Le président américain Joe Biden parle d'un "bon jour pour la démocratie"

>> Le suivi de la journée de jeudi : Les Etats-Unis dans l'attente de résultats qui vont déterminer l'équilibre du Congrès

Les observateurs électoraux internationaux de l'OSCE se sont inquiétés mercredi, au lendemain des élections américaines de mi-mandat, d'une "désinformation généralisée "visant à décrédibiliser le processus électoral qui a émaillé le scrutin, organisé cependant, ont-ils salué, de manière "professionnelle".

"Le refus virulent de certains d'accepter la légitimité du résultat de (l'élection présidentielle de) 2020 a eu un effet néfaste sur le discours public et a diminué la confiance dans le système", a souligné, lors d'une conférence de presse à Washington, Margareta Cederfelt, l'une des responsables des observateurs de l'OSCE.

Et ces "allégations de fraude sans fondement continuent d'avoir des conséquences graves, avec du harcèlement et des menaces à l'encontre des responsables électoraux", a-t-elle ajouté.

Plusieurs candidats républicains contestent la légitimité des résultats de l'élection présidentielle de 2020, et refusent de reconnaître la victoire du démocrate Joe Biden face à Donald Trump. Or, ceux qui ont été et seront élus "auront la responsabilité directe de superviser les futures élections dans leurs États", ont alerté les observateurs.

Ils ont aussi dénoncé des campagnes électorales "extrêmement polarisantes", soulignant que "la rhétorique incendiaire s'est accompagnée de clichés racistes et transphobes invoqués par certains candidats et commentateurs éminents".

Le président américain Joe Biden s'est félicité mercredi d'un "bon jour pour la démocratie" au lendemain des élections de mi-mandat où les démocrates ont résisté mieux que prévu face aux républicains.

"Nous avons eu une élection hier. Et ce fut un bon jour, je pense, pour la démocratie", a affirmé le président démocrate lors d'une conférence de presse à la Maison Blanche saluant un scrutin qui s'est déroulé "apparemment sans interférences".

"Alors que la presse et les experts prédisaient une vague rouge géante, cela ne s'est pas produit", a-t-il ajouté tout en reconnaissant "la frustration" de nombreux électeurs face à l'inflation notamment.

Le président américain Joe Biden a en outre redit "avoir l'intention" de briguer un second mandat en 2024, mais le confirmera "en début d'année prochaine".

Le dirigeant démocrate s'est finalement dit "prêt à travailler avec l'opposition républicaine", affirmant être ouvert à toutes les "bonnes idées".

Après avoir observé un silence peu habituel, l'ancien président Donald Trump s'est exprimé sur son réseau social Truth Social. "Si par certains aspects l'élection d'hier a été quelque peu décevante, de mon point de vue personnel, c'était une grande victoire", a-t-il soutenu.

L'Etat américain de Géorgie devra voter à nouveau en décembre pour désigner l'un de ses deux sénateurs au Congrès après qu'aucun des candidats n'a atteint mardi la barre des 50%, ont rapporté plusieurs médias américains.

Le sénateur sortant, le démocrate Raphael Warnock, sera de nouveau opposé le 6 décembre au républicain Herschel Walker dans un scrutin sans troisième candidat cette fois-ci, qui pourrait s'avérer décisif pour déterminer la majorité à la chambre haute du Congrès.

Les élections de mi-mandat devaient lui ouvrir un boulevard pour lancer sa candidature à la présidentielle de 2024. Au lieu de cela, la soirée électorale a été décevante pour Donald Trump, qui voit son principal rival républicain galvanisé par les résultats du scrutin.

L'ancien hôte de la Maison Blanche, qui s'était personnellement impliqué durant toute la campagne, rêvait d'une victoire écrasante de ses poulains, avant sa "très grande annonce" promise la semaine prochaine, préfigurant selon toute vraisemblance d'une candidature présidentielle.

Mais la "vague rouge" annoncée n'a pas déferlé sur le pays, bien que les républicains soient bien placés pour arracher la majorité à la Chambre des représentants - a priori d'une courte tête. Le contrôle du Sénat reste lui très incertain. Il s'agit en partie d'un désaveu pour l'ancien président Donald Trump, analyse Paul Valet, chercheur associé au Centre de politique de sécurité à Genève.

>> Les explications de La Matinale :

Reuters - Rebecca Noble

"Il y avait un effet de test de la part de Donald Trump pour son influence sur le Parti républicain (...) Un facteur a joué, ce sont les candidats personnellement sélectionnés et soutenus par Donald Trump. Ils ont peut-être eu un effet adverse sur les électeurs, notamment dans les Etats stratégiques, comme la Pennsylvanie ou le Michigan", explique le politologue dans Forum.

