Dans sa première réaction depuis vendredi soir, l'Etat-major général des Armées n'a reconnu que traverser "une crise interne", mais indiqué que les "concertations" se poursuivaient.
"Quelques unités ont pris le contrôle de certaines artères de la ville de Ouagadougou, demandant une déclaration de départ du lieutenant-colonel Damiba", ajoute ce communiqué, qui précise que cette tension "ne représente pas la position de l'institution".
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Contre-offensive?
De leur côté, les putschistes ont affirmé samedi après-midi dans une allocution télévisée que Paul-Henri Sandaogo Damiba préparait une "contre-offensive" depuis "la base française de Kamboinsin", un camp militaire proche de Ouagadougou où des forces spéciales françaises forment leurs homologues burkinabé.
Le ministère des Affaires étrangères français a "démenti formellement toute implication dans les évènements en cours depuis hier au Burkina".
"Le camp où se trouvent nos forces françaises n'a jamais accueilli Paul-Henri Sandaogo Damiba, pas davantage que notre ambassade", a poursuivi Paris.
"Changement anticonstitutionnel"
Samedi, le secrétaire général des Nations Unies Antonio Gutteres a "fermement" condamné dans un communiqué "toute tentative de prise de pouvoir par la force des armes".
L'Union africaine (UA) a elle dénoncé un "changement anticonstitutionnel de gouvernement" et l'Union européenne (UE) estimé que le coup de force mettait "en danger les efforts engagés depuis plusieurs mois" pour la transition.
Pour l'heure, les nouveaux putschistes n'ont pas indiqué s'ils comptaient respecter ce calendrier de transition.
ats/asch
Gaz lacrymogène tiré à l'ambassade de France
Des grenades de gaz lacrymogène ont été tirées dimanche de l'intérieur de l'ambassade de France à Ouagadougou pour disperser des manifestants soutenant le putschiste autoproclamé Ibrahim Traoré.
Quelques dizaines de manifestants s'étaient rassemblés devant l'ambassade, mettant le feu à des barrières de protection et jetant des pierres à l'intérieur du bâtiment, sur le toit duquel étaient positionnés des soldats français, quand les gazs ont été tirés. D'autres manifestants ont également été vus par un journaliste de l'AFP en train d'arracher des barbelés pour tenter d'escalader le mur d'enceinte du bâtiment diplomatique.
Samedi en fin d'après-midi, un incendie s'était déjà déclaré devant l'ambassade de France, et un autre devant l'Institut français à Bobo-Dioulasso. Ces attaques "sont le fait de manifestants hostiles, manipulés par une campagne de désinformation à notre encontre", a déclaré sa porte-parole Anne-Claire Legendre, en "appelant les parties prenantes à assurer la sécurité" des bâtiments diplomatiques.
L'influence de Moscou grandit
L'influence de Moscou ne cesse de croître dans plusieurs pays d'Afrique francophone ces dernières années et il n'est pas rare de voir des drapeaux russes dans de telles manifestations.
Vendredi, quelques heures avant le coup d'Etat, plusieurs centaines de personnes avaient manifesté dans la capitale pour réclamer le départ de Paul-Henri Sandaogo Damiba, mais aussi la fin de la présence militaire française au Sahel et une coopération militaire avec la Russie.
les putschistes ont ainsi revendiqué la "ferme volonté d'aller vers d'autres partenaires prêts à aider dans la lutte contre le terrorisme", une allusion implicite à la Russie. "Les putschistes inscrivent très explicitement leurs actions dans un clivage Russie versus France", relevait samedi Yvan Guichaoua, expert de la région à l'université de Kent, à Bruxelles.
"Etonnant de voir les putschistes déclarer leur flamme si vite"
"Il est très étonnant de voir les putschistes déclarer leur flamme si vite à leur 'partenaire stratégique' privilégié. On aurait pu imaginer qu'ils prennent le pouvoir d'abord, puis fassent monter les enchères", s'est-il étonné sur Twitter.
Yvan Guichaoua pose deux hypothèses: "Soit bosser avec les Russes était le projet depuis le début et on a affaire à un plan de déstabilisation mûrement réfléchi, soit on invoque de manière opportuniste le clivage France/Russie pour galvaniser les soutiens, parce que le projet tangue".