Tests PCR en cascade par des laboratoires agréés et validation administrative par les différentes représentations chinoises basées aux quatre coins du monde sont nécessaires pour commencer le voyage de retour en Chine. Autre difficulté: acheter un billet d'avion. Le trafic international à destination du pays a fortement diminué depuis le début de la pandémie en raison des conditions draconiennes imposées aux compagnies aériennes et des lourdes pénalités imposées aux transporteurs en cas de passagers positifs à l’arrivée en Chine.
Si le nombre de vols commence timidement à repartir à la hausse, l’offre reste extrêmement limitée et les places à bord se paient encore au prix fort.
Une fois ces entraves administratives passées, il est encore nécessaire de se soumettre systématiquement à une quarantaine de dix jours. Même négatives au Covid-19, les personnes débarquant de l'étranger sont enfermées à double tour dans des hôtels réquisitionnés, ou placées dans des centres de quarantaine fermés construits à cet effet. Correspondant en Chine pour la RTS et de retour sur place après quelques semaines en Suisse, le journaliste Michael Peuker en fait actuellement l'expérience avec sa famille.
"Dès que l'avion se pose sur le tarmac de l'aéroport, on est pris en charge par des hommes vêtus de combinaisons blanches de protection intégrale", raconte-t-il mercredi dans la séquence "En direct" de La Matinale. "Après des heures de filtrage et de tests à l'aéroport, on est emmenés vers ces centres de quarantaine, dans de gros bus aux sièges rongés par les produits désinfectants."
Enfermement strict
Ces mesures font partie intégrante de la politique de "Zéro Covid" maintenue par le gouvernement du président Xi Jinping. Malgré tout, même s'il savait ce qui l'attendait, Michael Peuker témoigne de sa surprise à l’arrivée devant le centre international de quarantaine de Xiamen, une structure flambant neuve érigée au printemps dernier dans le sud de la Chine.
"Ce qui choque, même si on s'y attend, c'est le côté carcéral du centre. Le complexe de 14 bâtiments préfabriqués abrite plus de 6000 chambres, il est entouré d’un mur d’enceinte surveillé. Le bus nous a déposé devant les grilles à la tombée de la nuit."
La famille doit alors passer dix jours dans une petite pièce d'une dizaine de mètres carrés, munie d'un lavabo, d'une petite table surmontée d'une télévision et d'un seul lit double. Les douches-toilettes sont installées dans un box en plastique d'où se dégage une forte odeur d'eau de javel.
La porte ne s'ouvre que quatre fois par jour, lorsque les employés déposent furtivement les plateaux-repas, et à l’occasion des tests PCR réguliers. "Évidemment, le séjour est payant: environ 800 francs le séjour", précise le correspondant de la RTS, qui relativise l’épreuve, ayant bien préparé ce retour.
La famille devrait être libérée en fin de semaine et sera ensuite autorisée à rejoindre Shanghai, où il devront s'isoler encore quelques jours à domicile, sous l'observation du comité de quartier.
Politique dogmatique
Dans le reste de la Chine, la situation a peu évolué ces derniers mois. Dans de nombreuses grandes villes comme Shanghai ou Pékin, la population continue de devoir se soumettre à un test PCR toutes les 48 ou 72 heures pour conserver son pass sanitaire, ce code QR vert qui permet d'accéder aux lieux publics comme les transports en communs ou les magasins.
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Si la méthode - extrêmement coûteuse tant économiquement qu'humainement - permet de contrôler la propagation du virus, elle n'empêche pas de nouveaux cas de surgir çà et là, menant régulièrement à des mises sous cloche de zones résidentielles entières. Mais Xi Jinping a fait de cette politique sanitaire une question de principe et ne semble pas près d'y renoncer.
"La seule voie envisageable pour la Chine"
Le pouvoir craint toujours un nombre important de décès en cas de levée des mesures, dans une population qui n'a que très peu été exposée au virus et dont de larges franges restent particulièrement vulnérables. D'autant que la couverture vaccinale reste incomplète à travers le pays. En outre, les vaccins chinois sont moins efficaces que les vaccins à ARN messager fabriqués à l'étranger. Par nationalisme, le régime rechigne à homologuer ces derniers, tout en cherchant à développer son propre vaccin à ARNm.
Si les milieux économiques et la population appellent à la fin de cette politique, le parti communiste a récemment douché les espoirs de relaxe. Les médias d’Etat ont publié une série d’articles pour vanter l’approche radicale du gouvernement, et des hauts responsables ont réitéré qu'il s’agissait, pour l’heure, de la seule voie envisageable pour la Chine.
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Michael Peuker/jop