La Somalie a déjà affronté quatre saisons des pluies sans pratiquement aucune précipitation et traverse actuellement une cinquième saison qui s'annonce identique.
Quelque 7,8 millions de personnes, soit près de la moitié de la population, souffrent aujourd'hui de malnutrition, dont 213'000 sont en grand danger de famine, selon l'ONU.
L'aide humanitaire permet pour l'instant de limiter les dégâts, mais les prévisions sont dramatiques. La situation risque d'être pire que lors de la dernière famine de 2011 qui avait fait 260'000 morts, dont plus de la moitié d'enfants de moins de cinq ans.
"Je n'ai jamais connu une détérioration aussi rapide"
Pour Laura Turner, directrice adjointe du Programme Alimentaire Mondial (PAM) à Mogadiscio, la situation est sans précédent.
"Je travaille dans l'humanitaire depuis vingt ans, j'ai connu un certain nombre de situations d'urgence, mais je n'ai jamais connu une crise de cette ampleur et une détérioration aussi rapide de la situation comme je le vois ici en Somalie", témoigne-t-elle dimanche dans le 12h30 de la RTS.
Laura Turner décrit des familles affrontant des situations dramatiques. "Ils ont perdu les maigres récoltes de leur foyer à cause de l'absence de pluie (…) Ils n'ont pas de revenus et le coût des aliments augmente parce que la Somalie est fortement dépendante de l'Ukraine et de la Russie pour ses importations de blé", raconte-t-elle. "Ils ne savent pas ce que sera leur futur. Et ils n'ont rien plus vers quoi repartir."
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La plus grande opération en cours du PAM
Ces derniers mois, le PAM a étendu ses activités en Somalie, pour venir en aide à un nombre record de personnes. Cette crise représente désormais la plus grande opération de l'organisation dans le monde.
En septembre, l'organisme onusien a distribué de la nourriture et de l'argent à près de 4,2 millions de personnes dans le pays.
L'Organisation mondiale de la santé a également besoin de fonds supplémentaires pour atteindre tous ceux qui en ont besoin et craint de grandes épidémies de choléra ou de rougeole.
"Nous l'avons vu, les décès et les maladies prospèrent lorsque la faim et les crises alimentaires se prolongent", a averti le responsable de l'OMS.
oang avec afp