#MeToo, cinq ans d'une vague planétaire aux effets divers

Le mouvement #MeToo a eu peu d'effets en Espagne en comparaison avec d'autres pays. Cela peut s'expliquer par le fait que le pays avait déjà vécu un mouvement similaire des années plus tôt.

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En 1997, l’Espagne découvre, horrifiée, le meurtre de Ana Orantes, 60 ans, brûlée vive par son mari qui la maltraitait depuis des années. L'onde de choc est énorme et le pays prend conscience de la violence machiste.

A partir de là, la classe politique se met au travail et aboutit, dès 2004, à la première loi, pionnière en Europe, pour lutter contre les féminicides.

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Keystone - EPA/BALLESTEROS

Au Chili, et plus généralement en Amérique latine, #MeToo s'est greffé à un important mouvement de défense des droits des femmes qui avait vu le jour un an auparavant.

"Le lien qui existe entre #MeToo et le mouvement féministe chilien - que l'on a appelé 'Le mois de mai' - doit prendre en compte la montée d'un féminisme de masse qui a vu le jour dans notre région, en Argentine, le 19 octobre 2016, avec le slogan 'Plus une de moins ', qui dénonçait les féminicides", explique dans le 12h30 Alondra Carillo Vidal, porte-parole de la puissante organisation féministe chilienne la "Coordination du 8 mars".

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Et de continuer: "#MeToo est en fait une manifestation supplémentaire d'un mouvement qui a continué de se déployer, mais dont la forme et la genèse sont apparues dans l’hémisphère sud.  "

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EPA/ Keystone - Alberto Valdes

En Afrique du Sud, le hashtag #MeToo a également été très présent sur les médias sociaux. Dans ce pays qui est l'un des plus violents au monde, le taux de féminicides est cinq fois plus élevé que la moyenne mondiale. Le taux de viols bat aussi tous les records, et une femme adulte sur cinq a déjà subi des violences de son partenaire.

Cinq ans après le début du mouvement, les évolutions sont limitées. Selon une étude de l’Université de Johannesburg, près de 52'000 délits sexuels sont commis chaque année dans les bureaux et les usines, et ces chiffres sont augmentation.

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Grâce à #MeToo, les femmes osent peut-être davantage porter plainte. Toutefois, peu d’employeurs ont mis en place des programmes pour les aider.

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Keystone - Kim Ludbrook/EPA

Bollywood, la plus grande industrie mondiale du cinéma, n'a pas été épargné par la vague #MeToo. Le mouvement a été initié par l'actrice indienne Tanushree Dutta, qui a été la première à accuser de harcèlement sexuel un des grands acteurs et réalisateurs de Bollywood, Nana Patekar.

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D’autres actrices, encouragées par ce geste, ont ensuite dénoncé d'autres grands noms du milieu de la télévision ou du cinéma: certains les auraient obligées à se déshabiller pendant une audition, à les embrasser pendant le travail, ou les auraient harcelées par message, à coup de photos indécentes.

Suite à ce scandale, plusieurs réalisateurs et acteurs ont été retirés de films en tournage, et certains agents de castings renvoyés.

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Reuters - Francis Mascarenhas

En Corée du Sud, l'apparition du mot-clé sur les réseaux sociaux a entraîné la mise en cause de nombreux hommes puissants de milieux différents pour agression ou harcèlement sexuel.

Autre fait notable, dans ce pays où les normes de beauté classique sont très importantes, le mouvement #MeToo a fait évoluer le style et l'apparence. Les femmes bronzées, plus musclées ou avec des cheveux courts sont davantage visibles.

Ces évolutions ont toutefois été rejetées par une partie importante de la population. En 2019, une étude a montré que 60% des hommes étaient opposés au mouvement.

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Reuters - Kim Hong-Ji

Le mouvement #MeToo a offert "la possibilité de raconter son traumatisme, il y a un effet répérateur", estime Florence Rochefort, chercheuse au CNRS et spécialiste de l’histoire des féminismes dans le 12h30 samedi. Et ces témoignages ont pu se transformer "en actions de groupes, de manifestations, d'entraide et de solidarité et aussi en mobilisation plus politique, avec la volonté de changer la loi", constate la chercheuse.

Mais "on est malheureusement dans un contexte mondial très défavorable avec une monté de l'extrême droite, une montée des masculinismes. On n'est pas juste dans l'anti-féminisme, c'est vraiment des groupes d'hommes qui revendiquent la supériorité, la suprémacie masculine" et on assiste à des "reculs des droits en Pologne, en Hongrie ou en Turquie".  "On ne peut pas du tout prévoir que ce mouvement résistera à tous les assauts", craint Florence Rochefort.

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Reuters - Lucy Nicholson