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La malnutrition s'installe au Kenya, un effet de la guerre en Ukraine

Conséquence de la guerre en Ukraine, l’inflation se répercute jusqu’en Afrique, où certains pays sont exposés à la malnutrition
Conséquence de la guerre en Ukraine, l’inflation se répercute jusqu’en Afrique, où certains pays sont exposés à la malnutrition / 19h30 / 2 min. / le 25 octobre 2022
Au Kenya, la hausse des prix des céréales due à la guerre en Ukraine vient s'ajouter à plusieurs années de sécheresse. Des millions de personnes souffrent de malnutrition et, sans aide internationale, la famine menace.

C'est un dommage collatéral de l'invasion russe en Ukraine. A plus de 10'000 kilomètres de Kiev, l'inflation ne cesse d'augmenter depuis sept mois au Kenya. Elle a atteint son plus haut niveau depuis cinq ans et frappe aussi bien le carburant, l'électricité et le gaz que les prix alimentaires, avec des conséquences parfois dramatiques.

Dans les régions les plus reculées du nord-ouest du pays, la situation est de plus en plus intenable, avec des millions d'habitantes et habitants qui ne survivent que grâce à l'aide alimentaire d'urgence. Et cette dernière commence à manquer.

"Ici, nous pouvons à peine couvrir 65% des besoins", confirme mardi dans le 19h30 John Bundotich, qui travaille comme logisticien pour l'ONG Vision du Monde. Conséquence: les dispensaires ne désemplissent pas et les cas de malnutrition sont légion, en particulier chez les enfants.

De précieuses barres ultra-vitaminées

Car les difficultés d'approvisionnements et la flambée des cours de produits agricoles ont fait exploser le prix d'un aliment essentiel à la survie de centaines de milliers d'enfants: le "plumpy nut", une barre de céréales nutritive à base d'arachide, de sucre et d'huile végétale qui est utilisée pour traiter les cas de malnutrition sévère.

Les donneurs ne peuvent pas donner autant qu'ils donnaient avant pour le Kenya

Dr Lamech Otieno, Vision du Monde

Fabriquées par une entreprise française, ces barres de céréales ont vu leur prix augmenter de 25% depuis le début du conflit ukrainien et les quantités manquent cruellement au Kenya.

"L'approvisionnement en 'plumpy nut' est bien inférieur aux besoins réels", observe le docteur Lamech Otieno, de Vision du Monde. "Les donateurs concentrent maintenant leurs aides pour l'Ukraine", ajoute-t-il. Et "les donneurs ne peuvent pas donner autant qu'ils donnaient avant pour le Kenya".

La pire situation depuis 40 ans

Comme le Kenya, de nombreux pays africains sont confrontés à l'une des crises alimentaires les plus alarmantes depuis des décennies tant par sa gravité que par son étendue géographique, avertit le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) qui a lancé un appel d'urgence début octobre.

Dans la Corne de l'Afrique, 50 millions de personnes souffrent de l'insécurité alimentaire engendrée par les conflits armés et par des événements climatiques extrêmes. L'ensemble de la région subit une sécheresse grave après quatre années sans véritable saison des pluies. Au Soudan du Sud, c'est à l'inverse des inondations qui ont détruit les récoltes.

>> Lire aussi : L'absence de pluie mène la Somalie au bord d'une famine sévère et Plus de 900'000 personnes touchées par des inondations au Soudan du Sud

A l'autre bout du continent, au Sahel, le nombre de personnes qui ont besoin d'aide d'urgence a quadruplé en sept ans, s'élevant désormais à 30 millions de personnes. A ces événements géopolitiques et climatiques extrêmes vient se greffer l'inflation, qui met des pans entiers du sud du continent, le Zimbabwe par exemple, dans des situations d'insécurité alimentaire graves.

Reportage TV: Pierre Morel (au Kenya)

Adaptation web: jgal

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