Pour l'écrivain Giuliano da Empoli, Vladimir Poutine joue "la carte du chaos" en Ukraine
Ancien conseiller du Premier ministre italien Matteo Renzi, Giuliano da Empoli connaît bien les arcanes du pouvoir. Dans son premier roman intitulé "Le Mage du Kremlin", l'écrivain italo-suisse propose une plongée derrière les portes dorées du gouvernement de Vladimir Poutine, un lieu de pouvoir, de trahison et de manipulation.
Il y décrypte méthodiquement les rouages du pouvoir russe, vertical et brutal. Le livre met en scène un personnage au service du tsar Poutine, personnage fictif mais directement inspiré de Vladislav Sourkov, l'un des idéologues les plus influents de Moscou. Bien qu'écrit avant l'invasion russe en Ukraine, ce roman éclaire les événements actuels.
"Le Mage du Kremlin" a récemment remporté le Grand Prix de l'Académie française. Giuliano da Empoli est désormais en lice pour le prix Goncourt, dont le lauréat sera dévoilé jeudi prochain à Paris.
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Une stratégie du chaos
Une part du destin de la planète se joue actuellement derrière les murs du Kremlin. Le dirigeant Vladimir Poutine fascine et certains s'interrogent sur la viabilité de son pouvoir après son invasion de l'Ukraine.
"L'erreur de calcul de Poutine en Ukraine a été très importante par rapport à ses attentes. Il pensait pouvoir y imposer son ordre et il n'a manifestement pas réussi", commente Giuliano da Empoli, lundi sur le plateau du 19h30.
Le président russe peut en revanche "jouer la carte du chaos", une stratégie qu'il maîtrise bien et qu'il mène plutôt avec succès actuellement sur le terrain en Ukraine, estime l'écrivain.
Plusieurs factions s'affrontent aujourd'hui en Russie. Selon Giuliano da Empoli, "Poutine a toujours été très bon à les opposer les unes contre les autres pour maintenir son pouvoir et à trouver des boucs émissaires quand les choses se passent mal". "Tant qu'il réussira à maintenir cette position en survol, avec des courtisans qui se battent en dessous de lui, cela ne se passera pas si mal pour lui", avance-t-il.
Propos recueillis par Philippe Revaz/iar