Alexandre Vautravers: "L'armée ukrainienne sera totalement rééquipée d'ici le printemps"
Selon les autorités ukrainiennes, 83 missiles ont été tirés lundi matin par les Russes, dont 43 ont pu être interceptés. Des infrastructures énergétiques mais aussi des cibles civiles, dont une aire de jeux pour enfants, ont été atteintes.
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"Il n'était pas possible de ne pas répondre" à l'attaque contre le pont de Kertch en Crimée", a lancé le président russe Vladimir Poutine. Les frappes russes sont "relativement faibles", démontrant la "faiblesse de l'aviation russe aujourd'hui", analyse Alexandre Vautravers, rédacteur en chef de La Revue militaire suisse, lundi dans l'émission de la RTS Forum.
Selon lui, les dernières frappes russes ne sont pas dues au général Sergueï Sourovikine, nommé samedi par Moscou à la tête de l'"opération militaire spéciale" en Ukraine. "Jusqu'à présent, il était en charge du commandement des opérations à proximité de la Crimée. Cela nous laisse penser que l'effort principal de la Russie va se porter sur le sud de l'Ukraine."
Une "extension du conflit"
Il s'agit toutefois d'une "extension du conflit", selon le spécialiste des questions d'armement et de sécurité globale. "L'Ukraine frappe à plusieurs centaines de kilomètres derrière le front pour pouvoir neutraliser le ravitaillement et isoler les troupes combattantes. La Russie démontre qu'elle est capable de faire la même chose."
Toujours selon Alexandre Vautravers, les frappes russes sont "totalement contre-productives", parce qu'il y a de moins en moins d'hésitations de la part des pays occidentaux à armer l'Ukraine. Si une réponse européenne va prendre beaucoup de temps, "les choses sont bien engagées". L'armée ukrainienne "est en train de se transformer". "Elle reçoit le matériel de 2e catégorie - datant de 1960-1970 - de la part des pays européens."
Et d'ajouter: "On peut donc s'attendre pour les offensives de printemps, qui sont en train d'être planifiées, à ce que l'armée ukrainienne soit totalement rééquipée d'ici février ou mars 2023."
La rhétorique d'Alexandre Loukachenko
Le président biélorusse Alexandre Loukachenko a également accusé l'Ukraine de préparer une attaque contre son pays et annoncé qu'en conséquence Minsk allait déployer un groupement russo-biélorusse, sans préciser où.
Pour Alexandre Vautravers, il ne s'agit pas d'une intensification de l'offensive russe. "Il y a beaucoup de rhétorique. Il faut rappeler que Vladimir Poutine avait, à l'origine, demandé le soutien et la participation des forces armées biélorusses, essentiellement composées de miliciens. Malgré les déclarations d'intention, jusqu'à présent, il n'y a pas eu un seul soldat biélorusse ou manoeuvre en direction du sud."
Il est davantage probable que des unités communes entre la Biélorussie et la Russie soient créées. En discussion depuis dix ans, l'idée serait de recréer l'Armée rouge. "Probablement ces forces seront déployées face à la Pologne et à la Finlande. Il n'y a aucun intérêt, pour des raisons politiques, pour Alexandre Loukachenko d'engager ses propres forces en Ukraine", estime le rédacteur en chef de La Revue militaire suisse.
Propos recueillis par Mehmet Gultas
Adaptation web: Valentin Jordil avec agences