Les élections de mi-mandat devaient ouvrir un boulevard à Donald Trump pour lancer sa candidature à la présidentielle de 2024. L'ancien président, qui s'est personnellement impliqué durant la campagne, rêvait d'une victoire écrasante de ses poulains avant sa "très grande annonce" promise la semaine prochaine, à savoir sa possible candidature présidentielle.
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Mais la "vague rouge" annoncée n'a pas déferlé, bien que les républicains soient partis pour arracher d'une courte tête la majorité à la Chambre des représentants. Le contrôle du Sénat, lui, reste très incertain.
Donald Trump en perte de vitesse à l'interne
"Si, par certains aspects, l'élection d'hier a été quelque peu décevante, de mon point de vue personnel, ça a été une grande victoire", a pourtant soutenu Donald Trump mercredi sur son réseau Truth Social.
Il faudra attendre les résultats définitifs, tant à la Chambre des représentants qu'au Sénat, pour dresser un bilan plus précis. Mais "Donald Trump apparaît en tout cas en perte de vitesse en interne face à un rival", constate Corentin Sellin jeudi dans l'émission Tout un monde de la RTS.
Ce professeur agrégé d’histoire souligne qu'il y avait longtemps que l'ancien président n'avait pas été contesté, défié, au sein du Parti républicain. "Or, avec ces élections de mi-mandat a émergé une autre grande figure possible pour les républicains, celle de Ron DeSantis, réélu triomphalement dans le troisième Etat de l'Union."
Le gouverneur de Floride "renforcé"
Et le gouverneur de Floride "sort incontestablement renforcé", poursuit celui qui livre des analyses régulières sur le site lesjours.fr. "Il y a évidemment des candidats trumpiens qui ont gagné, mais moins que ce qu'on attendait. Donc, forcément, l'optique est très mauvaise pour Trump. Face à un DeSantis triomphant, lui est vraiment en demi-teinte."
Beaucoup plus radical, le New York Times parle de l'ancien président comme d'un "loser", injure suprême pour Donald Trump.
Le début d'une émancipation républicaine?
C'est peut-être, en tout cas, le début d'une émancipation du Parti républicain par rapport à son chef de file. "Ce qui est remis en cause, surtout, c'est la façon dont il a choisi et investi, à l'intérieur du Parti républicain, des candidats qui parfois n'étaient clairement pas au niveau", note Corentin Sellin. "Il a parfois soutenu des candidats bien trop extrémistes (…) dont certains ont été balayés".
Le Parti républicain va difficilement pouvoir éviter l'affrontement Trump-DeSantis. "On ne sait pas si Donald Trump se retirera, mais ce qui est certain c'est que Ron DeSantis veut y aller", souligne-t-il.
"L'affrontement paraît inéluctable"
Ron DeSantis "est un homme qui a ce projet présidentiel depuis très longtemps (…) Et Donald Trump, de manière très brutale, a commencé à essayer de l'en dissuader, de le menacer. Il est inquiet, il voit bien qu'il y a une menace. Donc l'affrontement paraît inéluctable et il remet en cause les projets à court terme de Trump. Son plan, c'était une vague rouge, un triomphe républicain, et dans la foulée sa candidature à la présidentielle. Evidemment, ce n'est plus du tout le cas".
Le professeur met cependant en garde: "DeSantis est un conservateur tout aussi radical que Trump, mais avec une voie d'accès au pouvoir et une méthode radicalement différentes. C'est la méthode qui sépare les deux hommes, ce ne sont pas foncièrement les idées."
Signe que Donald Trump voit en ce républicain de 44 ans un important rival, il s'est fendu mercredi d'un commentaire acide sur son réseau social: "Est-ce qu'il ne faudrait pas dire qu'en 2020, j'ai eu 1,1 million de votes de plus que Ron D cette année?"
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey
Adaptation web: oang
"Le pire est passé" pour Joe Biden
Président impopulaire, Joe Biden a cependant moins perdu que prévu lors de ces élections de mi-mandat.
"Sa popularité est un petit peu remontée ces dernières semaines et ça a pu jouer". Le résultat des élections "lui donne un répit", relève Corentin Sellin.
"Le récit républicain d'un président vieillissant, sénile, et qui serait bientôt face à deux chambres ingouvernables, s'éloigne", remarque l'analyste.
"Cela lui permet de reprendre sa position de président chargé en particulier de la politique étrangère", ajoute-t-il. "Le pire est passé, même si ce qui vient ne sera pas forcément rose. Au moins, il évite le récit le plus catastrophique pour lui."