Avec son budget et surtout sa décision de réduire les impôts pour les plus riches, Liz Truss a provoqué une véritable tempête politique ainsi qu'une vague de mécontentement populaire. Cette politique budgétaire intervient alors que le niveau d'inflation avoisine les 10% dans le pays. Et elle s'accompagne d'une hausse des dépenses publiques avec le gel des factures énergétiques pour les ménages.
Comme le reconnaît Pauline Schnapper, professeure de civilisation britannique à l'Université Sorbonne Nouvelle à Paris, interviewée vendredi dans Tout un monde, la prise de fonction de Liz Truss est très problématique. Mais cela ne devrait pas déstabiliser la nouvelle Première ministre. "Pour l'instant, Liz Truss campe sur ses positions. Elle compte sur la baisse des impôts pour relancer l'activité économique. Il y a aussi une composante idéologique à ne pas sous-estimer, Liz Truss est convaincue que son programme va fonctionner", explique la spécialiste.
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L'intervention de la Banque d'Angleterre, une "humiliation"
L'intervention directe de la Banque d'Angleterre annoncée jeudi pour soutenir la livre sterling entache également la crédibilité du Parti conservateur. Pauline Schnapper parle même "d'humiliation" pour ce parti qui se vante traditionnellement d'être "le parti du sérieux économique".
"Il faut toutefois garder en tête que les conservateurs détiennent pour l'instant une majorité assez confortable à la Chambre des communes. La question est désormais de savoir si les députés du parti de Liz Truss s'affolent ou pas", poursuit-elle.
Manque de pragmatisme chez Truss
Enfin, selon la professeure, la place du Ministre des finances, Kwasi Kwarteng, n'est pour l'heure pas menacée. "Il serait difficile de le sacrifier au bout de seulement quelques jours, d'autant plus qu'il est particulièrement proche idéologiquement de la Première ministre".
Les deux personnalités politiques s'inspirent en effet toutes deux des recettes ultra-libérales héritées de l'ancienne Première ministre Margaret Thatcher. Mais avec quelques différences, note toutefois Pauline Schnapper. "Thatcher avait beaucoup de pragmatisme et était capable de modifier ses convictions en fonction de la situation réelle du pays, ce qui n'est pas forcément le cas de Liz Truss, qui campe davantage sur ses positions".
Patrick Chaboudez/hkr