Mais il pondère ce que certains qualifient déjà de gifle pour le milliardaire: "Tout n'est pas encore joué. Il faut attendre décembre pour que tous les résultats soient comptés. Il faudra aussi voir quels sont les résultats au niveau local de tous les gens qui auront des positions d'influence sur les comptages électoraux en 2024. C'est là aussi que l'effort a été fourni par Donald Trump."

>> Ecouter l'intervention complète dans Forum de Paul Valet et Daniel Warner :

>> Ecouter aussi l'analyse de notre correspondant aux Etats-Unis Jordan Davis :

Longtemps indécis, le Wisconsin a réélu le républicain Ron Johnson, ont rapporté les chaînes CNN et ABC. Le score est désormais de 49 sièges aux républicains contre 48 pour les démocrates.

La composition finale du Sénat est suspendue à trois sièges: l'Arizona, le Nevada et la Géorgie, autant d'Etats où le comptage de ces voix pourrait nécessiter plusieurs jours.

Ecart minime aussi au Congrès

Peu après 17h00 (suisses), la chaîne NBC News projetait un total de 220 élus au Congrès pour le parti républicain, soit un gain de 11 élus par rapport à la législature précédente, contre 215 pour les démocrates. D'autres grands médias se montraient plus prudents.

>> Voir le sujet du 19h30 :

>> Voir aussi les explications de notre correspondant Gaspard Kühn :

La prochaine majorité au Sénat des Etats-Unis pourrait dépendre une nouvelle fois des électeurs de l'Etat de Géorgie, qui se dirigeait vers un second tour après les élections de mi-mandat à l'échelle nationale.

"Même si les responsables de comtés continuent leur travail minutieux de comptage des voix, nous jugeons qu'il est plus sûr de dire qu'il y aura un second tour ici en Géorgie pour le Sénat des Etats-Unis, prévu le 6 décembre", a déclaré sur Twitter Gabe Sterling, directeur des services du secrétariat d'Etat de Géorgie.

Après dépouillement de plus de 99% des bulletins, ni le sénateur démocrate sortant, Raphael Warnock, ni son adversaire républicain, Herschel Walker, ne semblent en mesure de passer la barre des 50% des suffrages nécessaire dans l'Etat pour décrocher une victoire au premier tour, selon les données d'Edison Research.

Un troisième candidat, le libertarien Chase Oliver, est crédité d'environ 2% des voix.

Alors que les républicains et notamment Donald Trump annonçaient une vague rouge, "ce n'est pas le cas", a relevé dans le 12h30 Nicole Bacharan, politologue spécialiste des Etats-Unis.

"Ce qui frappe avec ces élections, c'est que la démocratie américaine est bien vivante, parce que les citoyens se mobilisent et qu'ils croient encore à la possibilité de faire valoir leur point de vue par les urnes. Pour le moment la division s'exprime de manière pacifique", a-t-elle encore déclaré.

>> Son interview complète dans le 12h30 :

RTS

Plusieurs figures trumpistes radicales figurent au rang des perdants, notamment l'animateur de télévision Mehmet Oz, battu à la course au Sénat en Pennsylvanie ou Doug Mastriano, figure de l'extrême droite battu au poste de gouverneur dans le même Etat.

Les voix radicales ont pourtant marqué la campagne électorale au sein du Parti républicain. Selon des analyses de la presse américaine, la majorité des candidats républicains en lice lors de ces élections de mi-mandat ont nié ou remis en question le résultat de la dernière élection présidentielle.

>> Voir le sujet du 19h30 :

>> Ecouter aussi les explications de David Sylvan :

Certains Etats ont également organisé des référendums sur le droit à l'avortement et sur la légalisation du cannabis à titre récréatif.

Dans le Michigan, dans le Vermont et en Californie, les électeurs ont approuvé l'inscription du droit à l'avortement dans la Constitution de l'Etat. Ces résultats montrent, comme le disaient les sondages, que le droit à l'IVG est majoritairement soutenu par la population américaine.

Concernant la légalisation du cannabis à titre récréatif, les électeurs se sont montrés plus divisés: le Maryland et le Missouri ont dit oui, alors que l'Arkansas et le Dakota du Nord ont refusé.

>> Tous les détails dans le 12h30 :

Keystone - Darin Oswald/Idaho Statesman via AP

Les relations entre Moscou et Washington resteront mauvaises quels que soient les résultats des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, a souligné mercredi la présidence russe.

"Ces élections, dans le fond, ne peuvent rien changer. Nos relations sont mauvaises pour le moment et le resteront", a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, cité par les agences de presse russes.

Les relations russo-américaines traversent l'une des pires crises de leur histoire avec l'offensive du Kremlin en Ukraine, pays soutenu depuis massivement par l'administration du président américain démocrate Joe Biden à coups de livraisons d'armes et d'aides financières.

