Boire de l'eau ou manger des aliments contaminés par la bactérie Vibrio cholerae va provoquer l'infection, qui provoque de sévères diarrhées, menant, elles, à une déshydratation extrême. En l'absence de soins, la mort peut survenir en quelques heures.
Selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), entre 1,3 et 4 millions de personnes sont infectées chaque année, même si la plupart des individus ne présentent aucun symptôme. D'après des estimations scientifiques, entre 21'000 et 143'000 malades meurent chaque année. L'épidémie s'entretient d'elle-même par un cercle vicieux: en l'absence d'installations sanitaires efficaces, les déjections contaminées se retrouvent directement dans l'environnement, polluant l'eau qui sera ensuite absorbée par des êtres humains.
L'apparition de cas autour du monde inquiète les autorités mondiales de santé. "Nous sommes très, très inquiets. Comme vous le savez, il y a des problèmes de pénurie de vaccins. Et beaucoup de travail est en cours pour voir comment nous pourrons utiliser le vaccin le plus efficacement possible et quelles stratégies peuvent être appliquées", a indiqué mardi devant la presse à Genève Margaret Harris, épidémiologiste de l'OMS.
Événements environnementaux extrêmes
Et ce n'est pas tout: avec des catastrophes climatiques telles que les sécheresses, les inondations et les ouragans, l'eau propre devient une ressource encore plus rare dans certaines parties du globe. Un terrain propice au choléra.
"Nous observons des hausses dans le monde entier et nous constatons que cela résulte en particulier de la fragilité climatique, que nous connaissons tous: les défis climatiques et la fragilité de nombreux pays", a expliqué Margaret Harris. Ce facteur environnemental vient s'ajouter à l'instabilité politique, qui touche par exemple Haïti.
Préoccupations en Haïti
Dans ce pays, 16 décès liés à la maladie et 32 cas confirmés ont été recensés récemment, selon les Nations unies. Plus de 10'000 personnes sont décédées dans l'épidémie qui a frappé l'île des Caraïbes de 2010 (année du terrible séisme qui a ravagé le pays) à 2019.
Dans les zones de Port-au-Prince et de Cité soleil, le nombre de cas "semble monter", précise dans La Matinale Olivier David, le directeur du bureau haïtien de l'ONG Helvetas. "Sur le reste du pays, on sait qu'il y a des cas suspectés depuis le week-end dernier, mais on n'a pas de résultat du laboratoire", ajoute-t-il. "On se prépare à intervenir", assure-t-il.
La situation est d'autant plus délicate que les autorités et la population sont confrontées à une pénurie de carburant. En effet, des gangs armés bloquent un terminal pétrolier (Varreux) près de Port-au-Prince depuis le mois dernier, paralysant les transports et contraignant les entreprises et les hôpitaux à interrompre leurs activités.
Premier cas depuis trente ans au Liban
Au Liban, quelques cas de choléra ont été détectés ces derniers jours, une première depuis 1993. L'épidémie en Syrie voisine, qui a tué une quarantaine de personnes en moins d'un mois, pourrait expliquer cette recrudescence, en raison des passages de frontière de porteurs de la bactérie. Environ un million de réfugiés ayant fui la guerre se sont par ailleurs installés au Liban dans des camps de tentes ou des appartements surpeuplés et vivent dans une pauvreté extrême.
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Du reste, le Liban se trouve dans une situation de dégradation économique désastreuse, provoquant notamment des coupures de courant électrique, une fragilisation du système de soins et des pénuries d'eau potable. Son ministre de la Santé, Firas Abiad, a tiré la sonnette d'alarme la semaine passée, craignant une épidémie de grande ampleur: "Nous avons un signal très clair que le système de santé libanais a besoin de soutien pour être renforcé. Sinon… il ne sera pas capable de tenir."
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Propos recueillis par Benjamin Luis
Sujet radio: Laure Stephan (Liban)
Texte: Antoine Michel avec les agences