Le drame, qui s'est déroulé samedi soir dans la ville de Malang, à l'est de l'île de Java, a aussi fait quelque 323 blessés dans cet archipel d'Asie du Sud-Est où les rivalités entre supporters virent souvent à la catastrophe. Le directeur d'un hôpital a indiqué sur une chaîne de télévision locale qu'une des victimes n'avait que cinq ans.
Un spectacle désolant devant le stade témoignait dimanche matin des agitations de la veille: des véhicules calcinés, dont un camion de police, jonchaient les rues. La police a fait été de 13 véhicules brûlés.
"Emeutes" de supporters et gaz lacrymo
Des supporters de l'équipe du Arema FC ont pénétré sur le terrain du stade Kanjuruhan, dans la ville de Malang, après la défaite de leur équipe 3 à 2 contre celle de Persebaya Surabaya. C'était la première fois en plus de vingt ans que l'Arema FC perdait face à sa grande rivale.
Le stade contenait 42'000 personnes et était au complet selon les autorités. Quelque 3000 d'entre elles ont envahi le terrain en signe de colère après le match.
La police, qui a qualifié cet incident d'"émeutes", a tenté de persuader les fans de regagner les gradins et a tiré des gaz lacrymogènes après la mort de deux policiers. De nombreuses victimes ont été piétinées mortellement.
Des images capturées à l'intérieur du stade montrent une énorme quantité de gaz lacrymogène et des personnes s'agrippant aux barrières, tentant de s'échapper. D'autres portaient des spectateurs blessés, se frayant un chemin à travers le chaos.
Réaction du président Widodo
Le président indonésien Joko Widodo a ordonné dimanche "une évaluation complète des matches de football et des procédures de sécurité", après cet incident. Il a demandé à l'Association nationale du football de suspendre tous les matchs jusqu'à des "amélioration de la sécurité".
"Je regrette profondément ce drame et espère que cette tragédie liée au football sera la dernière dans notre pas", a-t-il déclaré dans un discours télévisé. Le gouvernement indonésien a aussi présenté ses excuses pour cet incident.
Mea culpa aussi du côté de l'Association de Football d'Indonésie (PSSI), qui a suspendu tous les matches prévus cette semaine. "Nous sommes désolés et nous présentons nos excuses aux familles des victimes et à toutes les parties pour cet incident", a dit le président de PSSI, Mochamad Iriawan.
Violences dans le foot indonésien
La violence des supporters est un problème en Indonésie, où les rivalités de longue date se sont transformées en affrontements mortels. Certains matches sont si tendus que les joueurs des équipes de haut niveau doivent s'y rendre sous haute protection. Les fans de Persebaya Surabaya n'avaient pas été autorités à acheter des billets pour le match, de crainte d'incidents.
furr/vic avec afp
Le monde du football en état de choc
La catastrophe survenue en Indonésie est "une tragédie au-delà de l'imaginable", a déclaré le président de la Fédération internationale de football (Fifa) Gianni Infantino. "Le monde du football est en état de choc après les tragiques incidents en Indonésie", a ajouté le dirigeant suisse, parlant d'"un jour noir pour tous ceux qui aiment le football".
Gianni Infantino a également adressé ses plus profondes condoléances aux familles et amis des victimes qui ont perdu la vie. "Ensemble avec la Fifa et la communauté du football, toutes nos pensées et nos prières vont aux victimes et aux blessés, ainsi qu'avec le peuple de la République d'Indonésie, la Confédération asiatique (AFC), la fédération et la ligue indonésiennes en ces heures difficiles", a-t-il ajouté.
En Espagne, une minute de silence sera observée dans les stades avant les matchs de championnat de dimanche en hommage aux victimes de la catastrophe, a annoncé la Liga. La Serie A, le Championnat d'Italie, a de son côté envoyé sur son compte Twitter ses "condoléances et pensées aux victimes, aux familles et à quiconque a été touché par la tragédie de Malang".