Dix associations nationales de football rappellent la FIFA à ses engagements

Début novembre, la chaîne britannique Sky Sports révélait que la FIFA avait adressé un courrier aux fédérations participant à la Coupe du monde, appelant ces dernières "à se concentrer sur le football".

Le président Gianni Infantino et la secrétaire générale Fatma Samoura y demandaient notamment de ne pas "tirer le football dans des batailles idéologiques ou politiques", au nom du "respect pour la diversité des cultures et des nations" du monde.

Face à cette injonction, dix associations nationales européennes ont envoyé dimanche une lettre commune à l'instance dirigeante du football mondial, rapporte lundi le journal Le Temps. Elles y réaffirment leur volonté de défendre les droits humains, notamment ceux des travailleurs migrants, et de maintenir la pression pour que la FIFA et le Qatar respectent leurs engagements.

"Nous reconnaissons et saluons les progrès significatifs réalisés par le Qatar, notamment en ce qui concerne les droits des travailleurs migrants", expliquent les auteurs du texte, se référant à de récents rapports de l'Organisation internationale du travail ou d'Amnesty International. Ils saluent également les garanties liées à la sécurité et l'inclusion des supporters et supportrices sur place.

Le football comme instrument

Toutefois, "embrasser la diversité et la tolérance signifie également soutenir les droits humains", qui sont "universels et s'appliquent partout." Les fédérations affirment donc qu'elles continueront "à soutenir la dynamique en faveur d'un changement positif et progressif". Elles annoncent aussi que les capitaines de leur sélection porteront un brassard affichant le message "One love", symbole de lutte contre toutes les discriminations.

La lettre est signée par l'Allemagne, l'Angleterre, la Belgique, le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas, le Pays de Galles, le Portugal, la Suède ainsi que la Suisse. Dix associations qui travaillent ensemble depuis début 2021 dans le cadre d'un groupe de travail coordonné par l'UEFA au sujet des droits humains et des travailleurs au Qatar.

Interviewé lundi dans l'émission Forum, le président de l'ASF Dominique Blanc assume que ces associations souhaitent continuer d'"utiliser le football comme instrument pour faire avancer les droits humains". Il précise toutefois qu'il ne s'agit pas d'une déclaration de guerre à la FIFA. "C'est une déclaration d'intentions. Il faut le prendre comme ça."

"On peut comprendre que la FIFA invite à se concentrer sur le football, car il s'agit d'abord d'une compétition sportive pour les équipes", déclare-t-il. "Mais nous, on a pris des engagements il y a plus de deux ans en déclarant que le boycott était une mauvaise option, mais qu'on voulait utiliser la puissance de l'instrument du football pour contribuer à faire avancer les droits de l'Homme."

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Objectif commun

Par ailleurs, selon Le Temps, une délégation de la FIFA aurait récemment rendu visite à l'une des plus virulentes de ces dix associations européennes pour la "remettre au pas". Dominique Blanc affirme de son côté que l'ASF n'a pas subi de telles pressions. "Au contraire, la FIFA est d'accord avec nos engagements, dès le départ. C'est ce que l'on rappelle dans cette lettre commune."

Il se veut donc optimiste. "Aujourd'hui, les conditions à remplir en matière de développement durable, de droits de l'Homme et de règles pour les travailleurs sont beaucoup plus contraignantes qu'il y a douze ans. Et il est probable aussi que le passage de ce Mondial va encore influencer ce cahier des charges à l'avenir."

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Pierrik Jordan