Déplorant "une tragédie et un désastre qui n'auraient pas dû se produire", le président sud-coréen Yoon Suk-yeol a promis que son gouvernement enquêterait rigoureusement pour déterminer les causes de la catastrophe et s'assurer qu'elle "ne se reproduise plus".
"J'ai le coeur lourd et il m'est difficile de contenir mon chagrin", a ajouté le chef de l'Etat dans une adresse télévisée. Il s'est rendu dimanche matin sur le lieu du drame, vêtu du blouson vert des secours d'urgence, et a décrété le deuil national.
Un deuil national décrété
La nuit a viré au cauchemar à Itaewon, quartier situé près d'une ancienne base militaire américaine et connu pour son atmosphère cosmopolite, ses bars et ses lieux de fête en tout genre dans un dédale d'étroites ruelles.
Environ 100'000 personnes, selon les estimations des médias, étaient venues fêter Halloween pour la première fois depuis le début de la pandémie de coronavirus.
L'accident s'est produit samedi vers 22h00 (15h00 en Suisse) près de l'hôtel Hamilton, situé sur une avenue principale entourée de ruelles en pente raide.
Le mouvement de foule, dont on ignore pour le moment ce qui l'a déclenché, a fait au moins 153 morts, 97 femmes et 54 hommes, ont indiqué les pompiers à l'AFP. Ils ont ajouté que la catastrophe avait fait 89 blessés.
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De nombreuses personnes manquantes
Vingt-six ressortissants étrangers venant de 15 pays figurent parmi les personnes tuées, a déclaré le ministère sud-coréen des Affaires étrangères.
Parmi les étrangers tués figurent des ressortissants de France, d'Iran, de Chine, d'Ouzbékistan, de Norvège et du Japon, selon l'agence Yonhap. Deux Russes figurent aussi parmi les morts, selon l'agence Tass.
A la mi-journée dimanche, au moins 90% des victimes avaient été identifiées, a déclaré le ministère de l'Intérieur.
Contacté par l'agence Keystone-ATS, un porte-parole du Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a indiqué dimanche que la représentation suisse à Séoul est en contact avec les autorités. Il a aussi dit qu'aucune information sur des victimes suisses n'est actuellement disponible.
Les autorités de Séoul ont par ailleurs fait état de 355 personnes manquantes tôt dimanche matin.
Les condoléances d'Ignazio Cassis
Le président de la Confédération Ignazio Cassis a exprimé dans la soirée sur Twitter ses condoléances "aux familles des victimes et à toutes les personnes affectées par la tragédie". "Le peuple sud-coréen est dans mes pensées", a-t-il écrit.
De nombreux autres dirigeants internationaux ont fait part de leur consternation. "Nous pleurons avec le peuple de la République de Corée et adressons nos meilleurs voeux de prompt rétablissement à tous ceux qui ont été blessés", a déclaré dans un communiqué le président américain Joe Biden.
"Je suis terriblement choqué et profondément attristé" par cet accident "qui a pris trop de vies précieuses, y compris celles de jeunes gens qui avaient l'avenir devant eux", a déclaré pour sa part le Premier ministre japonais Fumio Kishida.
Le président chinois Xi Jinping s'est également dit "choqué" et a présenté ses "profondes condoléances" au "nom du gouvernement chinois et du peuple de Chine", dans un message adressé au président sud-coréen Yoon Suk-yeol.
Le président français Emmanuel Macron a exprimé "une pensée émue pour les habitants de Séoul et pour l'ensemble du peuple coréen". "C'est un triste jour pour la Corée du Sud", a tweeté de son côté le chancelier allemand Olaf Scholz.
A l'issue de sa prière de l'Angelus sur la place Saint-Pierre, le pape François a demandé aux fidèles de prier "pour les si nombreuses personnes, en particulier les jeunes, qui sont mortes la nuit dernière à Séoul, conséquence tragique de l'entassement soudain de la foule".
afp/oang
Pascal Viot, expert en sécurité urbaine: "Dans l'accueil d'une foule, la planification est primordiale"
"Dans ce type de situation, on a affaire à ce que les Anglo-saxons appellent un 'crowd crush', c'est-t-dire une compression due à un trop grand nombre de personnes dans un espace contraint", analyse Pascal Viot, directeur de l’Institut suisse de sécurité urbaine et évènementielle, également en charge de la sécurité du Paléo Festival, dans l'émission Forum. "Ce serait donc une erreur de blâmer les membres de la foule, il s'agit plutôt, dans une optique de compréhension de l'incident, d'analyser la configuration des lieux", affirme-t-il.
"Dans ces drames, c'est très marginalement un cause volontaire, due à un comportement, mais c'est dans quasi toutes les situations des gens qui meurent en raison d'une surdensité et d'une compression potentiellement évitables", indique Pascal Viot.
L'expert insiste sur le travail à faire pour anticiper des flux humains, selon la morphologie des lieux, et sur l'importance de cartographier les voies d'accès, les croisements, les rétrécissements, les goulets d'étranglement, notamment ceux qui desservent les lieux d'attraction. "Ce travail d'anticipation est primordial: il s'agit de planifier le volume et le profil des personnes qui vont participer, autant d'éléments qui doivent être pris en compte en amont de la manifestation."