De plus, ces dernières années, le Kremlin est accusé d'encourager des opérations d'ingérence lors des élections aux Etats-Unis, notamment via des campagnes d'influence sur les réseaux sociaux.

>> Lire également : Le Russe Evgueni Prigojine admet des "ingérences" dans les élections américaines

Le visage du nouveau Congrès américain est encore flou mercredi au lendemain des élections de mi-mandat.

De nombreux sièges considérés comme décisifs restent à pourvoir, mais l'hypothèse d'une "vague rouge" qui assurerait aux républicains une majorité dans les deux chambres s'éloigne. Le parti, à qui l'on prêtait une percée de 10, 25, voire 30 sièges, se voit obligé de revoir ses ambitions à la baisse. "Ce n'est certainement pas une vague républicaine, ça c'est sûr", a estimé l'influent sénateur Lindsey Graham, un proche de Donald Trump, sur NBC.

>> Voir l'analyse de Gaspard Kühn dans le 12h45 :

Les républicains légèrement devant à la Chambre des représentants

Les républicains devraient néanmoins reprendre la majorité à la Chambre des représentants, ce qui leur permettrait de bloquer certains projets de l'administration Biden pendant les deux ans à venir avant la prochaine présidentielle.

Au dernier décompte, ils avaient gagné six sièges détenus auparavant par des démocrates selon les projections d'Edison Research, alors que cinq leur suffisent pour devenir majoritaires.

Les résultats peuvent encore évoluer puisqu'ils ne sont acquis que dans 13 des 53 circonscriptions les plus disputées selon l'analyse par Reuters des principales projections indépendantes, ce qui implique que l'issue finale pourrait se faire attendre pendant encore des heures, voire des jours.

Duel serré au Sénat

Pour le Sénat, des duels importants restent à trancher en Arizona, dans le Nevada, dans le Wisconsin et en Géorgie. Dans ce dernier cas, il faudra peut-être même un second tour le 6 décembre pour connaître le vainqueur.

Mais le camp du président a arraché aux républicains le siège le plus disputé de ce scrutin. La victoire en Pennsylvanie du démocrate John Fetterman, lors d'une soirée extrêmement tendue marquée par un laborieux dépouillement des suffrages, offre à Joe Biden l'espoir de conserver le contrôle de cette chambre.

Les deux camps du Congrès détenaient jusqu'à présent 50 sièges chacun au Sénat, la majorité du camp présidentiel n'étant assurée que par la voix de la vice-présidente, Kamala Harris.

>> Voir le point de la situation dans le 12h45 :

Les postes de gouverneurs aussi disputés

L'attention se porte aussi sur les élections aux postes de gouverneurs. En Floride, le gouverneur sortant, le républicain Ron DeSantis, a été réélu de manière triomphale. Cette étoile montante du camp conservateur est un possible prétendant à la Maison Blanche en 2024. Greg Abbott a également été réélu au Texas.

Mais sur ce terrain aussi, le camp démocrate n'est pas resté bredouille. Il a arraché deux postes aux républicains: dans le Maryland et le Massachusetts, où Maura Healey sera la première lesbienne à la tête d'un Etat.

Le parti du dirigeant démocrate de 79 ans s'est aussi épargné une grosse frayeur en conservant le contrôle de l'Etat de New York, où les républicains croyaient être en mesure de déloger la gouverneure Kathy Hochul.

Le camp démocrate n'a pas non plus dit son dernier mot dans l'Arizona, où le dénouement de la course entre la trumpiste Kari Lake, donnée favorite, et la démocrate Katie Hobbs reste inconnu.

>> Le point de la situation dans le 12h30 :

RTS - Anouk Henry

"Ron DeSantis et Donald Trump sont sur une ligne idéologique assez proche, très antisystème, très conservatrice sur tous les sujets moraux, une ligne qui n'hésite pas à remettre en cause certains fondements de la démocratie", détaille Mathieu Gallard. "Pour autant, Ron DeSantis a un certain nombre d'atouts, il donne l'impression d'être un candidat plus sérieux, plus compétent, et cela donne un atout pour les républicains pour 2024."

Pour le spécialiste, il est fondamental d'observer ce qui va se passer au Congrès d'ici 2024. "Est-ce que les républicains vont avoir les deux Chambres, ou seulement la Chambre des représentants? S'ils ont les deux Chambres, ils peuvent mettre en place un programme législatif, et il va falloir voir lequel et s'il convainc les Américains." Si les républicains n'ont que la Chambre des représentants, il va y avoir un blocage institutionnel à Washington, "comment les Américains réagiront à cela alors que le pays traverse une période économiquement et socialement difficile"?

