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La guerre digitale redouble au Brésil avant le 2e tour de la présidentielle

A 12 jours du deuxième tour des élections présidentielles au Brésil, le pays est profondément polarisé.
A 12 jours du deuxième tour des élections présidentielles au Brésil, le pays est profondément polarisé. / 19h30 / 2 min. / le 20 octobre 2022
A l'approche du second tour de la présidentielle au Brésil, la guerre digitale est plus que jamais relancée entre les deux camps. Dans un pays profondément polarisé, les "fake news" sont devenues une arme politique, mais des agences de vérification tentent de démêler le vrai du faux.

Après un premier tour remporté moins facilement que prévu par l'ancien président de gauche Luiz Inácio Lula da Silva, la campagne électorale a repris de plus belle au Brésil avant le duel final avec le président d'extrême droite Jair Bolsonaro agendé au 30 octobre.

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Des vidéos assimilant l'ancien chef de l'Etat au satanisme et le président en exercice au cannibalisme ont fait le tour de la toile. Mais ce n'est qu'un exemple de la multitude de fausses informations qui foisonnent.

"Lula répète sans cesse qu'il veut censurer les médias et contrôler les réseaux sociaux", s'indigne le chef de l'Etat devant ses partisans réunis dans la périphérie de Rio de Janeiro. L'ancien président, effectivement, défend la mise en place d'un système de régulation des réseaux sociaux afin d'éviter la propagation de "fake news".

Un telle supervision toucherait sévèrement Jair Bolsonaro, qui interagit au quotidien avec son électorat via les groupes de messageries instantanées. "A la télé, ils ne disent que des mensonges. Moi, je ne m'informe que par le téléphone", explique dans le 19h30 de la RTS un militaire à la retraite qui le soutient.

La litanie de la fraude électorale

Et la fausse information la plus répandue au sein de l'électorat du président actuel, que Jair Bolsonaro n'a cessé de mettre en avant, assure que sa défaite signifierait que le résultat du vote a été manipulé. "Ici, il y a eu de la fraude dans tous les bureaux de vote. Je n'en ai pas la preuve mais je le sais", assène son partisan.

Depuis la présidentielle de 2018, qui a porté l'actuel chef de l'Etat au pouvoir, le volume de "fake news" a quadruplé au Brésil. L'une des dernières en date met en avant une photo de Lula tenant une statue considérée comme satanique. Mais il s'agit en réalité d'un montage, comme le prouve le cliché original.

De son côté, Jair Bolsonaro s'est vu qualifier de cannibale par le Parti des travailleurs (PT) de Luiz Inacio Lula da Silva sur la base d'une affirmation remontant à 2016 et sortie de son contexte.

"C'est oeil pour oeil, dent pour dent"

Et pour combattre le fléau des fausses informations, des agences d'information ont vu le jour afin de vérifier les affirmations propagées. "Actuellement, les deux camps font usage de cette stratégie de désinformation", explique Natália Leal, directrice de la principale d'entre elles, l'Agência Lupa.

"La gauche y était réticente au début, mais maintenant c'est oeil pour oeil, dent pour dent - dans une proportion tout de même bien moindre que le camp Bolsonaro", précise-t-elle.

Indépendamment du résultat de l'élection, la désinformation a déjà miné la confiance d'une partie des Brésiliens en leurs institutions et donc en la démocratie.

>> Lire aussi : Grande manif pour la démocratie au Brésil à l'approche de la présidentielle

Ingrid Piponiot

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Bataille aussi sur le terrain judiciaire

Les deux camps déposent quasi quotidiennement des requêtes pour faire supprimer des médias et réseaux sociaux les posts ou vidéos qu'ils considèrent comme des allégations mensongères à l'encontre de leur candidat.

Mais selon un décompte du Tribunal électoral fédéral (TSE) brésilien en fin de semaine dernière, le Parti des travailleurs (PT) de Lula obtient beaucoup plus souvent gain de cause que son adversaire, le Parti libéral (PL) de Jair Bolsonaro.

Le premier avait obtenu jusqu'à cette date 42 décisions favorables, contre seulement 6 au second. Le PT dépose cependant nettement plus de demandes que le PL.

Il faut savoir également que les décisions du TSE ne sont que peu suivies d'effets concrets: des millions de posts ou vidéos censés être retirés restent en ligne.

L'écart se resserre entre les deux candidats

Jair Bolsonaro comble légèrement son retard sur son adversaire Lula dans un sondage publié mercredi dans la perspective du second tour du 30 octobre.

L'ancien président de gauche est crédité de 52% des intentions de vote exprimées, contre 48% au chef d'Etat sortant, selon ce sondage de l'institut de référence Datafolha dont la marge d'erreur est de deux points.

Dans une précédente enquête, publiée le 14 octobre, Lula était crédité de 53% des intentions de vote, contre 47% pour Jair Bolsonaro.