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Couvre-feu au Tchad après des manifestations meurtrières

Des affrontements au Tchad font une "trentaine" de morts
Des affrontements au Tchad font une "trentaine" de morts / L'actu en vidéo / 50 sec. / le 20 octobre 2022
Une cinquantaine de personnes ont été tuées jeudi au Tchad lors d'affrontements entre police et manifestants protestant contre le maintien au pouvoir du président Mahamat Déby. Le Premier ministre a annoncé la "suspension de toute activité" d'importants groupes d'opposition et un couvre-feu.

"Il y a eu une cinquantaine de morts surtout à N'Djamena, Moundou et Koumra et plus de trois cents blessés", a affirmé le Premier ministre Saleh Kebzabo, précisant que le couvre-feu de "18H à 6H du matin" durera jusqu'au "rétablissement total de l'ordre" à N'Djamena, à Moundou, à Doba et à Koumra" et a prévenu que le gouvernement "fera régner l'ordre sur l'ensemble du territoire et ne tolèrera plus aucune dérive d'où qu'elles viennent".

À N'Djamena, la capitale du pays, "les manifestants ont attaqués des édifices publics, le gouvernorat, le siège du parti du Premier ministre, celui du président de l'Assemblée nationale" a  affirmé le porte-parole du gouvernement Aziz Mahamat Saleh, qualifiant cette manifestation, interdite mercredi par les autorités, d'"insurrection".

Des nuages de fumée noire étaient visibles et des tirs de gaz lacrymogène se faisaient régulièrement entendre dans la capitale jeudi matin, tandis que des barricades avaient été dressées dans plusieurs quartiers de la ville et que des pneus avaient été brûlés sur les principaux axes routiers, selon les journalistes à N'Djamena qui ont constaté une brève accalmie en début d'après-midi.

Une "transition" prolongée

Ces affrontements se déroulent après la prolongation de deux ans de la période de "transition" du président - initialement prévue pour 18 mois - qui devait s'achever ce jeudi 20 octobre.

Fin septembre, Mahamat Idriss Déby Itno a finalement été maintenu à la tête de l'Etat jusqu'à des élections libres et démocratiques, censées se tenir en 2024 et auxquelles il pourra se présenter.

Le 20 avril 2021, à l'annonce de la mort du maréchal Déby, tué par des rebelles en se rendant au front, l'armée avait proclamé son fils Mahamat Déby président de la République à la tête d'une junte de 15 généraux.

>> Lire aussi : Doté de larges pouvoirs, le fils d'Idriss Déby a pris la présidence du Tchad

La France condamne les violences

La France, par la voix du ministère des Affaires étrangères, a "condamné" les "violences, avec notamment l'utilisation d'armes létales contre les manifestants", a souligné le Quai d'Orsay, affirmant que Paris ne joue "aucun rôle dans ces événements".

La précision du Quai d'Orsay sur son absence de rôle dans les événements de N'Djamena renvoie aussi au sentiment anti-français qui se développe dans la région, alimenté notamment par des intérêts russes.

Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l'Union africaine (UA), a "condamné fermement" la répression des manifestations, appelant "les parties au respect des vies humaines et des biens" et a "privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise", a-t-il réagi sur Twitter.

afp/doe

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