>> Retrouver l'intégrale de la Matinale spéciale :

Au Sénat, les démocrates et les républicains sont toujours au coude-à-coude avec 48 sièges chacun. Son contrôle est désormais suspendu à quatre sièges: l'Arizona (actuellement 52% des votes dépouillés pour le démocrate Mark Kelly), la Géorgie (49,2% en faveur du démocrate Raphael Warnock), le Nevada (49,9% pour le républicain Adam Laxalt) et le Wisconsin (50,5% pour le républicain Ron Johnson).

Le comptage de ces voix pourrait nécessiter plusieurs jours.

"La présidence de Donald Trump a été véritablement une fracture pour le pays", admet l'historienne Esther Cyna. "L'assaut du Capitole est un traumatisme" qui peut expliquer pourquoi ces élections sont aussi suivies sur le plan international, "parce qu'on sait qu'il y a cet enjeu de démocratie".

"Pour la suite, des personnalités se détachent côté républicain avec Ron DeSantis en Floride et Greg Abbott au Texas, à la fois extrémistes dans leurs propos et leur communication, avec un côté trumpien, mais pas trumpiste, dans la mesure où il s'agit de personnalités qui peuvent faire concurrence directe avec Trump."

Pour Esther Cyna, on voit se dessiner ce paysage pour 2024, on constate que "la polarisation est loin de se réduire", avec des discours aux "antipodes côté démocrate et républicain". "D'ici 2024, ce gouffre ne risque pas d'être réduit."

>> Les explications d'Esther Cyna dans La Matinale:

"Il est encore trop tôt pour pouvoir dire quels groupes de population se sont particulièrement mobilisés", pointe Mathieu Gallard, directeur de recherche à l'Institut Ipsos, mais "les premiers résultats montrent que les démocrates se sont assez bien mobilisés", en tout cas pour des élections de mi-mandat dans lesquelles l'abstention est habituellement forte.

"La participation des démocrates et des républicains semble équivalente, alors que traditionnellement, ce sont surtout les électeurs mécontents vis-à-vis du parti du président qui se rendent aux urnes." La présence très forte de Donald Trump dans la campagne a "peut-être pu contribuer à mobiliser les démocrates", estime le spécialiste. "Elle a mobilisé la base des conservateurs, mais elle a également poussé ses adversaires à faire front contre lui."

Et de souligner que cela confirme des observations de 2020. "Donald Trump est à la fois une formidable machine à mobiliser la base conservatrice, mais aussi une formidable machine à faire mobiliser contre lui." En termes d'impact, "c'est ambivalent", et "vu les résultats un peu décevants pour les républicains, il va certainement y avoir une réflexion sur la stratégie et sur la personne à mettre en avant pour les élections de 2024, notamment avec le gouverneur de Floride brillamment réélu Ron DeSantis, qui pourrait vouloir concurrencer Donald Trump".

Alors que les espoirs républicains d'une "vague" au Congrès américain s'amenuisent, l'ambiance à la Maison Blanche s'est améliorée au fil des heures, des conseillers qui semblaient nerveux se montrant plus souriants et évoquant de premiers résultats meilleurs qu'attendu.

Joe Biden lui-même a publié sur Twitter une photo le montrant félicitant par téléphone certains nouveaux élus.

Pour Mathieu Gallard, directeur de recherche à l'Institut Ipsos, la progression des républicains à la Chambre des représentants est relativement limitée, passant de 212 sièges actuellement à 225 selon les projections. "Lors des premières élections de mi-mandat de Barack Obama en 2010, les républicains avaient progressé de plus de 60 sièges. Lors des élections de mi-mandat de 1994, les premières de Bill Clinton, les républicains avaient progressé de plus de 50 sièges. On est très loin de ces niveaux-là." Pour le spécialiste, ce n'est "pas du tout une vague rouge", mais une "vaguelette".

Mathieu Gallard estime que cette élection est décevante pour le Parti républicain pour plusieurs raisons. "Donald Trump a fait campagne pour un certain nombre de candidats qui sont positionnés sur des thématiques et un vocabulaire extrémistes et dont une part avait peu d'expérience politique, ce qui peut gêner des électeurs indécis ou modérés."

Il met également en avant la question de l'avortement: "Au cours de la campagne, il semblait que ce sujet était un peu passé au second plan, mais en fait non. Les référendums sur le sujet, même dans des Etats très conservateurs, montrent que les partisans du droit à l'avortement l'emportent, même parfois assez nettement." Et le spécialiste de souligner aussi que les sondages aux sorties des urnes montrent que le droit à l'avortement était important pour les électeurs, presque au même niveau que l'inflation.

"Tout cela peut expliquer ce résultat en demi-teinte pour les républicains", conclut-il.

>> L'intervention de Mathieu Gallard dans La Matinale :

A 9h, les démocrates et les républicains étaient toujours au coude-à-coude pour les élections au Sénat, avec 48 sièges chacun. Les démocrates ont toutefois ravi un siège républicain en Pennsylvanie.

