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Le président du Nicaragua Daniel Ortega traite l'Eglise catholique de "dictature"

Le président du Nicaragua, Daniel Ortega, en mars 2019. [AP Photo/Keystone - Alfredo Zuniga]
Au Nicaragua, Daniel Ortega qualifie l'Eglise catholique de "dictature" / La Matinale / 1 min. / le 29 septembre 2022
Daniel Ortega, président du Nicaragua, a qualifié mercredi soir l'Eglise catholique de "dictature parfaite". Une réponse cinglante à la main tendue il y a deux semaines par le pape François, qui insistait sur la nécessité de poursuivre le dialogue avec ce pays.

A l'occasion d'un discours pour le 43e anniversaire de la fondation de la police nicaraguayenne, Daniel Ortega a dressé un réquisitoire contre l'Eglise catholique. "Qui élit les curés? Qui élit les cardinaux? Qui élit le pape? (...) c'est une dictature parfaite, une tyrannie parfaite", s'est notamment exclamé le président nicaraguayen.

Il a allé de l'inquisition aux violences contre des enfants autochtones au Canada, en passant par le rôle de curés et d'évêques dans une tentative de coup d'Etat dans son propre pays en 2018, piloté selon lui par les Etats-Unis.

Evêque assigné à résidence

Ce contexte tendu reflète les rapports compliqués entre l'Eglise catholique et Daniel Ortega depuis le début des années 80. Alors dirigeant de la guérilla sandiniste au pouvoir, l'actuel président dénonçait déjà une hiérarchie catholique sourde selon lui aux préoccupations du peuple du Nicaragua. C'était l'époque de la théologie dite de la libération, qui à l'époque ne trouvait pas grâce aux yeux du Vatican.

En mars, le Nicaragua a expulsé l'ambassadeur du Vatican. Et en août, Mgr Rolando Alvarez, critique du régime, a été arrêté et "assigné à résidence", selon la police qui a invoqué des activités "déstabilisantes et provocatrices" de l'évêque.

Les Etats-Unis et l'UE pas épargnés

Lors de son discours, Daniel Ortega n'a pas non plus épargné les Etats-Unis. Réélu il y a moins d'une année dans un scrutin joué d'avance, son élection avait été qualifiée de comédie par le président américain Joe Biden et condamné plus largement par la communauté internationale.

Le président du Nicaragua a également dans son collimateur l'Union européenne, qui, comme Washington, impose au pays de nombreuses sanctions pour violation des droits humains. Le ministre nicaraguayen des Affaires étrangères Denis Moncada a ainsi notifié mercredi son expulsion à l'ambassadrice de l'Union européenne.

Olivier Schorderet/hkr

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La police nicaraguayenne interdit des processions catholiques

La police du Nicaragua a récemment interdit pour des raisons de "sécurité publique" deux processions catholiques populaires, qui devaient se tenir à la fin septembre à Masaya. Les relations entre l'Eglise catholique et le gouvernement sont tendues depuis les manifestations antigouvernementales de 2018.

Des protestataires avaient alors trouvé refuge dans des églises. Le 13 août dernier, la police avait déjà interdit une procession à Managua, invoquant les mêmes raisons.

Les deux processions interdites devaient se tenir le 29 septembre pour la Saint-Michel Archange et le lendemain pour la Saint-Jérôme, a indiqué samedi l'archidiocèse de la capitale. Cette dernière procession est une des plus importantes au Nicaragua.