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Face à la crise énergétique, l’Allemagne mise sur le gaz naturel liquéfié

Pour s’affranchir de sa dépendance au gaz russe, l’Allemagne a autorisé la construction de six terminaux de gaz naturel liquéfié
Pour s’affranchir de sa dépendance au gaz russe, l’Allemagne a autorisé la construction de six terminaux de gaz naturel liquéfié / 19h30 / 2 min. / le 7 octobre 2022
Contrairement à d'autres pays européens, l'Allemagne s’est longtemps opposée à l’installation de terminaux de gaz naturel liquéfié (GNL). Mais face à la crise énergétique, le pays veut désormais accélérer le développement du GNL.

En l’espace de quelques mois, Berlin a autorisé la construction de six terminaux GNL, dont deux qui vont bientôt entrer en service. Le gouvernement allemand multiplie par ailleurs les initiatives pour diversifier son approvisionnement quitte à mettre ses objectifs climatiques de côté, tout du moins provisoirement.

Pour l’Allemagne, l’alternative au gaz russe se dessine au large de Wilhelmshaven, en mer du Nord. Le premier terminal flottant méthanier allemand fournira 8% des besoins en gaz du pays dès le mois de décembre 2023.

Six terminaux GNL d'ici 2024

En tout, entre cinq et sept milliards de m3 de gaz liquéfié seront réceptionnés chaque année dans la région avant d’être regazifiés puis injectés dans le réseau national.

"En temps normal, ce genre de projet demande cinq à six ans. Mais ici, nous avons réussi à réduire la durée de construction à dix mois. Parce que les autorités, les responsables politiques et les entreprises impliquées travaillent main dans la main", a expliqué Holger Kreetz, directeur des opérations du groupe Uniper, vendredi dans le 19h30.

Face à la crise énergétique, Berlin a fait voter une loi pour accélérer le développement du GNL. Six terminaux GNL vont ainsi voir le jour en Allemagne d’ici à 2024. Ensemble, ils couvriront environ un tiers des besoins du pays. Un ratio toutefois par encore suffisant pour compenser les importations de gaz russe.

>> Lire aussi : L'Europe ouvre la voie à des mesures d'urgence "sans précédent" sur l'énergie

Soutien au projet Midcat

Pour y remédier, le chancelier allemand Olaf Scholz a répété cette semaine son soutien au projet Midcat, un projet de gazoduc entre la Catalogne (dans le nord-est de l'Espagne) et le sud-est de la France qui permettrait à Madrid d’exporter du gaz liquéfié vers l’Europe centrale mais auquel Paris s’oppose.

"La construction de ce pipeline qui part de la péninsule ibérique vers la France nous serait très utile. Cela fait des années qu’on le dit et il est étonnant qu’il n’ait toujours pas vu le jour. Mais il faut rester prudents, car les réticences sont encore importantes", a souligné Katharina Spiess, économiste à l'institut DIW, vendredi au micro de la RTS.

L'urgence climatique repasse au second plan

Mais alors que la sécurité de l’approvisionnement énergétique est dans tous les esprits, l’urgence climatique est passée au second plan. Cela, au grand dam des défenseurs de l’environnement, qui s’inquiètent de ce revirement en faveur du gaz liquéfié.

"Une grande partie du gaz liquéfié qui arrive par ces terminaux est issu de la fracturation hydraulique et provient des Etats-Unis ou d’Australie. Ce gaz est particulièrement nuisible pour le climat et sur place cette méthode est tout aussi nuisible pour l’eau, les sols et tout ce qui s'ensuit", met en garde Viviane Raddatz, spécialiste en politique énergétique au WWF.

Plus d’une dizaine de terminaux GNL pourraient voir le jour en Allemagne ces prochaines années. Ils seront exploitables jusqu’en 2043.

Anne Mailliet/hkr

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La Suisse doit jouer des coudes dans la recomposition du système gazier européen

La vaste recomposition du système gazier européen affecte directement la Suisse. En effet, le pays importe tout son gaz d'Allemagne et de France qui elles-mêmes dépendent de ce qui entre sur le continent européen.

Ainsi, les distributeurs suisses devront, comme ils l'ont fait depuis le début de l'histoire gazière européenne, se faufiler parmi les grands fournisseurs tels que Engie et Uniper et faire jouer les liens historiques. Une mission qui s'avère de plus en plus difficile dans un marché européen très libéralisé.

>> Les précisions de Pascal Jeannerat dans le 19h30 :

La Suisse doit jouer des coudes dans la vaste recomposition du système gazier européen. Les précisions de Pascal Jeannerat
La Suisse doit jouer des coudes dans la vaste recomposition du système gazier européen. Les précisions de Pascal Jeannerat / 19h30 / 1 min. / le 7 octobre 2022