Après avoir brièvement été devancé par le président sortant Jair Bolsonaro, l'ancien président de gauche Lula est arrivé dimanche soir en tête du premier tour de la présidentielle au Brésil avec 48% des voix, contre 43% pour Jair Bolsonaro.
Ce dernier a mieux résisté que prévu, alors que les sondages prédisaient une large avance à Lula, voire un triomphe dès le premier tour. Un second tour doit avoir lieu le 30 octobre prochain pour départager les deux candidats.
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Incertitude pour le second tour
A ce stade, "l'issue du scrutin est complètement indéterminée", estime l'historienne Anaïs Fléchet, lundi dans La Matinale. Bien que Lula soit pour l'instant en tête, les Etats comme celui de São Paulo, de Rio de Janeiro ou d'Espirito Santo, très peuplés et généralement cruciaux lors d'élections, sont très disputés entre les candidats.
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"Le résultat est beaucoup plus incertain aujourd'hui qu'il ne pouvait l'être hier. La victoire de Lula n'est pas assurée", ajoute cette spécialiste du Brésil contemporain, pour qui des violences ne sont pas à exclure lors de la campagne du deuxième tour.
En cas de victoire de Lula, des déstabilisations pourraient voir le jour au Brésil. "Toute la période qui courra du résultat des élections du second tour jusqu'à l'investiture en janvier 2023 risque d'être extrêmement tendue, notamment du fait de la galvanisation d'une partie de l'électorat, du rôle des milices et de l'imprévisibilité de Jair Bolsonaro", a aussi souligné Anaïs Fléchet.
Un score surprise de l'extrême droite
Cette élection a vu se développer un degré de polarisation "extrême" au sein de la population brésilienne. "A eux seuls, les deux premiers candidats totalisent plus de 91% des voix. C'est comme si nous avions eu un premier tour qui a déjà des allures de second tour", analyse Anaïs Fléchet.
Selon la spécialiste, Jair Bolsonaro est le grand vainqueur de la soirée, malgré l'avance de Lula. Le président sortant a en effet augmenté le nombre de voix en sa faveur par rapport à l'élection de 2018.
Le score de l'extrême droite à l'élection présidentielle, mais aussi dans toutes les élections sénatoriales, à la chambre des députés et dans les Etats, montre aussi une progression du bolsonarisme, rapporte Anaïs Fléchet. "Tous les principaux ténors du bolsonarisme ont été réélus ou sont en voie de l'être. La véritable surprise est là."
Ce score s'explique notamment par une campagne dans laquelle l'épouse du président sortant, Michelle Bolsonaro, qui jouit d'un important écho dans les milieux évangéliques largement favorables à Bolsonaro, a beaucoup été mise en avant. Des mesures sociales visant les populations défavorisées et prises par le gouvernement de Jair Bolsonaro cet été ont également joué en faveur du candidat d'extrême droite, note l'historienne.
Propos recueillis par Valérie Hauert/iar