Le groupe chinois Cosco ne pourra plus acquérir qu'une part "inférieure à 25%" dans ce terminal, au lieu des 35% visés, "ce qui permettra d'empêcher une prise de participation stratégique", a indiqué le ministre de l'Economie, qui invoque la protection "de la sécurité et l'ordre public".
Cette décision en forme de compromis, qui avait déjà filtré de source gouvernementale mardi, vise à faire taire les critiques contre le chancelier Olaf Scholz, en Allemagne et dans l'Union européenne, pour son soutien supposé à l'investissement chinois dans cette infrastructure économique stratégique.
Elle intervient aussi alors que le chancelier doit se rendre la semaine prochaine en Chine, la première visite officielle d'une dirigeant européen depuis novembre 2019.
Olaf Scholz favorable au projet
Selon les médias allemands, Olaf Scholz, lui-même ancien maire de Hambourg, a refusé de bloquer cette transaction qui a fait l'objet d'un accord préliminaire avec Cosco il y a un an. Ce faisant, il s'est attiré la foudre de six ministères de son gouvernement, dont ceux de l'Economie, de l'Intérieur et de la Défense, qui étaient opposés au projet.
L'armateur chinois a réagi à l'annonce en laissant perler une certaine irritation. "Nous espérons que les parties concernées vont considérer une collaboration pragmatique entre la Chine et l'Allemagne de façon rationnelle et arrêter de faire un battage sans fondement", a déclaré un porte-parole du ministère des Affaires étrangères. "La collaboration repose sur un bénéfice mutuel" entre les deux pays, a-t-il insisté.
Participation "purement financière"
Toute tentative du géant chinois d'augmenter sa participation au-delà du seuil de 25% sera soumis à un examen gouvernemental, précise le ministère de l'Economie. Par ailleurs, l'acquéreur n'est pas autorisé à exercer de contrôle sur l'activité du terminal portuaire, en négociant par exemple "des droits de veto sur des décisions stratégique ou de personnel", ajoute-t-il.
Au final, l'investissement de Cosco est réduit à "une participation purement financière", assure le communiqué.
Troisième port commercial en Europe
Hambourg est le premier port commercial d'Allemagne et le troisième en Europe derrière Rotterdam (Pays-Bas) et Anvers (Belgique). Cosco est, lui, le premier armateur chinois.
Les partisans du projet ont fait valoir que des prises de participation chinoises existent déjà dans d'autres ports d'Europe et que Hambourg pourrait souffrir d'un désavantage compétitif. Les opposants estiment eux que les temps ont changé, l'UE accordant une plus grande importance à la protection des infrastructures critiques depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Problèmes de dépendance envers l'étranger
L'Allemagne a été critiquée pour ne pas avoir tenu compte, ces dernières années, des avertissements concernant sa dépendance au gaz russe. "C'est mieux de vendre 24,9% que plus de 30%, mais la décision est mauvaise", a réagi le président de la commission parlementaire aux affaires européennes Anton Hofreiter.
L'argument du chancelier et de son parti social-démocrate "selon lequel il s'agit d'un projet scientifique rappelle les déclarations autour de la Russie et (du gazoduc) Nord Stream", a déclaré l'écologiste dans une réaction au groupe de médias Funke, jugeant la position "dans le meilleure des cas naïve".
Le chef de l'opposition conservatrice Friedrich Merz a lui aussi qualifié la décision d'autoriser l'investissement de "mauvaise".
"Je ne comprends pas comment le chancelier peut continuer à y tenir dans une telle situation", a-t-il déclaré à la télévision publique ARD, soulignant qu'il s'agit à ses yeux "d'une question fondamentale portant sur les intérêts sécuritaires" de l'Allemagne.
afp/avjo