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Dix-sept hommes jugés à Paris pour le cyberharcèlement d'Eddy de Pretto

À Paris, 17 personnes sont jugées cette semaine pour cyberharcèlement aggravé visant le chanteur Eddy de Pretto
À Paris, 17 personnes sont jugées cette semaine pour cyberharcèlement aggravé visant le chanteur Eddy de Pretto / 19h30 / 2 min. / le 7 octobre 2022
Le procès de dix-sept personnes, jugées pour un harcèlement aggravé en ligne visant le chanteur Eddy de Pretto, se déroule cette semaine devant le tribunal correctionnel de Paris.

Agés de 20 à 26 ans, les jeunes prévenus interpellés un peu partout en France sont renvoyés devant le tribunal pour le cyberharcèlement haineux et homophobe du chanteur - présent au premier rang, à l'audience - à la suite d'un concert qu'il avait donné à l'église Saint-Eustache, à Paris, en juin 2021. Ils sont décrits comme "catholiques intégristes" par l'avocat de l'association Stop Homophobie dans Libération.

Invité à se produire dans le festival "Qui va piano va sano", Eddy de Pretto avait interprété son morceau "A quoi bon" évoquant les difficultés à concilier son homosexualité et la religion.

"Je crois que je n'suis pas prêt pour obéir à ta Bible (...) Je sais ce qui te plaît, je crois que je n'ai pas lu les bons livres/Mais tu me diras 'nan, c'est trop, tu n'es pas assez sain'/Pour venir dans tes rangs, il faut n'avoir fait presque rien", avait alors chanté Eddy de Pretto.

Près de 3000 messages d'insultes

Evoquer ces thèmes-là au sein même d'une église? "Je l'assume pleinement (...) Je ne vois pas quel est le problème que je sois un sodomite qui chante dans une église", a lancé le chanteur, appelé à la barre. "Mon désir était de poser des questions en tant qu'artiste sur des thématiques cruciales et majeures, je pensais pas que ça pouvait avoir des retours aussi néfastes."

A l'issue de sa performance, postée sur Instagram, il reçoit en effet près de 3000 messages d'insultes et de menaces de mort sur les réseaux sociaux, comme l'a confirmé à l'audience son avocat Nicolas Verly.

>> Ecouter aussi les explications de La Matinale :

Dix-sept hommes jugés à Paris pour le cyberharcèlement d'Eddy de Pretto. [AFP - GUILLAUME SOUVANT]AFP - GUILLAUME SOUVANT
Dix-sept hommes jugés à Paris pour le cyberharcèlement d'Eddy de Pretto / La Matinale / 1 min. / le 6 octobre 2022

"Espèce de gigantesque f...", "on va te retrouver pour ton manque de respect, fils de p...", "crève en enfer sale chien", "je vais te violer avec un balai dans une mosquée", avaient, par exemple, écrit des internautes, selon des captures d'écran postées sur le compte Instagram du chanteur.

"Pour nous, c'est un véritable combat. C'est la raison pour laquelle les associations ont tenu à être aux côtés de M. de Pretto, parce qu'il s'agit d'un véritable fléau sur internet qu'il faut combattre avec la plus grande force", indique Jérôme Spyridonos, avocat de l'association Stop Homophobie, à la RTS.

Ces messages de haine l'ont incité à s'attacher les services d'un garde du corps et à déposer une plainte, déclenchant une enquête ouverte par le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PLNH) du parquet de Paris (lire encadré).

>> Ecouter aussi le sujet de Vacarme sur le "harcèlement en meute" sur les réseaux sociaux :

Cyberharcèlement. [Depositphotos - burdun]Depositphotos - burdun
Influenceur.euses 4/5 - La meute se lâche / Vacarme / 25 min. / le 28 juillet 2022

"J'ai eu très peur de sortir de chez moi"

"J'ai eu très peur de sortir de chez moi, des troubles du sommeil, (...) des troubles dépressifs, je n'arrivais pas à comprendre cette violence", a encore indiqué le chanteur, notant que le curé de Saint-Eustache lui avait "exprimé tout son soutien". Le chanteur a également remercié ses sympathisants sur Twitter pour les "milliers de messages de soutien" reçus.

Les prévenus - douze présents, cinq absents - seront jugés des chefs de harcèlement en ligne, avec incapacité totale de travail (ITT) de plus de huit jours, et harcèlement en ligne avec ITT de plus de huit jours, commis en raison de l'orientation sexuelle de la victime.

Outre les amendes éventuelles, des dommages et intérêts seront demandés et le cas échéant reversés aux associations contre l'homophobie et le harcèlement.

>> Lire aussi : Devant la justice pour un "J'aime" ou un "partage" sur les réseaux sociaux

afp/vajo

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Six magistrats dédiés au cyberharcèlement

Entré en fonction le 4 janvier 2021, le Pôle national de lutte contre la haine en ligne (PLNH) du parquet de Paris, sorte de micro-parquet national anti-haine en ligne, est amené à être saisi des faits d’appels à la haine ou de harcèlement en ligne les plus sensibles, les plus médiatiques ou les plus complexes en raison, par exemple, de la dispersion des auteurs sur le territoire. Les cas plus simples continuent d’être traités par les parquets locaux.

Avant le procès Mila – l’affaire la plus emblématique dont il ait eu la charge – ce pôle avait été saisi de 140 dossiers. Le procureur de la République de Paris Rémy Heitz estimait que 400 à 500 dossiers pourraient être traités chaque année, en janvier 2021 devant l'une commission de l'Assemblée nationale. Plus récemment, le PLNH a été saisi dans l'affaire qui oppose le rappeur Booba à Magali Berdah, la papesse des influenceurs.

>> Relire : Des peines de 4 à 6 mois de prison avec sursis dans l'affaire Mila