Jordan Bardella élu président du Rassemblement national après 50 ans de règne des Le Pen
Déjà président par intérim, Jordan Bardella l'a sans surprise emporté facilement face à son adversaire du jour, le maire de Perpignan Louis Aliot.
L'eurodéputé de 27 ans, qui doit prononcer un discours en fin de journée, est le premier chef de ce parti en dehors de la dynastie familiale des Le Pen: Jean-Marie Le Pen a fondé le Front national en 1972 et celui-ci, devenu Rassemblement national entretemps, est dirigé par sa fille Marine Le Pen depuis 2011.
Un proche de Marine Le Pen
Originaire de Seine-Saint-Denis, Jordan Bardella s'est surtout révélé lors de la campagne présidentielle au gré de débats télévisés où son aisance et son habileté ont parfois mis en difficulté des contradicteurs chevronnés. Il va désormais devoir trouver sa place, alors que le parti a souvent réservé un sort cruel à ses numéros deux.
Le nouveau président du parti a pour lui d'avoir connu une fulgurante ascension, entamée en 2019 lorsqu'il avait pris la tête de la liste du Rassemblement national (RN) aux Européennes, avant de rafler la présidence par intérim l'an passé.
Populaire auprès de la base militante, le nouveau président loue sa "relation singulière d'une confiance inestimable" avec Marine Le Pen, à qui il jure régulièrement fidélité et loyauté. Mais il est aussi présenté par certains cadres comme "la créature" de la patronne de l'extrême droite française.
Au-delà de ses propres ambitions, c'est sa ligne, voire ses amitiés politiques que mettent en exergue ses détracteurs, l'eurodéputé étant soupçonné d'accointances avec les "identitaires" et d'une trop grande mansuétude envers ceux qui étaient partis chez Eric Zemmour.
Marine Le Pen pourra se concentrer sur l'Assemblée et la présidentielle
Pour Marine Le Pen, cette passation de pouvoir est avant tout un moyen de se libérer des tâches internes parfois ingrates, alors que l'épicentre du Rassemblement national se trouve désormais à l'Assemblée nationale, où la députée du Pas-de-Calais rayonne sur un groupe de 89 élus et consolide plus que jamais son assise politique et médiatique.
Délestée de l'intendance du RN, notamment de l'épineuse équation financière, elle pourra également peaufiner une quatrième candidature à la présidentielle en 2027, que personne dans le parti n'ose remettre en cause. Jordan Bardella a d'ailleurs déclaré à plusieurs reprises qu'il la soutiendrait.
Une exclusion pour racisme qui perturbe le parti
Initialement, cette journée devait être l'opportunité d'orchestrer une transition tranquille dans un parti à l'histoire mouvementée. Mais l'exclusion vendredi d'un député RN pour des propos jugés racistes à l'Assemblée nationale est venue perturber les préparatifs de cette intronisation.
Le RN a en effet semblé rattrapé par ses vieux démons lorsque ses députés, Marine Le Pen comprise, ont été les seuls à rester assis au moment du vote dans l'hémicycle de l'exclusion temporaire du député Grégoire de Fournas, après la vague d'indignation suscitée par ses propos jugés racistes. Jeudi, l'élu de Gironde avait interrompu la prise de parole de l'élu de la France Insoumise Carlos Martens Bilongo en criant "Qu'il retourne en Afrique", lui affirmant par la suite qu'il avait dit "Qu'ils retournent en Afrique", en parlant des migrants.
La stratégie de banalisation du parti, qu'a promis de poursuivre Jordan Bardella, s'en trouve ébranlée. D'autant que le député sanctionné a régulièrement affiché son soutien au candidat.
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boi avec afp