Ce repli, décidé après le déplacement de quelque 115'000 habitants de la région de Kherson par les forces d'occupation russes, sonne comme une cinglante défaite pour Moscou, déjà contraint d'abandonner la région de Kharkiv (nord-est) en septembre. Il constitue aussi un important revers car la ville de Kherson a constitué la principale prise russe de cette guerre.
"Procédez au retrait des troupes", a ainsi déclaré le ministre russe de la Défense Sergueï Choïgou lors d'une réunion retransmise à la télévision avec le commandant des opérations russes en Ukraine, le général Sergueï Sourovikine, qui venait de faire cette recommandation tout en admettant qu'il s'agissait d'une décision "pas du tout facile" à prendre.
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La région de Kherson est d'autant plus stratégique que son territoire est frontalier de la Crimée, péninsule ukrainienne annexée par Moscou en 2014. L’alimentation en eau potable de la Crimée dépend d'ailleurs de cette région.
Le retrait russe démontre donc que, face à la contre-offensive ukrainienne, les forces de Moscou ne sont pas en mesure de conserver la ville. Il intervient aussi alors que Vladimir Poutine avait justement ordonné le 21 septembre la mobilisation de quelque 300'000 réservistes pour consolider les lignes russes.
Réorganisation russe
Une autre interprétation, c’est que l’armée russe, qui doit défendre un front qui s’étend sur un millier de kilomètres, veut profiter de la défense naturelle que constitue le Dniepr pour économiser ses forces durant l’hiver. Selon le général Sourovikine, la Russie va réorganiser sa ligne sur l'autre rive du fleuve, qui constituera une barrière naturelle face à l'avancée ukrainienne.
Avant de proposer le retrait, il a aussi justifié la nécessité du retrait par sa volonté de protéger les vies des soldats russes, et accusé les forces ukrainiennes de bombarder des civils.
Protéger "la vie de chaque soldat russe"
"Nous résistons avec succès aux tentatives d'assauts de l'adversaire", a-t-il assuré, revendiquant avoir tué ou blessé 9500 soldats ukrainiens et soutenant que les pertes russes étaient sept ou huit fois moindres. "Nous pensons avant tout à la vie de chaque soldat russe", a-t-il dit.
Sur les réseaux sociaux, des témoignages glaçants de soldats russes se multiplient pour affirmer que leurs officiers les utilisent comme de la chair à canon. Des informations démenties par le ministère de la Défense russe.
furr avec afp
Prudence du côté ukrainien
Kiev a dit mercredi ne voir "aucun signe" à ce stade de retrait des forces russes de Kherson, principale ville occupée par les Russes depuis le début de son invasion et cible depuis plusieurs semaines d'une contre-offensive de l'armée ukrainienne.
"Nous ne voyons aucun signe que la Russie quitte Kherson sans combattre. Une partie des (troupes) russes est maintenue dans la ville" du sud de l'Ukraine, a déclaré un conseiller de la présidence, Mykhaïlo Podoliak, fustigeant "des déclarations télévisées mises en scène" de Moscou.