Six ans de prison supplémentaires pour l'ancienne dirigeante de Birmanie Aung San Suu Kyi
La prix Nobel de la paix 1991, âgée de 77 ans, a été condamnée à "deux peines de prison de trois ans" qui ont été confondues, a précisé à l'AFP une source proche du dossier, ce qui signifie qu'elle doit passer trois années derrière les barreaux pour ces deux affaires.
Aung San Suu Kyi "est en bonne santé. Ses avocats vont faire appel comme pour les autres affaires", a indiqué cette source.
Elle a été reconnue coupable d'avoir accepté 550'000 dollars de pots-de-vin d'un homme d'affaires local, Maung Weik.
Une chaîne d'Etat a diffusé l'an dernier une vidéo d'aveu du businessman confessant qu'il a donné 550'000 dollars sur plusieurs années à Aung San Suu Kyi. Il a distribué de l'argent à des responsables de son parti, la Ligue nationale pour la démocratie, pour faire prospérer ses affaires, a-t-il expliqué.
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Un total de 120 années de prison
Arrêtée au moment du putsch, qui a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie, la dirigeante déchue a été placée à l'isolement dans une prison de Naypyidaw fin juin, d'où son procès, démarré il y a plus d'un an, se poursuit à huis clos.
Elle avait déjà été condamnée à 23 années d'emprisonnement pour différents motifs, dont la fraude électorale et la corruption. Elle risque en tout plus de 120 ans derrière les barreaux.
Aung San Suu Kyi, qui clame son innocence, est également accusée dans cinq autres affaires de corruption, qui pourraient alourdir son total d'emprisonnement.
De nombreuses voix dénoncent un acharnement judiciaire qui serait fondé sur des motifs politiques, avec pour but d'écarter définitivement la fille du héros de l'indépendance, grande gagnante des élections de 2015 et de 2020.
Promesses d'élections dès le retour de la stabilité
Plusieurs de ses proches ont été condamnés à de lourdes peines. Un ancien député de son parti condamné à mort, Phyo Zeya Thaw, a été exécuté fin juillet.
La junte se défend de ces accusations et promet même d'ouvrir des négociations avec Aung San Suu Kyi une fois son procès terminé.
L'armée espère aussi organiser des élections à l'été 2023, dès que le pays sera "en paix et stable", selon son chef Min Aung Hlaing qui a aussi annoncé une "réforme" du système électoral.
Depuis le coup d'Etat qui a fait plonger le pays dans un conflit sanglant, plus de 2300 civils ont été tués par les forces de sécurité, selon le décompte d'une ONG locale. La junte, qui accuse ses adversaires, en compte plus de 3900.
Crimes contre l'humanité et plus d'un million de civils déplacés
Les Nations unies, qui ont dénoncé des "preuves toujours plus nombreuses" de crimes contre l'humanité ciblant les femmes et les enfants, a indiqué début octobre que 1,3 million de civils étaient toujours déplacés en raison des hostilités.
Isolée sur la scène internationale, la Birmanie n'a pas été conviée au prochain sommet de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) en novembre au Cambodge.
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ats/miro