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Des législatives qui s'annoncent serrées au Danemark, champion de la rigueur migratoire

La Première ministre danoise Mette Frederiksen photographiée le 1er novembre 2022. [AFP - Sergei Gapon/Anadolu Agency]
Des législatives qui s'annoncent serrées au Danemark / Le Journal horaire / 19 sec. / le 1 novembre 2022
Le Danemark vote mardi pour des législatives dont dépend le maintien de la Première ministre sociale-démocrate Mette Frederiksen. A 44 ans, celle-ci mène une politique de centre gauche décomplexée, rivalisant avec la droite et l'extrême-droite.

C'est un scénario à la Borgen, du nom de la célèbre série politique, qui pourrait bien rattraper le Danemark mardi soir, vers 21h30, lorsque tomberont les premiers résultats des élections législatives organisées ce 1er novembre. Au total, pas moins de 14 partis ont présenté des listes pour les 179 sièges du Folketinget, dont quatre sont réservés aux territoires ultra-marins: le Groenland et les îles Féroé.

Du vote dépendra la composition du prochain gouvernement et, notamment, le maintien de la Première ministre sociale-démocrate Mette Frederiksen, leader incontestée de la gauche danoise. Son "bloc rouge" est crédité de 47,1 à 49,1% dans les derniers sondages.

En face, la droite et l'extrême droite se rangent derrière deux candidats qui veulent prendre sa place: le libéral Jakob Ellemann-Jensen et le conservateur Soren Pape Poulsen. Leur bloc "bleu", alliance informelle des partis libéraux et conservateurs avec trois formations populistes, rallierait 40,9 à 43,6% des voix.

La balle au centre

Selon les études d'opinion, aucun bloc ne pourra gouverner sans le soutien d'un troisième homme, l'outsider centriste et ex-Premier ministre, Lars Lokke Rasmussen, qui rassemblerait jusqu'à 10% des suffrages.

Il y a une grande volatilité chez les électeurs danois: environ 40% change de parti

Rune Stubager, professeur de sciences politiques à l'Université d'Aarhus

"S'il n'y a pas de majorité, ce qui semble se profiler, les Modérés sont indispensables pour former un gouvernement, confirme Rune Stubager, professeur de sciences politiques à l'Université d'Aarhus. Les deux camps ont donc multiplié les appels du pied.

L'actuelle Première ministre, qui est la candidate préférée de 58% des Danois à sa propre succession, a repris l'idée d'un gouvernement de coalition entre gauche et droite, dirigée par elle-même et s'est dite prête à réformer le système de santé pour accommoder les Modérés. De son côté, le chef de file des libéraux a appelé au retour de Lars Lokke Rasmussen dans son ancien parti.

Unis sur la migration

Après une campagne dominée par le climat, l'inflation et le système de santé, près d'un quart des électeurs sont encore indécis. Pour les électeurs, il est parfois difficile de soutenir la politique de centre gauche que mène Mette Frederiksen, qui a repris à son compte la rigueur migratoire décomplexée au nom de la défense de l'Etat-providence.

Apôtre de la politique "zéro réfugié", l'actuel gouvernement social-démocrate travaille par exemple à la mise en place au Rwanda d'un centre de gestion des demandeurs d'asile sur le modèle britannique.

La gauche poursuit également certains chantiers mis en place par la droite avant son arrivée au pouvoir, le relèvement de l'âge de départ à la retraite et le démantèlement de certains "ghettos" en font partie.

>> Voir le reportage du 19h30 sur le système de retraites au Danemark :

Les seniors danois sont encouragés à rester le plus longtemps possible sur le marché du travail
Les seniors danois sont encouragés à rester le plus longtemps possible sur le marché du travail / 19h30 / 2 min. / le 27 octobre 2022

C'est avec ces compromis pragmatiques que Mette Frederiksen entend rester en poste. Députée depuis ses 24 ans, en 2001, cette ancienne ministre de l'Emploi puis de la Justice, mère de deux enfants, a pris en 2015 la tête des sociaux-démocrates, la plus grande formation politique danoise, à la faveur du départ d'Helle Thorning-Schmidt, première femme Première ministre du pays battue aux législatives.

Devenue elle-même Première ministre après les élections de 2019, elle dirige depuis un gouvernement minoritaire, exclusivement social-démocrate. Si elle a mené avec succès la bataille contre le Covid-19, Mette Frederiksen souffre de "la crise des visons": l'abattage qu'elle a ordonné pour raisons sanitaires de l'énorme cheptel d'animaux à fourrure du pays et qui s'est avéré illégal. 

Ambitions pour le climat

L'affaire a altéré sa popularité et précipité la convocation des élections, dans un pays très soucieux du climat et de biodiversité. Au Danemark, l'objectif est en effet de réduire de 70% les émissions d'ici 2030, contre 55% dans l'ensemble de l'UE, et d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2050, comme l'ensemble des pays européens.

Signe de son attachement à cet engagement, Mette Frederiksen a participé dimanche à une "Marche pour le Climat, parmi quelque 50'000 personnes. La gauche a en outre promis une loi sur la biodiversité et l'introduction d'une taxe carbone sur l'agriculture, une mesure soutenue par la majorité des autres formations.

A droite, le parti libéral mise lui plutôt sur le développement des solutions vertes tandis que l'extrême droite est ouverte à la construction de centrales nucléaires. C'est parmi toutes ces options que le Danemark choisit aujourd'hui.

jgal avec afp

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