Le contrôle du Sénat est donc désormais suspendu à quatre sièges: l'Arizona, la Géorgie, le Nevada et le Wisconsin. Le comptage de ces voix pourrait nécessiter plusieurs jours.

A la Chambre des représentants, les républicains sont pour l'instant assurés d'obtenir 195 sièges, contre 174 pour les démocrates. Pour l'heure, les républicains ont ravi 8 sièges aux démocrates, contre 3 dans le sens inverse.

La démocrate Maura Healey est devenue la première gouverneure ouvertement lesbienne aux Etats-Unis, élue dans l'Etat du Massachusetts.

S'adressant à la communauté LGBTQ, elle a lancé: "J'espère que ce soir vous montre que vous pouvez être tout ce que vous voulez. Ce soir nous avons fait quelque chose d'historique."

>> Son discours :

"L'impact de l'avortement a été insuffisant pour les démocrates sur cette campagne", estime la spécialiste des Etats-Unis Françoise Coste dans La Matinale. "Malgré la décision de la Cour suprême en juin, et la tentative des démocrates d'utiliser la thématique pour faire campagne, les républicains ont réussi à imposer le thème de l'inflation de manière majoritaire."

L'historienne reconnaît que les démocrates ont su mobiliser leur électorat pour défendre le droit à l'avortement, mais souligne également qu'ils ont eu de la peine à convaincre de manière transpartisane, notamment les femmes.

"Sur le plan national, au minimum 60% de la population est favorable au droit à l'avortement", rappelle la spécialiste. "Le Parti républicain est donc en rupture avec la position majoritaire. Mais cela ne semble pas interpeller les gens plus que ça: en Floride, en Géorgie, au Texas, on vote pour des candidats qui ont d'ores et déjà interdit le droit à l'avortement dans leurs Etats. Là, il y a une polarisation des Etats-Unis: à l'évidence, dans certains Etats, la population a fait son deuil du droit à l'avortement", conclut la spécialiste.

>> Voir son analyse dans La Matinale :

"Le grand pari de Trump sur l'Arizona n'est pas encore gagné", souligne dans La Matinale Françoise Coste, historienne et spécialiste des Etats-Unis. L'ancien président visait en effet à faire élire Kari Lake au poste de gouverneur en Arizona.

De plus, le sénateur démocrate sortant a été facilement réélu en Arizona. "Couplé avec le résultat éclatant de Ron DeSantis en Floride, le grand adversaire à venir dans les primaires républicaines pour 2024, cela montre que le grand pari de Trump sur l'Arizona n'est pas encore réussi." Et l'historienne de conclure: "Et s'il réussit, ce sera de manière très serrée."

Un avis partagé par Eric Lisann, ancien procureur fédéral aux Etats-Unis. Le discours sur l'"élection volée" de Joe Biden n'a pas l'air d'avoir eu autant d'écho qu'espéré par Donald Trump et les républicains en Arizona, et pour Eric Lisann, il s'agit d'un "bon signe", parce que les électeurs de cet Etat sont "historiquement plus à droite que le reste du pays".

"Ils n'ont pas acheté cette théorie de complotisme. C'est une première étape, mais les choses peuvent encore changer jusqu'en 2024." Pour l'ancien procureur, cette élection montre qu'il y a "peut-être un certain nombre de républicains qui sont prêts à tourner la page de Donald Trump".

Dans cette élection de mi-mandat, comme dans l'élection présidentielle de 2024, ce qui se joue, c'est "la démocratie elle-même". "Est-ce qu'on va faire confiance à ces procès sur les élections, est-ce qu'on va croire en la justice? Il y a peut-être des raisons pour de l'optimisme."

>> Voir l'intégrale de l'émission spéciale de La Matinale :

Plus de 20 points de retard pour le candidat démocrate au poste de gouverneur sur le gouverneur sortant Ron DeSantis en Floride, "c'est une catastrophe pour les démocrates", admet Eric Lisann, ancien procureur fédéral aux Etats-Unis.

"Mais c'est également un problème pour le Parti républicain, parce que pour 2024, cela risque d'opposer Ron DeSantis et Donald Trump pour l'investiture, les deux se détestent."

Pour l'ancien procureur fédéral aux Etats-Unis Eric Lisann, "globalement, et vu dans un contexte historique, c'est une énorme victoire pour les démocrates".

Admettant que cela ne se verra pas sur le plan politique si les démocrates perdent le pouvoir dans au moins une des deux chambres du Congrès, il rappelle que dans un contexte historique, normalement, "le parti qui tient le pouvoir à la Maison Blanche perd énormément dans ces élections de mi-mandat. Là, ce n'est quasiment pas le cas. Biden et ses collègues du Parti démocrate vont regarder cela comme une grande bouffée de vent derrière eux, également pour les actions en justice qui vont quasiment certainement arriver dans les semaines à venir".

