La route des Balkans redevient la principale voie des migrants vers l'Union européenne
La route des Balkans, jamais véritablement fermée, est redevenue cette année la principale voie d’entrées illégales dans l’Union européenne. Entre janvier et juin 2022, Frontex, l’agence européenne des gardes-frontières, a recensé pas moins de 70'0000 passages, soit trois fois plus que l’an dernier.
Beaucoup de personnes du Maghreb
Dans la majorité des cas, il s'agit de des jeunes hommes qui essayent, par exemple, d’entrer en Croatie depuis la Bosnie-Herzégovine.
"Les plus nombreux sont les Afghans et les Pakistanais, mais depuis quelque temps, beaucoup de personnes arrivent des pays du Maghreb, surtout du Maroc et de l'Algérie. On trouve aussi des personnes originaires d'Afrique de l'Ouest, de Somalie, ou même d'Inde", a expliqué vendredi dans La Matinale Adnan Tatarovic, l’un des responsables de l’ONG Pomozi à Sarajevo.
Violences systémiques de polices croates et hongroises
Les chemins suivis par les exilés varient en fonction des conditions météo, mais surtout des contrôles aux frontières. Les violences systématiques des polices croates ou hongroises ne dissuadent toutefois pas les milliers de personnes bloquées en Serbie ou en Bosnie-Herzégovine.
"J’ai rencontré des personnes qui ont été refoulées des dizaines de fois mais qui ont réussi à passer la frontière à force d’essayer. Ils ont dû subir plusieurs fois des "push back", des passages à tabac ou encore la confiscation de leurs documents personnels", poursuit Adnan Tatarovic au micro de la RTS.
Renforcer la coopération dans les Balkans
Sur les 50'000 à 70'000 personnes qui sont passées cette année en Bosnie-Herzégovine, Adnan estime qu'il y en a entre 4000 et 5000 qui sont restées bloquées.
Pour freiner la migration illégale, plusieurs gouvernements européens veulent désormais renforcer la coopération dans les Balkans.
Louis Seiller/hkr
Davantage de places d'accueil en Suisse
Le nombre de réfugiés arrivant en Suisse notamment par la route des Balkans augmente à nouveau. La Confédération et les cantons tablent sur 80'000 à 85'000 personnes à accueillir sur l'ensemble de l'année, ce qui pose des problèmes d'infrastructures.
Les besoins en termes de disponibilité des salles de sport et d'abris de protection civile s'accroissent en même temps que l'afflux de migrants. Le Secrératiat d'Etat aux migrations (SEM) doit rouvrir temporairement des espaces d'accueil qui avaient été fermés et en mettre en service de nouveaux, a indiqué un porte-parole à la radio suisse alémanique.
Une infrastructure d'hébergement pour les réfugiés d'Ukraine sera ouverte dès lundi en Argovie. Les directeurs cantonaux des Affaires sociales ont communiqué les places disponibles dans leur périmètre de compétence. Le nombre de ces places a diminué récemment de 9000 à 7000. De nouveaux centres devraient ouvrir lors des prochains mois, selon les besoins.
Les frontières suisses aussi sous pression
La semaine dernière, 1150 personnes ont été interceptées à la frontière orientale de la Suisse, indique Christian Bock, directeur de l'Administration fédérale des douanes (AFD). "Cela nous rappelle beaucoup la crise des réfugiés de 2015 et 2016".
"Nous voyons un grand nombre de migrants qui sont en transit", ajoute le directeur de l'Office fédéral des douanes et de la sécurité des frontières dans un entretien publié jeudi par les journaux alémaniques du groupe de presse Tamedia. La frontière sud est également sous pression. "L'Italie n'a actuellement une capacité de réadmission que de 40 à 50 personnes par jour".
La Suisse est avant tout un pays de transit, souligne le responsable. De nombreux migrants souhaitent quitter la Serbie pour se rendre en France ou en Grande-Bretagne en passant par l'Autriche. Lorsqu'ils sont contrôlés en Suisse, ils sont en général renvoyés d'où ils viennent, poursuit-il.