Publié

En Ukraine, de plus en plus d'hélicoptères russes sont abattus

Un hélicoptère d'attaque russe Ka-52  vole près d'un bâtiment fortement endommagé dans la ville de Popasna, dans la région de Lougansk. [reuters - Alexander Ermochenko]
Un hélicoptère d'attaque russe Ka-52 vole près d'un bâtiment fortement endommagé dans la ville de Popasna, dans la région de Lougansk (est). - [reuters - Alexander Ermochenko]
Les munitions d'artillerie s'épuisant par endroits, le commandement russe aurait de plus en plus recours à des opérations par hélicoptère à haut risque pour fournir un soutien à ses troupes au sol. Conséquence, de plus en plus d'engins sont abattus par les défenses ukrainiennes.

C'est un constat que fait le ministère britannique de la Défense. L'Ukraine aurait abattu au moins 23 hélicoptères d'attaque russes Ka-52 "Alligator" depuis le début de l'invasion de l'Ukraine il y a de cela huit mois.

Un chiffre qui représente plus de 25% de la flotte totale de Ka-52 de l'armée de l'air russe et près de la moitié des pertes totales d'hélicoptères en Ukraine.

Un hélicoptère de reconnaissance et d'attaque Ka-52 "Alligator" est vu lors d'essais en vol menés par l'armée de l'air russe sur un aérodrome militaire de la région de Rostov, en Russie, le 19 janvier 2022. [reuters - Sergey Pivovarov]
Un hélicoptère de reconnaissance et d'attaque Ka-52 "Alligator" est vu lors d'essais en vol menés par l'armée de l'air russe sur un aérodrome militaire de la région de Rostov, en Russie, le 19 janvier 2022. [reuters - Sergey Pivovarov]

Si le ministère ne dit pas quelles sont ses sources, les chiffres sont en adéquation avec le site militaire Oryx, qui suit depuis le début de la guerre les pertes en matériel des deux camps. Oryx dit par ailleurs avoir documenté la perte de 31 autres hélicoptères russes, qu'ils soient d'attaque ou de transport. Un chiffre qui pourrait être "nettement sous-estimé".

Les redoutables systèmes anti-aérien portatifs

Les deux principaux hélicoptères d'attaque russes, le Mil Mi-28 et donc le Ka-52, sont capables de tirer des missiles à guidage laser. Avant de frapper, les engins doivent cependant souvent voler à quelques dizaines ou centaines de mètres du sol pour engager leurs cibles, ce qui les laissent brièvement exposés.

Pour le ministère britannique de la Défense, les hélicoptères d'attaque russes font donc principalement les frais de l'efficacité des systèmes portables de défense anti-aérienne (manpads, en anglais, n.d.l.r.) comme les lance-missiles américains FIM-92 Stinger ou russes 9K32 Strela-2.

La prolifération de ces systèmes côté ukrainien et le fait que l'armée de l'air russe n'a toujours pas réussi à éliminer les défenses aériennes classiques de l'armée ukrainienne laissent par ailleurs bien souvent les hélicoptères sans la couverture aérienne supérieure des avions de chasse. En d'autres termes, et comme l'expliquait la RTS au début du conflit, l'échec de la Russie à avoir le contrôle du ciel ukrainien continue grandement à miner sa campagne militaire.

>> Relire aussi : Les points faibles des hélicoptères exacerbés par la guerre en Ukraine

Guerre des chiffres

Sans surprise, Kiev annonce des chiffres à la hausse. Au cours des deux dernières semaines, l'armée ukrainienne a, par exemple, déclaré avoir abattu près d'une douzaine d'hélicoptères russes, dont quatre en seulement 18 minutes le 12 octobre dernier. Au total, l'Ukraine revendique même avoir détruit 271 avions de chasse et de transport et 248 hélicoptères russes depuis le début de l'offensive. Des chiffres qui sont bien loin des 63 avions et 54 hélicoptères qui ont pu être vérifiés de manière visuelle.

En étant engagés directement sur le terrain, les Ukrainiens sont bien entendu ceux qui disposent des chiffres les plus précis, mais le brouillard de la guerre engendre logiquement des surestimations vouées à booster le moral des troupes mais sans doute aussi à montrer aux Occidentaux que les livraisons d'armes ont leur effet, et qu'il faut donc continuer d'en envoyer.

Si le ministère britannique de la Défense explique que la puissance de feu aérienne est toujours nettement à l'avantage de la Russie, les pertes du Kremlin en hélicoptères et en avions restent considérables, alors que les experts militaires estimaient que la supériorité aérienne serait acquise au bout de quelques jours ou de quelques semaines seulement.

Le général Sergueï Sourovikine, en charge des opérations russes en Ukraine. [Sputnik/reuters - Mikhail Metzel]
Le général Sergueï Sourovikine, en charge des opérations russes en Ukraine. [Sputnik/reuters - Mikhail Metzel]

Pour Moscou, le rythme de ces pertes pourrait à terme devenir insoutenable. De nombreux analystes se demandent en effet comment l'industrie de défense russe sous sanctions pourra tenir la cadence.

Interviewés par le quotidien espagnol El Pais, des officiels de l'ONU préférant garder l'anonymat disent craindre que dans l'espoir de minimiser ses pertes, le général Sourovikine décide d'accentuer encore les bombardements indiscriminés, à des distances de sécurité où hélicoptères et avions ne pourraient être frappés, et l'usage massif de drones kamikazes, bien meilleur marché.

Tristan Hertig

Publié