Les journalistes canadiens ne sont pas les seuls à quitter la Chine. De plus en plus de médias internationaux n’ont plus de correspondants sur place ou seulement plus qu’une partie de leur équipe.
Ainsi, la BBC qui avait plusieurs reporters renommés sur place n'en a plus qu'un, à Pékin. Le bureau de Shanghai est vide. Si certains médias renoncent totalement aux correspondants sur place, d'autres ont une partie de leur personnel dans les pays voisins, comme en Corée du Sud, à Singapour ou à Taïwan. C'est d'ailleurs là que va se rendre le correspondant canadien, privé de visa.
Suite à ces départs, les autorités chinoises ont répondu qu'elles accueillaient toujours les journalistes étrangers et que malgré la pandémie elles avaient facilité les formalité de visas. Mais les journalistes "doivent faire des reportages sur la Chine de manière véridique et objective".
Accélération des départs depuis 2020
Beaucoup de départs de journalistes datent surtout de 2020. A l'époque, il s'agissait d'un bras de fer entre Américains et Chinois, lié au contexte politique entre les deux grandes puissances. Pékin avait expulsé les correspondants de grands médias, comme le New York Times, en leur retirant leur carte de presse, rappelle le club des correspondants étrangers en Chine. Selon les autorités chinoises, cette procédure était une réponse à la décision de Washington de réduire le nombre de journalistes chinois autorisés à travailler aux Etats-Unis.
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Depuis lors, la pandémie de coronavirus a encore changé les conditions d’entrée et de travail en Chine avec la politique zéro-Covid de Pékin.
L'attribution de nouveaux permis de résidence a été gelée un temps. Les précieux sésames sont également délivrés avec une certaine lenteur. Certains médias attendent le sésame pour renvoyer un journaliste depuis parfois plus de deux ans.
D'autres font en sorte que leur journaliste sur place tienne le coup le plus longtemps possible jusqu'à ce qu'ils obtiennent un visa pour un successeur. Mais dans ce contexte d'incertitudes, de tensions et de politique zéro-Covid, certains médias peinent à recruter des candidats au départ.
La RTS encore sur place
La RTS a encore un correspondant sur place, Michael Peuker. Celui-ci est toutefois souvent entravé dans son travail. Comme tous les habitants, il est régulièrement reconfiné, pour cause de cas Covid dans son immeuble ou simplement dans son quartier.
Quand il peut sortir, il doit se déplacer avec un QR code qui doit toujours rester vert. Pour le reportage, il est désormais extrêmement compliqué de se rendre dans d'autres provinces, qui ont chacune leur propre système de tests, de codes et de quarantaines.
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Selon Reporters sans frontières, la Chine se classe désormais 175e sur 180 dans le classement de la liberté de la presse.
Céline Tzaud/lan