L'ancien procureur souligne que même si les démocrates perdent le contrôle de la Chambre des représentants, ce sera pour quelques sièges, ce qui représente des dégâts très limités.

"On n'est pas face à une vague rouge" des républicains, explique l'historienne et spécialiste des Etats-Unis Françoise Coste dans La Matinale. "A cette heure, on la verrait déjà."

Et Françoise Coste de rappeler qu'en 2010, à la même heure, Barack Obama faisait face à une vague républicaine plus importante. "Pour Biden, c'est mieux que pour Obama et ses premiers midterms en 2010."

"On est dans un pays très divisé. On l'oublie, mais Joe Biden a eu un bon début de mandat, deux bonnes premières années. Il a été un président très transformatif", rappelle l'historienne. Elle cite notamment la gestion de la crise du Covid, avec la campagne de vaccination, mais aussi le climat, les dépenses pour les infrastructures, sur la santé. "Il a fait beaucoup de réformes qui ont aidé les Américains, mais c'est comme si rien ne comptait".

"Les Américains républicains, quoi qu'il se passe, vont voter pour les républicains, les Américains démocrates vont voter pour les démocrates." Pour Françoise Coste, il y a une "déconnexion entre la réalité politique et la polarisation partisane". "C'est un peu désespérant, et surtout inquiétant pour la suite et pour la présidentielle de 2024."

"Ce n'est certainement pas une vague républicaine, ça c'est sûr", a également estimé l'influent sénateur Lindsey Graham, un proche de Donald Trump, sur NBC.

>> Voir l'intervention de Françoise Coste dans La Matinale :

Les démocrates ont remporté mercredi matin un siège potentiellement déterminant pour le contrôle du Sénat, avec la victoire de John Fetterman en Pennsylvanie face à un candidat trumpiste, selon les chaînes américaines Fox News et NBC.

Colosse chauve fragilisé par un AVC subi en mai, John Fetterman affrontait le chirurgien superstar Mehmet Oz, dans l'un des duels les plus scrutés des élections de mi-mandat.

Le siège, jusque-là occupé par un républicain, pourrait être décisif pour le contrôle de la chambre haute et donc pour le reste du mandat de Joe Biden.

Natif de Pennsylvanie, John Fetterman a été maire de 2006 à 2019 de Braddock, ancienne ville industrielle tombée dans la décrépitude avec le déclin de la production d'acier, dont il a le code postal tatoué sur le bras.

Ce progressiste au crâne rasé, qui fut qualifié de maire "le plus cool" du pays, a tenté de faire revivre la localité avec des programmes d'aide pour les jeunes et des espaces verts.

Ses opposants l'accusent de se donner des airs d'homme du peuple avec ses éternels sweats à capuche, lui qui reconnaît avoir grandi dans une famille plutôt aisée et qui a un diplôme de la prestigieuse université Harvard.

Plusieurs dizaines de machines de vote électronique ont subi des dysfonctionnements mardi en Arizona, l'un des Etats clés des élections de mi-mandat aux Etats-Unis, incitant immédiatement l'ancien président Donald Trump et ses partisans à dénoncer des irrégularités électorales imputables aux démocrates.

Dans le comté de Maricopa, le plus peuplé d'Arizona, un responsable du scrutin a dit à la presse après quelques heures de vote qu'environ 20% des machines fonctionnaient mal, et que des techniciens étaient mobilisés pour les réparer. Il a assuré que tous les votes seraient pris en compte en dépit de ce problème.

Joe Biden s'est imposé de justesse dans l'Arizona lors de l'élection présidentielle de novembre 2020, avec une avance de 12'000 voix, et l'Etat est au coeur des fausses accusations de Donald Trump.

Le démocrate Josh Shapiro a été élu mardi gouverneur de la Pennsylvanie, selon les projections de l'institut Edison Research, emportant la victoire sur son adversaire républicain, Doug Mastriano.

Doug Mastriano avait répété les allégations de fraude électorale invoquées par Donald Trump après l'élection présidentielle de 2020, et était présent lors de l'assaut du 6 janvier 2021 contre le Capitole.

Les démocrates sont parvenus mardi à conserver le siège disputé de gouverneur de l'Etat de New York, un de leurs bastions, selon des médias américains. Ce poste a pourtant été le théâtre d'une course plus serrée qu'attendu.

La gouverneure sortante Kathy Hochul, qui avait remplacé à l'été 2021 le puissant chef de l'exécutif local Andrew Cuomo parti en raison d'un scandale sexuel, a battu son adversaire républicain Lee Zeldin, d'après les chaînes ABC et NBC.

Voir le détail des résultats par Etat:

La très populaire figure de l'aile progressiste du Parti démocrate Alexandria Ocasio-Cortez a été réélue sans problème à la Chambre des représentants dans le 14e district de New York. À 33 ans, elle obtient ainsi un second mandat de députée.

