à un commissariat militaire, il peut théoriquement être considéré comme un déserteur et être placé sur la liste des personnes recherchées en Russie.
Cité par l'agence de presse russe Interfax, le ministre kazakh de l'Intérieur, Marat Akhmetjanov, a indiqué mardi qu'Astana serait contraint d'extrader des Russes fuyant la mobilisation seulement dans le cas où ces derniers seraient placés sur la liste officielle des personnes recherchées en Russie.
...mais ne délivrera plus de passeports aux mobilisés
La Russie ne délivrera en revanche plus de passeports à ceux qui sont mobilisés par l'armée. "Si un citoyen a déjà été appelé pour effectuer son service militaire ou s'il a reçu une convocation (pour la mobilisation ou la conscription), le passeport international lui sera refusé", peut-on lire sur le portail d'information du gouvernement.
Dans ce cas, "une notice sera remise au citoyen pour expliquer le motif du refus et la période de validité de ce refus", selon la même source. Les Russes ont besoin d'un passeport international pour se rendre dans la plupart des pays étrangers.
Ils peuvent néanmoins aller en Arménie, en Biélorussie, au Kazakhstan et au Kirghizstan avec leur seul passeport interne, équivalent d'une carte d'identité.