La Chine est la dernière grande économie à appliquer un protocole sanitaire radical, qui ne l'empêche pas d'être confrontée à une hausse des cas à l'approche de l'hiver.
La politique zéro Covid, en vigueur dans ce pays depuis bientôt trois ans, se traduit par des confinements à répétition, des tests PCR à grande échelle et une quarantaine obligatoire à l'arrivée de l'étranger, qui vont donc se poursuivre.
"À l'heure actuelle, la Chine est toujours confrontée à la double menace des infections importées et de la propagation des épidémies nationales", a argumenté le porte-parole de la Commission nationale de la santé Mi Feng lors d'une conférence de presse, jugeant la situation face à la pandémie "plus sombre et complexe que jamais".
Hausse des cas
"Nous devons continuer à donner la priorité aux personnes et aux vies", a martelé le porte-parole, alors que la Chine a enregistré samedi une hausse des cas, avec 3659 nouvelles infections, la plupart asymptomatiques, contre 2000 nouveaux cas positifs mercredi.
Le nombre de personnes en quarantaine dans le pays est désormais au plus haut depuis le confinement de Shanghai au printemps, note le cabinet Capital Economics, avec des foyers détectés dans plus de 50 villes.
Au sud, le territoire semi-autonome de Macao a annoncé mardi un dépistage général de ses 680'000 habitants après la découverte d'une poignée de cas. A Canton (sud), des confinements partiels avaient été décrétés lundi dans plusieurs quartiers.
A l'autre bout du pays, des foyers ont été détectés dans des villes du nord-est, près de la frontière avec la Russie et la Corée du Nord.
Les autorités chinoises ont confiné mercredi pour une semaine les 600'000 personnes vivant autour de l'usine qui fabrique la majorité des iPhone dans le monde, après la fuite d'employés inquiets par la découverte d'un foyer de Covid-19. La zone économique autour de l'aéroport de Zhengzhou (centre), où se trouve l'usine, emploie plus de 200'000 personnes.
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Effervescence des marchés boursiers
Depuis le début de la semaine, les marchés financiers étaient en pleine effervescence après une première rumeur véhiculée par des fonds d'investissements chinois quant à une éventuelle levée des mesures sanitaires en Chine, évoquant un allégement des restrictions en mars 2023.
Dans la foulée, un ancien responsable sanitaire chinois avait jugé "probable" un assouplissement dans les prochains mois, notamment la réduction de la quarantaine pour les voyageurs arrivant en Chine.
Face aux spéculations persistantes d'une réouverture prochaine de la deuxième économie mondiale, les valeurs de luxe, des matières premières et du secteur des technologies se sont particulièrement illustrées vendredi.
Les experts avaient pourtant enjoint les marchés boursiers à la plus grande prudence. La chute devrait se faire sentir lundi.
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Zéro Covid jusqu'à quand?
Les espoirs des investisseurs ont donc été déçus. Mais cela pose la question de savoir jusqu'à quand Pékin pourra continuer à ignorer l'impact de sa politique zéro Covid sur l'économie? Probablement aussi longtemps que le coût politique de la réouverture sera perçu comme plus élevé que le coût économique.
Le Parti communiste chinois se profile comme protecteur du peuple, les autorités soulignant le faible nombre de morts du Covid-19 en Chine en comparaison internationale. Le pays a enregistré un peu plus de 5000 décès.
En cas de réouverture rapide, le nombre de morts pourrait monter en flèche en raison de la faible exposition de la population au virus, mais aussi des vaccins chinois à l'efficacité moindre et des infrastructures sanitaires aléatoires.
La politique zéro Covid a donné lieu à une gigantesque mobilisation de ressources et d'individus, au point de créer un monstre bureaucratique, dont le démantèlement prendra du temps.
Un réouverture lente et graduelle?
La réouverture de la Chine, lorsqu'elle débutera, devrait être lente et graduelle. Dans cette perspective, le pays devra attendre de nouvelles campagnes de vaccination, ainsi que l'adoption de vaccins plus efficaces.
Une fois validée, la levée des mesures prendra plusieurs mois. La fin du zéro Covid n'est donc pas pour demain.
Sujet radio: Michael Peuker
Adaptation web: jfe avec ats