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Une cosmonaute russe s'envole à bord d'une fusée américaine, en pleine guerre en Ukraine

Les membres de Crew-5, avec de gauche à droite la Russe Anna Kikina, les Américains Josh Cassada et Nicole Mann et le Japonais Koichi Wakata. [Steve Nesius]
Une cosmonaute russe s'envole à bord d'une fusée américaine, en pleine guerre en Ukraine / Le Journal horaire / 35 sec. / le 6 octobre 2022
Une cosmonaute russe a décollé mercredi vers la Station spatiale internationale depuis les Etats-Unis, à bord d'une fusée de l'entreprise américaine SpaceX, une mission qui revêt un caractère particulièrement symbolique en pleine guerre en Ukraine.

Anna Kikina, seule femme cosmonaute russe actuellement en service actif, fait partie de l'équipage Crew-5, également composé d'un Japonais et de deux Américains, dont Nicole Mann, qui est devenue la première Amérindienne à se rendre dans l'espace.

Le décollage a eu lieu mercredi midi depuis le centre spatial Kennedy, en Floride. Il s'agit de la cinquième mission régulière vers la Station spatiale (ISS) assurée par SpaceX pour le compte de la Nasa. Il y a deux semaines, un Américain avait décollé pour l'ISS à bord d'une fusée russe Soyouz.

Programme maintenu

Ce programme d'échange d'astronautes, prévu de longue date, a été maintenu malgré les très fortes tensions entre les deux pays depuis l'invasion de l'Ukraine par Moscou en février. Assurer le fonctionnement de l'ISS est ainsi devenu l'un des très rares sujets de coopération entre les Etats-Unis et la Russie.

Sergueï Krikaliov, le directeur des vols habités pour l'agence spatiale russe Roscosmos, était présent sur place en Floride pour ce qui a semblé s'apparenter à une offensive de charme, après des propos tonitruants de ses supérieurs ces derniers mois.

Nouvelle phase de coopération

Lors d'une conférence de presse suivant le décollage, il a salué ces vols conjoints comme "une nouvelle phase de coopération", mentionnant notamment un vol spatial américano-russe en 1975, alors symbole de détente durant la Guerre froide. Transporter le citoyen d'une autre nation est "une énorme responsabilité", avait souligné lors d'une conférence de presse fin septembre Kathy Lueders, administratrice associée à la NASA.

Interrogée sur les rapports entretenus actuellement avec Roscomos, elle avait déclaré: "Sur le plan opérationnel, nous avons vraiment apprécié la constance de la relation, même durant une période très difficile sur le plan géopolitique."

5e femme russe dans l'espace

Anna Kikina, 38 ans et ingénieure de formation, devient la cinquième femme russe cosmonaute professionnelle à se rendre dans l'espace. "J'espère que, dans un futur proche, nous aurons davantage de femmes dans le corps des cosmonautes", avait-elle déclaré en août à l'AFP.

Il s'agit également du premier vol spatial des astronautes américains Nicole Mann et Josh Cassada, mais du cinquième pour le Japonais Koichi Wakata. Après un voyage d'environ 30 heures, leur vaisseau s'amarrera jeudi à la station, à environ 400 km d'altitude. Les membres de Crew-5 rejoindront les sept personnes déjà à bord (deux Russes, quatre Américains et une Italienne).

Propos menaçants

Les tensions entre Moscou et Washington se sont considérablement accrues dans le domaine spatial après l'annonce de sanctions américaines contre l'industrie aérospatiale russe, en riposte à l'invasion de l'Ukraine.

Le précédent chef de l'agence spatiale russe avait ainsi tenu des propos menaçants sur un possible crash de l'ISS si les Russes ne pouvaient plus y participer. Puis cet été, son successeur a déclaré que la Russie quitterait l'ISS "après 2024", en faveur de la création de sa propre station orbitale - sans pour autant fixer de date précise pour un retrait.

Avenir de l'ISS

"Nous allons continuer à voler (avec) la Station spatiale internationale tant que notre nouvelle infrastructure sera en construction", a déclaré mercredi Sergueï Krikaliov, de chez Roscosmos. Or cette construction n'a pas encore commencé, et selon les experts, devrait prendre de nombreuses années.

Sergueï Krikaliov avait déjà dit lundi "espérer" que son gouvernement accepte de prolonger la participation à l'ISS après 2024. Les Américains ont eux annoncé vouloir continuer à opérer la station jusqu'en 2030.

afp/br

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