Le républicain J.D. Vance, récemment adoubé par l'ex-président Donald Trump, a été élu sénateur de l'Ohio, selon les estimations de médias américains.

Cet ancien militaire, auteur d'un livre à succès sur la classe moyenne blanche, remporte ainsi un siège laissé vacant par un républicain face au démocrate Tim Ryan. Il s'agit d'une première déception de taille pour le président Joe Biden, alors que l'Ohio s’ancre ainsi un peu plus du côté républicain après les victoires de Trump en 2016 et 2020.

Dans le même Etat, Jim Jordan, un trumpiste radical, a été réélu à la Chambre. Il avait refusé de certifier l'élection présidentielle de 2020.

En Géorgie, l’élue d’extrême droite Marjorie Taylor Greene a été réélue à la Chambre des représentants. Fervente soutien de Donald Trump et adepte du mouvement conspirationniste QAnon, elle s'est fait connaître au cours de son premier mandat pour ses propos racistes et antisémites et sa rhétorique nourrie de théories du complot.

En Floride, c'est Matt Gaetz, l’un des républicains pro-Trump les plus radicaux, qui a également été réélu à la Chambre, tandis qu'en Arkansas, Sarah Huckabee Sanders, ancienne porte-parole et fidèle de Trump, a été élue gouverneure. Elle est par ailleurs devenue la première femme à la tête de l’Etat.

Alors que les résultats tombent au compte-goutte, la course au Congrès reste extrêmement serrée entre républicains et démocrates, selon le New York Times. En particulier, les résultats pour le Sénat de l’Arizona, du Nevada, de la Pennsylvanie, de la Géorgie et du Wisconsin ne seront sans doute pas connus avant mercredi aux Etats-Unis.

Les démocrates vendent chèrement leur peau dans ces élections de mi-mandat qui semblaient pourtant promises - selon les sondages - aux républicains, dans un contexte de forte inflation et de défiance envers le président Joe Biden.

L'institut Edison Research estime que cinq sièges détenus auparavant par les démocrates ont basculé côté républicain à la Chambre, soit le nombre nécessaire au "Great Old Party" pour y obtenir une majorité. Mais ce nombre de sièges pourrait encore changer, et les résultats et estimations préliminaires semblent montrer que les démocrates éviteraient le désastre que beaucoup redoutaient.

Les républicains ont d'ores et déjà récupéré deux sièges démocrates à la Chambre des représentants en Floride. Mais dans les Etats brûlants de Virginie, du New Hampshire, de Rhode Island et d'Indiana, les élections restaient largement incertaines, tandis que dans la course à la majorité au Sénat, le démocrate Michael Bennet a remporté une victoire importante au Colorado.

"Ce n'est pas la nuit espérée par les républicains", commente ainsi le journaliste Nate Cohn pour le New York Times. "Le parti est sous-performant à peu près partout en dehors de la Floride. Les démocrates ont même commencé à améliorer leurs chances de conserver la Chambre des représentants."

A 65,3% des voix, les habitantes et les habitants du Maryland se sont prononcés pour la légalisation de la marijuana à des fins récréatives.

Une telle légalisation était également soumise à référendum dans quatre autres Etats, l'Arkansas, le Missouri, le Dakota du Nord et le Dakota.

Le Vermont protège le droit à l’avortement

Plus des deux tiers des électeurs du Vermont, petit Etat du Nord-Est des Etats-Unis, ont voté en faveur d’un amendement à la loi fondamentale sur le droit à l’IVG.

La Californie, le Michigan, le Kentucky et le Montana se prononcent également sur l'avortement.

Désormais, seuls trois Etats votent encore aux Etats-Unis: la Californie, l’Etat de Washington et l’Alaska. Les bureaux de vote de l’Alaska seront les derniers à fermer à 20h00 (local, 6h00 en Suisse).

La lutte pour le contrôle du Sénat restait largement incertaine mardi matin à 4h00 (heure suisse), alors que la majorité des bureaux de vote étaient fermés dans plus de la moitié des 50 Etats américains.

Les premiers résultats et projections ne remettent pas en cause l'équilibre actuel, les démocrates obtenant pour l'heure 40 sièges, tout comme les républicains. La majorité pourrait dépendre de quatre scrutins clés en Arizona, en Géorgie, dans le Nevada et en Pennsylvanie.

Selon des derniers résultats, les démocrates Michael Bennet et Christopher Van Hollen sont en voie d'être bien élus respectivement dans le Colorado et le Maryland, tandis que le républicain John Hoeven va dérocher un troisième mandat dans le Dakota du Nord.

Le chef de la majorité démocrate au Sénat, Chuck Schumer (Etat de New York) et son homologue républicain John Thune (Dakota du Sud) ont également été reconduits.

