Ces doctoresses et docteurs partent de plus en plus jeunes, souvent dès leurs études. Deborah Repullo, la trentaine, est arrivée à Bruxelles en 2014. Aujourd’hui chirurgienne digestive, elle explique que les conditions en Espagne ne l'ont pas retenue.
"Je voyais les conditions de travail autour de moi avec les médecins chez qui je faisais des stages: il y avait énormément de CDD", indique-t-elle. "Mais pas comme on les connaît en France ou en Belgique: des CDD d'un mois, une semaine, trois semaines, pour faire des gardes", détaille-t-elle. "Cela ne me donnait pas envie", souligne la chirurgienne.
Je me suis dit: 'si je peux partir, je pars'.
Surmenage dangereux pour les patients
Membre de la Confédération nationale des syndicats des médecins, Sheila Justo décrit, elle, une surcharge de travail quotidienne.
"Nous voyons entre 70 et 80 patients en une après-midi", assure-t-elle. "Parfois, deux à trois patients ont un rendez-vous à la même heure. Il y a une telle surcharge dans le système que nous n’avons même pas le temps suffisant de voir les patients", déplore la médecin.
Cela peut finir par mettre en danger ces patients.
Mouvement vers l'Europe
La plupart des médecins émigrent dans des pays européens, en France, en Belgique ou en Allemagne. A l'image d'Alejandro Barros, qui est arrivé à Cologne, en Allemagne, en 2017, pour réaliser sa formation de neurologue. En tant que président de l’Association des médecins espagnols en Europe, il pense que la fuite va continuer.
"Même s’il y a plus de places de médecins, tant que les pouvoirs publics n’offriront pas de garanties minimales et stables, il y aura toujours une fuite à l’étranger", estime-t-il. "Nous ne sommes pas stupides, nous avons tous internet, des contacts, ce n’est pas comme avant. Les médecins partent et le gouvernement finance en fait une formation pour que nous partions en Europe", s'étrangle-t-il.
Cet exode est d'autant plus dramatique que 9000 médecins vont manquer en Espagne d’ici 2027, selon le ministère de la Santé espagnol.
Valérie Demon/ami