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L'Italie autorise 144 migrants à débarquer, mais refuse l'entrée de 35 hommes

Le navire Humanity 1 est arrivé à Catane, en Sicile, avec 179 migrants à bord. [Keystone - EPA/Orietta Scardino]
L'Italie mise sous pression pour accueillir des navires de migrants / La Matinale / 1 min. / le 7 novembre 2022
Le nouveau gouvernement d'extrême droite italien a autorisé dimanche le débarquement des mineurs et d'autres migrants souffrant de problèmes médicaux du navire de l'association SOS Humanity, mais a refusé de laisser débarquer 35 hommes adultes, a annoncé l'ONG.

Trois mineures et un bébé ont été les premiers à débarquer à l'aube, suivis des garçons mineurs et des hommes adultes ayant des problèmes médicaux, a déclaré l'attachée de presse de SOS Humanité.

Au total, 144 personnes ont débarqué du Humanity 1, navire sous drapeau allemand, à Catane, en Sicile.

En revanche, "35 adultes de sexe masculin sont toujours à bord. Pour l'instant, nous restons ici et attendons". "Les survivants sont extrêmement déprimés. Une personne vient de craquer", a-t-elle ajouté.

Le gouvernement italien reste inflexible

Le ministre de l'Intérieur Matteo Piantedosi avait déclaré samedi que le gouvernement ne ferait pas marche arrière quant à ses obligations humanitaires mais que ceux qui ne sont pas "qualifiés" devraient être pris en charge par l'Etat du pavillon du navire.

En milieu de semaine, le ministre des Affaires étrangères Antonio Tajani avait déclaré que le bateau Humanity 1 pourrait rester dans les eaux territoriales italiennes "le temps nécessaire pour que nous examinions toutes les urgences à bord". Et d'ajouter: "Nous accepterons toutes les personnes mineures, des femmes enceintes ou avec de jeunes enfants ou des personnes qui ont la fièvre", mais "toutes les personnes qui ne remplissent pas ces critères devront être reconduites hors de nos eaux territoriales par le navire".

Le nouveau gouvernement d'extrême droite italien, qui a prêté serment le mois dernier, s'est engagé à sévir contre les migrants par bateau venant d'Afrique du Nord vers l'Europe.

Le député de l'opposition Aboubakar Soumahoro, qui était présent lors du débarquement, a critiqué la "sélection des migrants naufragés", qui, selon lui, viole le droit international. Pour lui, le gouvernement traite "les naufragés, déjà épuisés par le froid, la fatigue, les traumatismes et la torture comme des objets".

Près de 1000 migrants dans quatre bateaux

Trois autres bateaux, qui transportent au total près de 1000 migrants, ont demandé de pouvoir accoster: le Rise Above, de l'ONG Mission Lifetime, également sous pavillon allemand, ainsi que l'Ocean Viking de SOS Méditerranée et le Geo Barents de Médecins sans Frontières, enregistrés eux en Norvège. Ce dernier a indiqué samedi avoir reçu l'autorisation d'entrer dans les eaux italiennes.

En revanche, le Rise Above est toujours bloqué en mer avec notamment 42 mineurs, dont huit bébés, à bord. L'Ocean Viking est lui en Méditerranée depuis près de deux semaines avec 234 naufragés à son bord, sans possibilité d'accoster.

22 demandes, 22 refus

Interrogée samedi dans Forum, la directrice générale pour la Suisse de SOS Méditerranée, qui gère l'Ocean Viking, dit ne pas trouver de solution. "Nous n'avons reçu aucune réponse à nos demandes de débarquement et on est dans l'attente d'un endroit sûr pour débarquer les rescapés. On doit être à la 22e demande. C'est la première fois de l'histoire de SOS Méditerranée qu'on fait autant de demandes", a déploré Caroline Abu Sada.

>> L'interview de Caroline Abu Sada dans Forum :

Des migrants attendent d'être secourus par les membres de l'équipage du navire de sauvetage de l'ONG "Ocean Viking" en mer Méditerranée, le 26 octobre 2022. [Reuters - Camille Martin Juan]Reuters - Camille Martin Juan
Le navire Ocean Viking est toujours en mer avec 234 rescapés à bord: interview de Caroline Abu Sa'Da / Forum / 4 min. / le 5 novembre 2022

>> Lire aussi : "On en est à la 22e demande": le navire humanitaire Ocean Viking reste bloqué en mer

Avec cette longue attente, la situation se dégrade peu à peu sur le navire. "On a affaire à des gens qui sont dans des états de santé physique et psychique assez dramatiques", décrit Caroline Abu Sada, ajoutant que des tensions commencent à naître entre les rescapés. "L'état de santé général se dégrade, c'est extrêmement compliqué pour les gens de n'avoir aucune perspective, aucune idée du temps que cela va prendre avant de pouvoir être débarqués dans un port sûr."

boi avec afp

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