L'ancienne porte-parole de Donald Trump à la Maison Blanche, Sarah Huckabee Sanders, a été élue gouverneure de l'Etat très républicain de l'Arkansas, selon les projections de médias américains.

Elle était donnée favorite face au démocrate Chris Jones dans cet Etat dont son père fut gouverneur de 1996 à 2007.

Pendant sa campagne, Sarah Sanders, 40 ans, a fustigé le président Joe Biden et ses politiques de "gauche radicale", en évoquant l'inflation galopante, "les frontières ouvertes" et "la hausse de la criminalité violente". Elle s'est dite prête à "rejoindre la coalition des gouverneurs conservateurs forts qui défendent notre liberté".

En tant que porte-parole à la Maison Blanche, elle a été critiquée pour ses approximations et ses contre-vérités dans ses interactions parfois tendues avec les journalistes.

Dans le Massachusetts, la gouverneure démocrate nouvellement élue - selon les projections d'Associated Press - Maura Healey est devenue la première femme ouvertement lesbienne élue à ce poste aux États-Unis.

Par ailleurs, l'élection de Kim Driscoll au poste de "lieutenant-gouverneur", soit une suppléante au poste de gouverneure, constitue aussi une première: c'est la première fois que deux femmes occupent ces deux postes simultanément.

Dans le Maryland, le démocrate Wes Moore empoche l'élection et devient le premier gouverneur afro-américain de l’Etat.

Le républicain Ron DeSantis a été réélu mardi gouverneur de Floride. Il est considéré comme un potentiel rival de Donald Trump pour l'investiture républicaine à la présidentielle de 2024.

Etoile montante de la droite dure, ce quadragénaire s'est imposé sans surprise face à l'ex-gouverneur Charlie Crist, un ancien républicain qui avait changé de parti. "Nous n'avons pas seulement gagné la réélection, nous avons redéfini la carte politique", s'est réjoui Ron DeSantis mardi soir, après l'annonce des résultats.

Ron DeSantis a récemment fait polémique en revendiquant l'envoi d'avions de migrants vers Martha's Vineyard, île huppée du nord-est des Etats-Unis. Il avait ainsi rejoint un mouvement lancé par les gouverneurs républicains du Texas et de l'Arizona visant à envoyer des migrants vers les villes démocrates du nord et de l'est du pays. Très engagé sur les sujets d'éducation, le républicain a aussi signé cette année une loi interdisant d'enseigner des sujets en lien avec l'orientation sexuelle ou l'identité de genre à l'école primaire.

>> Pour en savoir plus : Les déplacements de migrants sont au coeur d'une bataille politique aux Etats-Unis et En Floride, une loi interdit l'enseignement en lien avec l'orientation sexuelle ou l'identité de genre

>> En Floride, une loi interdit l'enseignement en lien avec l'orientation sexuelle ou l'identité de genre

Les républicains ont remporté mardi une autre victoire dans cet Etat clé, le sénateur Marco Rubio conservant son siège. La Floride semble ainsi confirmer son ancrage républicain, une mauvaise nouvelle pour les démocrates à l'approche de l'élection de 2024.

Mais le camp démocrate ne reste pas bredouille en Floride. Maxwell Frost est devenu, à 25 ans, le premier membre de la "génération Z" à accéder au Congrès américain, en remportant un siège à la Chambre des représentants, selon plusieurs médias américains.

Ce jeune Afro-Américain, élevé par une mère adoptive d'origine cubaine, tranchera à la chambre basse, où l'âge moyen est de 58 ans

Après le Kentucky, les bureaux de vote ont fermé dans le reste de l'Indiana ainsi qu'en Géorgie, en Caroline du Sud, dans le Vermont, en Virginie et dans certaines circonscriptions de Floride.

Un premier résultat se dessinait en Caroline du Sud, où le sénateur Tim Scott, unique sénateur républicain afro-américain, serait réélu face au candidat démocrate, selon une projection de CNN.

Dans le Kentucky, le républicain Rand Paul conserverait son siège de sénateur.

Dans le Vermont, le candidat démocrate Peter Welch, qui siège actuellement à la Chambre des représentants, remporterait l'élection au Sénat.

Les premiers bureaux de vote ont fermé à 18h00 (minuit en Suisse) au Kentucky et dans une grande partie de l'Etat de l'Indiana. Il faudra désormais attendre de longues heures, voire plusieurs jours par endroits, pour déterminer la couleur du prochain Congrès à Washington.

Un premier sondage de sortie des urnes confirme que l'avortement et l'inflation figuraient parmi les principales préoccupations de la population américaine lors de ce scrutin.

>> Retour sur le suivi de la journée de mardi : Les bureaux de vote ferment pour des élections cruciales pour l'administration Biden