A Zubin Potok, petite ville du nord du Kosovo, la plupart des voitures affichent toujours les mêmes plaques d’immatriculation serbes "KM", pour Kosovska Mitrovica. Mais la plupart des 50'000 Serbes qui habitent encore la région auraient dû les remplacer par des plaques kosovares.
"Personne n'a changé ses plaques"
"Avec nos plaques KM, on peut seulement circuler dans le nord du Kosovo", explique un conducteur dans le 12h30 de la RTS. "On ne peut même plus aller à Pristina, parce que les autorités les considèrent comme illégales. Mais ici, à Zubin Potok, personne n’a changé ses plaques."
Depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre kosovar Albin Kurti veut pousser Belgrade à reconnaître la souveraineté de son pays en imposant des mesures de réciprocité. Et cette question des plaques d’immatriculation s’est retrouvée au cœur du bras de fer à fin juillet, quand la minorité serbe a érigé des barricades le long des routes.
"Si Belgrade et Pristina ne trouvent pas un accord (...), c’est sûr qu’il y aura de nouvelles tensions", avertit Milica Andric. "Si le gouvernement du Kosovo confisque les voitures, évidemment que les gens vont vouloir défendre leur propriété privée", souligne cette figure de la société civile dans le nord du Kosovo.
Vers une reconnaissance de fait du pays
Le président serbe Aleskandar Vucic ne cesse de répéter qu'il ne reconnaîtra jamais l’indépendance de son ancienne province. Mais il est de plus en plus confronté à la réalité.
"Cela fait des années que la Serbie s'oriente sans le dire vers la reconnaissance du Kosovo", explique la politologue Katarina Tadic. "De nombreuses décisions antérieures, notamment dans le domaine judiciaire, ont été des étapes vers la reconnaissance de facto de la compétence des institutions kosovares sur le territoire du Kosovo", explique-t-elle.
L'Otan sur ses gardes
Alors que le dialogue entre Pristina et Belgrade fait du surplace, la force de l’Otan au Kosovo a prévenu qu’elle réagirait en cas de tentative de déstabilisation de la région.
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Louis Seiller/oang