Au moins 92 personnes ont été tuées depuis le 16 septembre, selon l'ONG Iran Human Rights, basée à Oslo, tandis que les autorités avancent un bilan d'environ 60 morts parmi lesquels 12 membres des forces de sécurité. Plus d'un millier de personnes ont été arrêtées et environ 400 relâchées, selon les autorités.
Des étudiants et étudiantes se sont rassemblés le week-end dernier avant d'être confrontés à la police anti-émeute qui les a coincés dans un parking souterrain de l'université de technologie Sharif de Téhéran avant de les interpeller. Depuis, des écolières ont pris le relais dans tout le pays en adoptant diverses tactiques, notamment en retirant leur voile et en criant des slogans hostiles au régime conservateur.
Une répression qui s'intensifie
Dans une vidéo, des jeunes filles la tête non voilée scandent "Mort au dictateur" (référence au guide suprême Ali Khamenei) lundi dans une école de Karaj, à l'ouest de la capitale Téhéran. Un autre groupe de filles scande "Femme, vie, liberté" en défilant dans une rue. "Ce sont des scènes vraiment extraordinaires. Si ces manifestations doivent aboutir à quelque chose, ce sera grâce aux écolières", a déclaré Esfandyar Batmanghelidj, du site d'information et d'analyse Bourse&Bazaar.
Depuis le début du mouvement de contestation, le régime iranien a intensifié sa répression en arrêtant des partisans notoires du mouvement et en imposant de sévères restrictions à l'accès aux réseaux sociaux. Dans la nuit de mardi à mercredi, le chanteur de pop iranien Shirvin Hajipour, arrêté après que sa chanson en faveur des manifestations est devenue virale, a été remis en liberté sous caution. Dans le même temps, les autorités judiciaires iraniennes ont ouvert une enquête sur la cause du décès d'une adolescente, qui aurait été tuée lors d'une manifestation.
La violente répression des manifestations en Iran a provoqué une vague de condamnations à travers le monde, et des rassemblements de soutien aux femmes iraniennes ont été organisées depuis dans des dizaines de pays. Après l'annonce de sanctions par les Etats-Unis et le Canada, l'Union européenne a annoncé mardi son intention de sanctionner à son tour l'Iran par des "mesures restrictives" pour protester contre "la façon dont les forces de sécurité iraniennes ont réagi aux manifestations".
L'Iran a accusé à plusieurs reprises des forces extérieures d'attiser les protestations et fait savoir la semaine dernière que neuf ressortissants étrangers (notamment de France, d'Allemagne, d'Italie, de Pologne et des Pays-Bas) avaient été arrêtés.
afp/aps
La Suisse condamne la violence contre les manifestants
La Suisse condamne "l'usage excessif de la force par les forces de sécurité iraniennes" à l'encontre des manifestants. Dans un tweet, le Département des affaires étrangères (DFAE) se dit mercredi soir "consterné par les nombreux décès survenus lors des manifestations" en Iran.
La Suisse appelle le gouvernement iranien à faire preuve de retenue et à garantir le droit des Iraniens à la liberté d'expression, écrit le DFAE.
En outre, la Suisse demande une nouvelle fois au gouvernement iranien de tenir rapidement sa promesse d'une enquête impartiale et transparente sur les circonstances de la mort de Mahsa Amini, poursuit le message.
La Suisse continue de s'engager de manière bilatérale et multilatérale pour la protection des droits de l'homme en Iran, tout particulièrement dans les domaines de la liberté d'expression et de réunion, de l'abolition de la torture et de la peine de mort, des droits des femmes et de la protection des minorités, écrit encore le DFAE.