"Roi des mensonges", "bandit, "déséquilibré": le candidat de gauche du Parti des travailleurs (PT) Lula et le président sortant d'extrême droite Jair Bolsonaro (Parti libéral, PL) se sont à nouveau lancé des noms d'oiseaux lors de cet ultime débat de plus de deux heures sur TV Globo, la chaîne la plus regardée du Brésil.
Aucun affrontement sur les programmes
Les deux candidats n'ont cessé de s'accuser mutuellement de mentir, laissant loin derrière les projets concrets de gouvernement pour les quatre années de mandat en jeu au scrutin de dimanche.
"Lula, arrête de mentir, rentre chez toi!", a lancé Jair Bolsonaro, 67 ans, qui a été jusqu'à déclarer que son adversaire devrait "se faire exorciser pour arrêter de mentir".
"Ce type est le plus grand menteur de l'histoire du Brésil", a rétorqué l'ancien chef de l'Etat de gauche qui a fêté ses 77 ans jeudi.
Les problèmes d'érection se sont même invités dans le débat. "Tu prends du Viagra?", a demandé Jair Bolsonaro à Lula. Ce dernier venait de lui demander des comptes sur l'achat controversé de 35'000 pilules de ce médicament pour l'armée.
Attaque contre la politique étrangère de Bolsonaro
Lula a tout de même attaqué son adversaire sur sa politique internationale, un sujet qui n'avait pratiquement pas été abordé lors des débats télévisés précédents. "Sous ton gouvernement, le Brésil est devenu un paria. Personne ne veut te recevoir et personne ne vient ici", a-t-il lancé.
L'ancien chef de l'Etat (2003-2010) a rappelé qu'il avait été reçu avec tous les honneurs au palais de l'Elysée par le président français Emmanuel Macron en novembre 2021. "Il se prend pour le petit père des pauvres", a ironisé Jair Bolsonaro.
Un combat aussi physique dans l'arène médiatique
Au-delà de la joute verbale, le duel était également physique. Chaque candidat tentait d'occuper au mieux le terrain dans le studio transformé en arène pour un combat sans merci. "Reste ici, Lula!", a dit le président sortant, tandis que son adversaire lui tournait le dos.
"Non, je ne veux pas rester près de toi!", a répondu l'ancien métallurgiste, qui s'est souvent approché tout près des caméras pour s'adresser aux téléspectateurs les yeux dans les yeux. Le débat a été interrompu à plusieurs reprises par des cris des équipes de campagne pour tenter de déstabiliser les candidats.
Un "anti-débat" sans nouveauté
Le débat de vendredi a eu lieu lors de la dernière ligne droite d'une campagne souvent ordurière, pleine de coups bas et de désinformation massive sur les réseaux sociaux. "C'était un anti-débat, sans la moindre nouveauté qui puisse changer la donne", a estimé le chroniqueur politique Otavio Guedes sur la chaîne Globonews.
La crainte des analystes, pour dimanche, est que que Jair Bolsonaro conteste le résultat en cas de défaite. Il pourrait alors alimenter les velléités de violence, à l'image de l'invasion du Capitole à Washington après la défaite de Donald Trump à la présidentielle américaine en janvier 2021.
afp/oang
Léger avantage pour Lula dans les sondages
Lula a légèrement augmenté (de quatre à six points) son avance dans le dernier sondage de l'institut de référence Datafolha, publié jeudi, avec 53% des intentions de vote exprimées, contre 47% pour le président d'extrême droite.
Au premier tour, le 2 octobre, Lula était arrivé en tête avec 48% des voix, contre 43% pour Jair Bolsonaro. Mais le score du président d'extrême droite s'est révélé bien plus élevé que ce que prédisaient les sondages, lui donnant un certain élan pour la campagne de l'entre-deux tours.
>> Lire : Lula devance de peu Jair Bolsonaro, le Brésil en route pour un second tour
Deux couacs majeurs pour le chef de l'Etat
L'élan dont a bénéficié le président sortant au premier tour été freiné par deux couacs majeurs durant l'entre-deux tours.
Le ministre de l'Economie Paulo Guedes a eu des propos malvenus, indiquant que l'augmentation du salaire minimum pourrait ne plus être indexée sur l'inflation.
Et l'arrestation rocambolesque d'un ex-député bolsonariste a fait la Une des médias il y a quelques jours: il a tenté de résister armes à la main en blessant des policiers à la grenade.