Le Comité d'urgence de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) constate des progrès dans la lutte contre les flambées de variole du singe. Mais il fait preuve d'une grande prudence dans son communiqué, notamment à cause des nouvelles infections dans certains pays, du manque de moyens dans les pays pauvres ou encore du risque de stigmatiser les populations à risque.
Le groupe d'experts s'était réuni le 20 octobre dernier. A cette occasion, des scientifiques et autorités sanitaires interrogés par l'AFP avaient confirmé que l'épidémie de variole du singe était en plein recul tout en appelant à ne pas crier victoire trop vite.
Pas encore la fin de l'épidémie
"On s'achemine vers la fin, mais on n'y est pas encore", disait ainsi le virologue Jean-Claude Manuguerra. "Une épidémie de monkeypox si importante en si peu de temps, c'est du jamais vu", avait rappelé le chef de l'unité Environnement et risques infectieux à l'Institut Pasteur en France.
Depuis la mi-juillet, la courbe des contaminations a très nettement baissé, notamment en Europe de l'Ouest et en Amérique du nord. Mais certains pays d'Amérique centrale et latine connaissent encore une hausse.
Et si l'épidémie décline, soulignaient d'autres spécialistes, c'est largement dû au changement de comportements au sein des communautés à risque. La vaccination, elle, a joué un rôle "mais le nombre de vaccins disponibles reste faible", rappelait Carlos Maluquer de Motes, professeur de virologie à l'Université britannique du Surrey.
Vaccin toujours conseillé
Le vaccin est néanmoins toujours conseillé en prévention et en post-exposition pour les personnes à risque. Son efficacité clinique n'est pas encore étayée par des "données solides", selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), mais elle présente des résultats préliminaires positifs.
En tout état de cause, "des incertitudes importantes demeurent sur l'évolution de l'épidémie", souligne l'organisme de l'UE.
Ses experts dessinent quatre scénarios: un rebond de l'épidémie, lié notamment au retour de comportements à risque; une circulation réduite du virus avec des flambées sporadiques; un recul persistant; ou l'élimination de la maladie en Europe.
Urgence de santé publique depuis juillet
Et la variole du singe, érigée en urgence de santé publique internationale le 23 juillet, garde donc encore ce statut tout comme le Covid.
"Une épidémie qui ralentit peut être plus dangereuse, car on peut penser la crise terminée et baisser notre prudence", avait prévenu à mi-octobre le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus.
La maladie est endémique dans certains pays d'Afrique de l'ouest. Elle se caractérise par des éruptions cutanées, qui peuvent apparaître sur les organes génitaux ou dans la bouche. Elle peut s'accompagner de poussées de fièvre, de maux de gorge ou de douleurs au niveau des ganglions lymphatiques.
afp/oang